Le succès c’est pas sexy

Hey, les filles… le succès c’est pas sexy !  Si vous voulez draguer un mec dans un bar, surtout ne lui dites pas que vous êtes diplômée de Sciences Po et consultante à 3000 Euros par mois. D’ailleurs il paraît que sur les sites de rencontre, les femmes très diplômées ont plus de mal à trouver un mec que celles qui exercent des métiers plus « traditionnels » (métiers du social ou du soin par exemple).

Et si jamais vous réussissez à vous caser, sachez-le : si vous gagnez plus que votre mec, votre relation n’a que peu de chances de durer. C’est L’Expansion qui le dit. Le pauvre petit se sentira humilié, bafoué dans sa virilité …et le risque qu’il vous trompe est cinq fois plus élevé !

Bon, si vous êtes dans ce cas (après tout c’est quand même le cas de 24% des femmes selon une enquête de l’INSEE), pas de panique, le New York Times a recueilli pour vous quelques conseils. Par exemple, payez pour les dépenses invisibles, comme les vacances, mais laissez-le sortir sa carte de crédit en public pour payer le resto (« ça lui évitera de passer pour un gigolo »).

Enfin bref, vous l’avez compris, “les hommes ne veulent pas que leur femme ait du succès. Ils veulent qu’elle les admire. C’est important pour eux que la nuit, elle soit pleine d’énergie, qu’elle ne passe pas son temps au lit à jouer avec son BlackBerry » (merci le NYT pour cette brillante analyse). Les femmes qui échappent aux rôles féminins traditionnels (fille à papa, papillon romantique, mère poule, objet sexuel) doivent se livrer à des contorsions sans fin pour maintenir intactes les apparences ; épargner la fierté millénaire du mâle soutien de famille…Sous peine de perdre l’amour de son partenaire (preuve s’il en est de la place centrale que jouent toujours les rapports de domination et les stéréotypes de genre, jusque dans les relations de couple et le sentiment amoureux).

Alors, les femmes trop ambitieuses sont-elles condamnées à la solitude et à la frustration ?  Dans son best seller féministe Backlash, Susan Faludi rappelle que cette assertion constitue une constante du discours antiféministe. On reproche au féminisme d’avoir produit une génération de femmes malheureuses, sans mari ni enfants, qui perdraient par ambition la possibilité d’accéder à ce qui les épanouirait réellement : la vie de famille. Car ne l’oubliez jamais, les femmes sans mari ni enfants sont des monstres de foire ! Voilà ce qu’on appelle un discours disciplinaire… et performatif.

Par Eve
Publié le 6 septembre 2011 sur Le mauvais genre

6 Comments

  • Marie-Élaine
    10 janvier 2012

    Cet article offre une perspective très hétéronormative, mais néanmoins intéressante sur la question du succès professionnel des femmes. Je serais curieuse d’entendre des femmes queer sur la question – à savoir si leur salaire ou leur métier nuit ou profite à leur recherche de partenaire…

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  • Catherine
    10 janvier 2012

    Arrivé à une amie dans un bar, qui se fait abordée par un gars:

    Gars (deux verres à la main, en tendant un à l’amie en question): Salut, tu fais quoi dans la vie?

    Amie: Étudiante au doctorat en neuropsychologie.

    Le gars ne dit rien, reprend son verre et s’en va sans dire un mot.

    Quelques commentaires:

    1) Pourquoi poser une question si la réponse ne nous intéresse pas de toute façon?

    2) L’amie aurait-elle eu droit à son verre si elle avait donné une autre réponse?

    3) C’est quoi, la bonne réponse? « Je viens de finir mon cours d’esthétique mais je me cherche soit une job soit un mec qui gagne plus que moi » ou encore « Je fais une job super intéressante mais c’est pas pertinent anyways si on est pour avoir un one-night stand »

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  • Berenice
    11 janvier 2012

    Ben alors, tu vois bien que tu les connais les « bonnes » réponses… de quoi tu te plains puisque tu sais ce qu’il faut dire?
    Trêve de plaisanterie, au moins ça permet de faire un pré tri des connards bas du front avec un complexe d’infériorité et sans doute, l’impuissance sexuelle qui va généralement avec. Faut positiver hein ^^

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  • Eve
    22 janvier 2012

    Oui en effet, suite à votre commentaire je me rends compte que mon article est très hétéronormé ! Je serais très intéressée moi aussi par un point de vue queer sur la question !

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  • Audrey
    6 mars 2012

    Je ne vois pas ou est le problème.

    Mon père a une 12eme année et travaillait comme livreur d’épicerie chez Steinberg a 14 ans.

    Il a fini par lâché l’épicerie pour devenir policier.

    A l’époque il gagnait moins dans la police que livreur. Mais il avait le feeling que c’était une job plus stable et d’avenir. (Instinct?)

    Ma mère est avocate. Son bac a l’université de montréal, quelque cours de maitrise a l’uqam.

    Mes parents ont toujours vécu cette différence avec brio. Ma mère était très intellectuelle alors que mon père est pratique.

    Mon père ne s’est jamais senti diminuer parcequ’il n’a jamais vu son éducation comme un échec.

    J’ai aussi une éducation «  » »supérieur » » » a celle de mon conjoint.

    Je trouve que c’est un bon repousse-macho. =D

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  • Arichan
    6 mars 2012

    L’article a un petit biais européen…non? Il me semble qu’au Québec, on entend moins le discours du salaire de la femme vs celui de l’homme (peut-être et-ce simplement que l’argent, c’est très tabou ici). Je me trompe?

    Ma mère est féministe, 3 maîtrises (oui!) et un très bon salaire. Mon père a un baccalauréat et gagne un peu moins que ma mère. Leur union dure depuis un quart de siècle et ils sont heureux.

    Je vois par contre souvent la mentalité « c’est l’homme qui paye » quand je vais au restaurant. Pas de ma part, mais de celle des serveurs. Combien de fois suis-je sortie au resto avec un ami, pour finalement créer un moment de malaise quand le serveur n’apporte qu’une facture au dessert, sans nous avoir demandé?
    Trois réactions possibles:
    -L’ami se sent obligé et malaisé, il va payer seul même si je lui offre de payer la moitié.
    -L’ami demande tout de suite au serveur « Deux factures! », et le serveur s’excuse.
    -Je prends la facture et je la paie; arrivé une fois à l’anniversaire de mon chum, dans un resto chic, et le serveur a fait une blague déplaisante quand j’ai sortie ma carte…

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