Quand Vénus et Mars trépassent

« Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus ». Cet adage dont les féministes se méfient comme de la peste provoquait toujours chez moi un certain malaise car même si profondément essentialiste et détestable, je le voyais partout à l’œuvre autour de moi. Cette conférence à l’école de AGROPARISTECH arrivait à point nommé. 

La génération de nos parents est encore inscrite dans le schéma classique hétérosexuel comme le décrit Monique Wittig,  c’est à dire l’appropriation de la femme à des fins de reproduction menant à tous ses dérivés : à la femme les tâches domestiques (en plus du travail salarié), à l’homme la carrière professionnelle. En parallèle, je me suis aperçue, en interrogeant mes amis et amies au cours de différentes conversations de l’ordre intime et familial, que très souvent, des traits de caractère d’un certain type s’appliquaient à la mère,  tandis que d’autres, d’un type différent, régissaient le comportement du père.

Je constatais lors de ces discussions, que ces valeurs dites proprement féminines ou proprement masculines, étaient à l’œuvre dans le périmètre familial. En toute honnêteté, j’avais du mal à résoudre le conflit entre le discours féministe qui taxait  ces valeurs de socialement construites, et l’évidence effective de ces valeurs jusque dans ma propre famille. Si tout était socialement construit, comment cela faisait-il que tous ces invariants m’apparaissaient si systématiques et si profondément ancrés, jusque dans notre propre génération ? Et pourquoi surgissaient-ils si tôt chez les enfants ? Car qui ne s’est pas amusé de voir une toute petite fille jouer la coquette devant des inconnus, ou un très petit garçon faire une démonstration de force?

J’en étais arrivée à me convaincre que les conséquences de la biologie ne pouvaient être niées. La question devenait alors : dans quelle mesure étions nous nature, et dans quelle mesure étions nous culture ? Quel rôle jouait l’évolution et quel était celui de la socialisation ?

La conférence organisée par l’école de AgroParisTech, intitulée « les Perceptions du masculin et du féminin dans le monde du travail » avait surtout pour vocation d’éclairer les mécanismes inégalitaires à l’œuvre dans le monde du travail, et les moyens pour y remédier, ceci grâce à l’intervention d’une sociologue, d’un consultant en égalité homme/femme et d’une responsable stratégie et relation institutionnelle dans une entreprise publique. Mais c’est la première partie que j’ai préférée, car elle m’a permis d’apporter des éléments de réponse à cette question qui me turlupinait depuis quelques temps déjà. L’intervenante, Mme Giraud, Directrice de recherche au CNRS, et professeure à l’école polytechnique, revenait sur les conséquences de la biologie évolutive sur le comportement animal. L’homme étant un animal, social certes, mais un animal quand même, ses conclusions valaient aussi pour lui.

Si l’intervention, d’ordre scientifique, a pu me paraître un peu aride au début – on y employait des termes tels que anisogamie, gynodioécie ou encore mitochondrie – elle m’a finalement passionnée car il était enfin question de prendre le temps d’expliquer le rôle de mère nature. Jusqu’ici, lorsque je suivais un débat à la télévision, ou à la radio, la question biologique était très souvent éludée et l’on prenait grand soin de la remettre en perspective à l’aide d’une analyse sociologique. La méfiance qu’elle inspire est telle qu’elle est souvent bâclée, de peur que si l’on s’étende un peu trop, on soit taxé de déterminisme naturel. Pour une fois, j’ai pu bénéficier d’une explication sur les origines des différences sexuels en posant des questions aussi simples et pourtant surprenantes telles que : « pourquoi 2 sexes ? Pourquoi des mâles, pourquoi des femelles ? ».

Pour le détail de l’explication, je vous laisse télécharger le document PDF (Représentations du féminin et du masculin dans le monde du travail) reprenant le détail des quatre interventions, et je livrerai seulement la mini  conclusion que j’ai pu en tirer, avec toutes les réserves que l’on peut encore garder bien évidemment vis-à-vis de la nécessité de résumer simplement une situation extrêmement complexe.

L’évolution du monde vivant a effectivement et incontestablement des conséquences sur les comportements des deux sexes. S’il est si courant de voir les hommes accéder plus facilement aux postes à responsabilité et avoir une plus grande confiance en eux, c’est en partie parce qu’il sont naturellement dotés d’une appétence à la domination issue d’une évolution biologique anisogame (quand il y a deux types sexuels, en l’occurrence ici un type mâle et un type femelle) les prédisposant à l’agressivité et à la prise de risque. MAIS, les sociétés prennent le relais de cette tendance naturelle et ce qui était valable dans un cadre strictement reproductif (le mâle n’est finalement dominant et agressif que pour posséder la femelle qui lui paraît la plus fertile), s’applique désormais à l’ensemble du corps social, au delà de l’enjeu de reproduction. C’est là qu’intervient le travail des sociologues, dont le but n’est pas de nier la constituante biologique de l’être humain, mais d’annuler en les révélant les mécanismes qui sont de l’ordre de l’instinct dans une société constituée.

C’est ensuite au monde de l’entreprise d’abolir ces mécanismes via un politique d’égalité professionnelle concrète et audacieuse, en responsabilisant les managers et en travaillant sur l’Organisation du Travail.

En dehors de la satisfaction personnelle que j’ai tirée de cette conférence, j’étais heureuse de voir des étudiants se bouger au sein d’une grande école, chose que je n’ai pas faite au sein de la mienne, et que je regrette particulièrement. J’en profite donc pour en dire un petit mot. Il s’agit d’une initiative étudiante ayant vu le jour en septembre 2011, soutenue par l’administration d’AgroParisTech, pour répondre à trois objectifs: Initier une réflexion sur les questions de genre (égalité homme-femme, homosexualité, transsexualité) au sein des étudiants par des opérations de communication ; Proposer du soutien psychologique et humain aux étudiantes et étudiants en questionnement par rapport à leur orientation sexuelle ; et enfin inscrire AgroParisTech dans la lutte contre l’homophobie. Il s’agit d’une asso LGBT qui a eu l’intelligence d’inscrire ses actions au delà de la question de l’orientation sexuelle, cette conférence en était la preuve, et moi je dis, chouette !

Par Typhaine
Publié le 19 février 2012 sur Les filles en joie

21 Comments

  • Guillaume
    20 février 2012

    Enfin un texte féministe qui bash pas sur l’essentialiste, que jaime cette phrase: L’homme étant un animal, social certes, mais un animal quand même, ses conclusions valaient aussi pour lui. L’idée que ces la societé qui humanise l’homme,ces lucide et ouvert desprit, sa sort du moule! 5/5

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  • Epeire
    20 février 2012

    Sur les différences biologique homme/femme, il y a l’excellent dossier du science et avenir de ce mois ci (février 2012, N°780). Celui-ci explique par ailleurs que les différences observées sont construites par l’éducation et l’environnement plutôt que par la physiologie de base (par exemple, il suffit de prononcer la phrase « les hommes et les femmes ont des résultats différents sur ce test de mathématique » pour en modifier le résultat par rapport à un groupe de cobaye qui aura eu droit à l’affirmation inverse (« les hommes et les femmes ont le même type de résultats sur ce test »).

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  • L'Intello
    20 février 2012

    Simone de Beauvoir en parlait déjà… Il faut lire « Le deuxième sexe » quand on est féministe et qu’on se pose des questions sur l’essentialisme !

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  • Marie-Élaine
    20 février 2012

    Si pour vous la comparaison homme/animal est édifiante…

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  • Typhaine
    21 février 2012

    Bonjour, j’aimerais revenir sur une interprétation de l’article qui est très loin de ce que je voulais dire: quand je dis que l’homme est un « animal social », je fais référence à Rousseau, je ne « compare » pas l’homme à l’animal…C’est faire un raccourci qui n’a absolument pas le même sens! On ne peut nier que l’homme, en tant qu’il est inscrit dans le continuum de l’évolution, est un produit de la nature, et en cela est en partie soumis à ce qui est de l’ordre de l’instinct…

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  • céline
    21 février 2012

    aucune recherche reconnue par la communauté scientifique n’établit de lien entre comportement HF et origine biologique. En revanche, on ne compte plus celles qui montrent la construction sociales des inégalités. Pour l’instant on en est là. tout le reste est croyance et idéologie.

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  • Guillaume
    21 février 2012

    Si pour vous la comparaison homme/animal est édifiante…

    Elle l’est aux dexiemme degré…duh!

    Ce que je ne compren pas, ces le rejet de l’idée de l’essentialiste. Ces plutot la discrimination, le racisme et le sexiste qui en découle qui est a blamer.Petit exemple simple: Au qc, la classe des hommes 18-24, ont de 60 a 80% de plus daccident que les femmes du meme type, stats a l’apuis. Jusque la ya rien de sexiste, des faits, les jeunes hommes ce tue plus sur les route plus que les femmes. Le probleme, 100% des 18-24 ont des prime dassurence plus elever que les femme de la meme classe, donc le maigre minimume de 20 % de conducteur non fautif, pais injustement. Ces l’aplication de principe mur a mur, peux importe l’individue, qui est a mépriser.

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  • Janik
    21 février 2012

    Et Typhaine, comment révéler (socialement) des mécanismes qui seraient de l’ordre de l’instinct les annuleraient-t-ils?

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  • Typhaine
    21 février 2012

    Hum oui Janik, « annuler » est abusif dans ce cas. il n’était pas question d' »annuler » les mécanismes effectivement, par magie performative. Je restais au niveau du langage. Je voulais juste dire qu’en rendant intelligible le fait que ces mécanismes empiètent sans justification sur la vie en société (dans la sphère familiale, professionnelle etc.), la sociologie permet au moins de les remettre en cause…et d’encourager leur disparition!

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  • Janik
    21 février 2012

    Je soulève cette question parce qu’il y a toujours une tension irrésolue dans ce type de position. On affirme à la fois:

    La (ou certains aspects de ) «nature» a (ont) préséance sur le social. Si elle existe malgré la socialisation, c’est qu’elle lui est plus forte.

    La socialisation peut être utilisée pour contrer la «nature», ce qui signifie qu’elle a le potentiel d’être plus forte qu’elle (ou certains aspects de).

    Je vois cette tension se reproduire dans ta précision. Plutôt que d’employer «annuler», tu optes pour «encourager leur disparition». C’est donc dire que cette disparition est possible, et qu’au bout du compte la socialisation est plus forte que la «nature».

    Je suis sensible au fait qu’il soit difficile d’accueillir, dans la conjoncture actuelle, les analyses qui affirment la primauté du social. Celles-ci ont au final beaucoup moins d’exposition médiatique que l’inverse. Qui plus est, beaucoup de personnes adhèrent à la prémisse selon laquelle la socialisation ne peut pas profondément marquer les rapports sociaux. Aussi sauteront-ils et elles à des conclusions naturalistes dès qu’elles remarquent des tendances lourdes. Et tous les cas-contraires seront balayés du revers de la main avec l’excellent outil de dissonnance cognitive qu’est l’affirmation «l’exception qui confirme la règle». Tout ceci engage un certain rapport au savoir, à la façon dont la connaissance se crée, qui est le point aveugle de beaucoup de nos réflexions.

    À titre d’exemple, on présume souvent que la biologie est une science pure et que les biologistes portent un regard neutre sur ce qu’ils observent, on forme des catégories et sélectionne des qualificatifs qui sont déjà culturellement marqués pour comprendre les comportements animaliers et humains. Il suffit d’examiner la façon dont les chercheurs ont longtemps – et encore aujourd’hui jusqu’à certains égards – éprouvé de la difficulté à porter un regard non-moral sur les comportements homosexuels entre animaux non-humains (et humains, de surcroît). Il suffit également de jeter un coup d’oeil du côté du «traitement» de l’intersexualité par le biopouvoir médical.

    Dans ma perspective, l’ennui avec cette double affirmation, c’est qu’on glisse ensuite très aisément vers l’excuse et la déresponsabilisation des comportements dominants ou agresseurs. «On ne peut trop tomber sur Monsieur X pour le fait qu’il ait harcelé sexuellement telle employée, elle l’a aghiché et il n’a pas pu se contrôler. Vous savez les hormones.»

    Ou encore, mieux, parce que ces positions usent de la subtilité du discours paradoxal: «Un tel geste est bien évidemment condamnable, mais la victime ne s’est quand même pas aidée en étant si légèrement vêtue.»

    Ainsi se protège-t-on de l’odieux de notre affirmation:
    la victime est responsable se son agression
    En faisant un peu de «lip service»
    Mais on ne peut me reprocher d’avoir mis la responsabilité sur le dos de la victime, puisque je viens d’affirmer que le geste est condamnable.

    Je pourrais aller plus loin avec ça, mais je n’en ai pas le temps. Je vous suggère néanmoins la lecture de quelques écrits de Anne Fausto-Sterling, biologiste et de Roger N. Lancaster, anthropologue. Je pense, dans son cas, à son dernier «The Trouble with Nature: Sex in Science and Popular Culture».

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  • Berenice
    21 février 2012

    C’est bien mignon ce que dit la biologiste sur les gamètes, mais c’est un peu court comme réflexion. Par exemple, pourquoi la monogamie existe t-elle, si de fait, produire du sperme dispense de l’investissement parental? Il suffit de regarder les oiseaux, majoritairement monogames (bien qu’infidèles, mais c’est une autre histoire) pour se poser de sérieuses questions sur la simplification à l’extrême de ce qu’elle considère comme « biologiquement déterminé »… C’est un peu bancal comme théorie, car dans certaines espèces, la reproduction des mâles est aussi un « one shot » et ils ont tout autant intérêt que les femelles à investir dans l’éducation des petits sous peine de ne pas transmettre leurs gènes. Bref, la réalité est mille fois plus complexe et je trouve que ses parallèles sont tout à fait abusifs. Les êtres humains seraient plutôt à classer dans les espèces monogames, c’est à dire sans affrontement entre les mâles pour les femelles, il n’y a pas de harem dans les sociétés occidentales il n’y a donc pas de raison de considérer que la propension à l’agressivité serait une caractéristique naturelle des mâles humains. Non les hommes ne se battent pas entre eux pour avoir le contrôle de toutes les femelles humaines fertiles. Et non on ne peut pas déduire de cette non réalité qu’ils auraient une propension à l’agressivité et à la domination plus importante. Déjà que chez les animaux c’est beaucoup plus complexe que ce qu’elle veut bien en dire, mais alors, chez les humains c’est encore pire. J’ai horreur de la psychologie évolutionniste qui va jusqu’à publier des aberrations telles que le « shopping » qui serait un comportement biologiquement déterminé par les hormones. Tout ça m’énerve au plus au point.
    Le recours à la « nature » pour justifier la culture à toujours été une tarte à la crème de la pensée scientifique.
    La pression du milieu sur la sélection par exemple n’est pas du tout pensée ou prise en compte. C’est à dire que les normes sociales telles que les hommes grands sont plus séduisant que les petits, et les femmes se doivent d’être plus petites que leur conjoint, sont-elles « naturelles » ou le résultat d’une certaine culture, qui donne un résultat biologique avec de fait, des hommes plus grands que les femmes?
    Pour ce qui est du viol, si il existe chez certaines espèces animales, il est loin d’être la norme statistique (je le tiens de la bouche d’un éthologue). Il n’y a donc pas de propension « naturelle » au viol.
    Si on observe l’espèce humaine, on constate que c’est la seule où les mâles exterminent les femelles (et je pèse mes mots) d’un point de vue biologique c’est une insanité. Alors, l’explication « naturelle » de ces comportements c’est quoi? Un déséquilibre hormonal malencontreux?
    Désolée, mais alors le recours à « mère nature » et l’essentialisme ça me fait toujours pété les plombs, c’est pavlovien ^^

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  • Marie-Élaine
    23 février 2012

    @Janik: Merci pour ce commentaire clair et éloquent qui déconstruit habilement la tendance populaire à l’essentialisme.

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  • Imace
    23 février 2012

    Merci Céline, Janik et Berenice.

    Je rejoins votre position.

    J’ajoute trouver futile la polémique essentialisme/universalisme et aberrant le temps que les gens gaspillent à tenter de prouver qu’ils jouiraient « naturellement » (moi j’entends « magiquement ») de telle ou telle qualité.

    Quiconque se prévaut d’une qualité du seul fait de sa naissance est un abruti congénital. Pour ma part, le débat s’arrête là.

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  • Imace
    26 février 2012

    Merci Céline, Janik et Bérénice pour vos interventions.
    Je partage votre position.

    Je trouve futile la polémique essentialisme/universalisme et aberrant le temps que les gens gaspillent à tenter de prouver qu’ils jouiraient « naturellement » de telle ou telle qualité.

    Quiconque se prévaut d’une qualité du seul fait de sa naissance est un abruti. De mon point de vue, là s’achève le débat.

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  • Guillaume
    2 mars 2012

    l’Héritage génétic joue une ÉNORME role dans la transmition des carathères, peut etre pas encore prouver chez l’homme, mais chez les annimaux les preuve son irréfutable.Chez l’humain les preuves sont fait au nivaux des maladies génétic, reste a le prouver avec la violence ou l’intelligence comment le transfert ce fait d’une génération a l’autre.

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  • Janik
    3 mars 2012

    Votre point étant, Guillaume?

    Et pour les autres, je vais éventuellement apporter quelques précisions à mon avant dernier paragraphe. Il n’est pas clair car j’ai dû terminer le texte très rapidement.

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  • lyly
    4 mars 2012

    Janik je suis tout à fait d’accord avec vous, les « scientifiques » s’attachant à prouver une différence biologique comportementale entre les hommes et les femmes le font sur des populations occidentales, en appliquant leurs conclusions à l’ensemble de l’humanité est une de plus grandes impostures scientifiques occidentales.
    Comparer le sens de l’orientation dans une société qui fait jouer les garçons au foot à l’extérieur et les filles danser dans une salle fermée et une société où hommes et femmes vivent dans la savane ou la jungle ou sont nomades, ou où les femmes sont dévolues à aller chercher l’eau à des kilomètres ou garder les troupeaux, cela ne donne pas du tout le même résultat.
    En Occident, on considère que le leader est une grande gueule charismatique et agressive, en extrême-orient, on appelle ça un poissonnier, le maître se doit de très peu parler, de rester très calme, d’être le « sage », de ne pas être agressif ce qu’en Occident on considère être la nature féminine.
    Le test avec une photo d’un bébé pleurant montre que si on dit qu’il s’agit d’un garçon, les personnes interrogées estiment que le bébé est en colère, alors que si on dit qu’il s’agit d’une fille, les réponses sont « elle pleure, chouine, a peur ». Les gens interagissent différemment selon le genre même avec les bébés. Ces derniers sont donc enfermés dans un cadre genré dès le plus jeune âge bien loin d’être naturel. Mes collègues femmes sont convaincus de ces différences à base de « je suis sûre que les filles sont plus studieuses que les garçons bon moi mon garçon aime bien l’école mais c’est pas normal », « ma fille est bizarre elle court partout, olala tu as vu les garçons ça remue plus que les filles hihi ». Et finalement, leurs garçons à force d’entendre qu’ils sont anormaux d’être sérieux à l’école parce que c’est un truc de filles par leurs propres parents vont se conformer au cliché comme les filles qui sont vite répréhendées si elles ne deviennent pas sages et gentilles alors que leurs frères ont le droit de se battre et de courir partout. Mais c’est « naturel ».

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  • lyly
    4 mars 2012

    « le mâle n’est finalement dominant et agressif que pour posséder la femelle qui lui paraît la plus fertile »
    On compare facilement le monde animal pour « prouver » la différence entre les hommes et les femelles ou faire un parallèle sauf qu’on étudie les animaux avec un cadre conceptuel biaisé.
    Les animaux où les mâles ont des harems, ils ne sont pas agressifs et dominants envers les femelles, ils se battent contre les autres mâles pour prouver aux femelles que c’est eux qui sont les moins faibles et donc qui feront les meilleurs reproducteurs. Leur organisation n’est pas le choix du mâle mais l’élimination du mâle pour « plaire » aux femelles. Ce sont les mâles entre deux âges qui gagnent, parce que les jeunes ne maitrisent pas encore toutes les techniques de duel, parce qu’ils n’ont pas vécu assez d’années pour développer leur habileté et leur masse musculaire ce qui veut dire en langage animal « je n’ai pas encore réussi à survivre assez d’années pour que la nature m’accorde le même potentiel que les mâles qui ont survécu plus d’années que moi ». Les plus vieux sont éliminés parce leur défaillance physique visible est celle aussi de leur défaillance physique à produire des spermatozoïdes sains. Comme tout muscle ou organe, les testicules vieillissent et produisent moins bien. Ils sont donc moins aptes à concevoir des petits sans problèmes génétiques ou à concevoir tout court. La nature les élimine donc. Ce qui est d’ailleurs un tabou absolu pour les humains. On culpabilisera une femme de concevoir après 40 ans, comme si la production de spermatozoïdes sains étaient la même pour les hommes quelque soit leur âge, les testicules seraient le seul organe du corps humain à ne pas s’affaiblir.
    Quand on regarde les documentaires sur les lions, qu’est ce qui en ressort? le lion est le roi des animaux, c’est le plus fort, il a un harem, il est agressif car il tue les lionceaux qui ne sont pas de lui. C’est un vrai « mâle » patriarcal. Ils dominent les pauvres lionnes soumises et maternelles.
    Sauf que les lions vivent dans des sociétés matrilinéaires. La lionne transmet le territoire à ses filles. Le lion n’est que de passage. Son rôle est de donner son sperme (à base de 300 accouplements en moyenne par lionne pour réussir une conception c’est donc normal que l’organisation de la troupe se passe du lion pour chasser qui en est fort bien capable quand il est seul). Son autre rôle n’est pas de défendre son territoire (qui n’est pas à lui mais aux lionnes) mais de prouver aux lionnes que c’est lui qui à un moment donné produit le meilleur sperme. Si un lion plus jeune le bat, et que ce dernier tue les lionceaux précédents, c’est que la nature estime que ses propres lionceaux auront moins de tares génétiques car ils seront conçus avec du sperme plus sain.
    Si la troupe n’a plus rien à manger sur son territoire, elle va en chercher un autre et se retrouve le plus souvent à le disputer à une autre troupe. Et là ce n’est pas les deux mâles qui se battent pendant que les femelles prennent le thé et parlent lionceaux, ce sont tous qui se battent les uns contre les autres, les femelles cherchant comme les mâles à tuer les lionceaux de l’autre troupe.
    Les femelles sont plus souvent à se battre à mort et à essayer de tuer les lionceaux des autres troupes que les mâles.
    Mais ce n’est pas absolument pas ce qui ressort de l’image du roi des animaux.

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  • Guillaume
    6 mars 2012

    @ vivianep
    Affirmer qu’il ny a pas de difference entre les sexes, que ces la faute a la sociéter si l’humain est comme il est, permet de neutralizer le discour et la penser facil sexiste qui en découle trop souvent. La généralisation suite a la constation d une tendence sans tenir compte de l’individue, sa ces le probleme…

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  • VivianeP
    6 mars 2012

    Je comprends ce que vous voulez dire, Guillaume. Mais on ne peut pas changer le monde sur la base d’un mensonge sans se le faire rappeler. Car c’est ce message, répété ad nauseam, selon lequel il n’y a pas de différence entre un homme et une femme et que ces différences ne sont que sociales (acquises), notamment en ce qui a trait aux soins aux enfants et au rôle dans la société, qui m’a fait perdre de bien belles années d’épanouissement féminin. C’est ce discours qui m’a fait vivre une crise à la naissance de mon premier enfant quand j’ai ressenti un appel très fort à la maternité qui va plus loin que le moment de l’expulsion du placenta! Durant toute ma grossesse, j’étais convaincue que je serais une digne féministe, une femme vaillante et moderne qui ne supporterait pas de dépendre financièrement d’une autre personne que moi, et qui retournerait travailler le coeur léger et le torse bombé dès le congé de maternité terminé! Or, ça a été loin d’être le cas, et j’ai dû comprendre ce qui m’arrivait et pourquoi j’étais en train de devenir une femme exactement comme celles que je méprisais, quelques mois auparavant… je ressentais une étrange honte et je me suis rebellée contre cette honte, fruit du discours féministe ambiant : « Changer des couches, faire la vaisselle et popoter, quelle aliénation! »

    Je suis en rupture avec le féminisme, et plus que ça, en colère contre le féminisme depuis ce temps. Pour moi, il est évident qu’il y a des différences fondamentales et profondes entre le féminin et le masculin dans tout le règne animal, et chez l’humain tout autant.

    Ce que je reconnais au féminisme, c’est d’avoir libéré de ce modèle obligatoire homme-femme, tous ceux (plus rares) qui ne correspondaient effectivement pas à ce modèle pour des raisons multiples. Mais je vois autour de moi beaucoup de femmes mal dans leur peau mais qui s’obligent à être cette femme moderne et féministe et égalitaire et paritaire et scandalisée et constamment aux aguets, le tout aux dépends de leur santé, de leur épanouissement, et de leur famille. Et les hommes qui les accompagnent font peine à voir, avec leur masculinité honteuse, la queue entre les jambes, certain adoptant le discours féministe malgré tout.

    Je reconnais au mouvement sa nécessité au Québec à une autre époque, et sa nécessité de nos jours dans plusieurs pays d’Asie et d’Afrique. Mais là, ici, maintenant, ça va trop loin de mon point de vue.

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  • Ballon
    7 mars 2012

    Janik : BRAVO! Et Guillaume, tu fais beaucoup trop de fautes pour qu’on te prenne au sérieux. Et surtout, comment on peut trouver un texte pareil avec un argumentaire aussi essentialiste et
    à la limite masculiniste sur un site féministe?!???!!!???

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