La presse féminine et moi: chronique d’une rupture
Magazines féminins traditionnels, c’en est fini, vous ne m’apportez plus rien. Oui, c’est à vous que je parle, Cosmo, Vogue et Bazaar de ce monde. Va aussi pour les Châtelaine, LOULOU et autres Clin d’œil. Plus rien à chier de vos images léchées, de vos reportages commandités, de votre apolitisme, de votre girl power murmuré entre deux pages de pub. C’est fini: je casse.
Et comme lors d’un vrai break-up: je me sens à la fois libérée et triste.
Vrai, c’est une enfoirée, la presse féminine, mais on a quand même passé de sales bons moments ensemble. À l’adolescence, l’apprentie médiaphile que j’étais a passé des heures à ratatiner dans un bain refroidi, dévorant des numéros de Elle Québec et de Coup de pouce (ma mère était abonnée aux deux). Plus tard à l’université, j’ai perdu des après-midis entiers à la défunte succursale de Multimags sur Maisonneuve Ouest, feuilletant les hebdos à potins en tenant de l’autre main ma copie du plus récent Bitch. Et que dire du fameux « September issue », un 500 pages de pur plaisir fachonne garni de reportages photo spectaculaires que j’ai acheté plusieurs années de suite? Sans parler de toutes ces revues teen que je me suis honteusement procurées jusqu’à tard dans l’âge adulte…
Depuis quelques années cependant, ça n’allait plus. Je consommais les magazines féminins davantage par habitude que par réel désir. En parallèle, je devenais de plus en plus sensible aux charmes des publications alternatives, elles qui m’invitaient à me célébrer plutôt qu’à m’autodétruire, à penser la mode comme l’expression de soi plutôt que la recherche de conformisme, qui me faisaient découvrir des artistes et m’inspiraient des projets… Je zieutais aussi du côté des zines, ces merveilleux petits outils de communication artistico-politiques qui me crachaient des images et des mots puissants en pleine face. Tranquillement, j’ai délaissé la presse féminine mainstream sans définitivement rompre avec elle.
C’est en passant à travers une pile de vieilles revues pour un projet de collage que j’ai dû me rendre à l’évidence: les magazines traditionnels pour femmes et moi, on s’en va dans des directions différentes. On n’a pas les mêmes valeurs, les mêmes préoccupations. Il est temps de tourner la page.
Il n’est pas dit que je ne me laisserai plus jamais tenter par un numéro de Glamour ou d’InStyle. Au hasard d’une visite au dépanneur, je pourrais bien, par nostalgie, succomber à leurs reportages faciles et leur esthétisme plastique… mais je choisis dorénavant de me vouer à des publications qui me font du bien. Bonjour Bust! Salut Shameless! Et vivement toutes les belles découvertes que je ferai au prochain Salon du livre anarchiste!
C’est la faute des ma-,
Des magazines
Les Marie, les Claire, les Marie-Claire
Les Fig, les mag’, beaucoup trop clairs
Les femmes d’aujourd’hui et d’hier
C’est la faute des ma-,
Des magazines
Les Marie, les France, les Marie-France
Les femmes pratiques qui en ont pas marre
Des Cosmo, Vogue et tout l’bazar!
– Extrait de la chanson « À cause des garçons » (reprise de Yelle)
Epeire
Sage décision. Vous avez testé Causette ? (je ne sais pas si vous êtes en France ou au Québec, d’après la liste de magazines je dirais l’Hexagone). Personnellement, je ne lis plus « que » ce magazine (plus Marianne, Geek magazine, science et vie, cerveau & psycho et heu… non oubliez ça…;) )
http://www.causette.fr/
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Marianne
OMG j’aurais pu écrire ce billet… J’ai vécu une rupture semblable il y a un an ou deux. J’ai eu quelques « rechutes », mais désormais je ne regarde plus en arrière 😉
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Vivi
Idem. Une rupture où il est difficile de ne pas retourner dans les draps de son ex… et de se sentir un peu coupable après ^^ (diantre ! c’est moi qui vient d’acheter ce Marie-Claire titré « ceci est votre dernier régime ! » ?)
Mais comme Epeire, j’ai connu « Causette » et depuis je ne me retourne plus sur les autres magazines 🙂
Je le conseille partout !!! Une merveille, dont le sous-titre résume tout : « plus féminine du cerveau que du capiton ».
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tetue
Dans le temps, il y a eu « 20 ANS » qui était assez subversif. Mais c’est tout ce que j’ai réussi à lire. J’en croise parfois dans les salles d’attente, que j’attrape pour m’amuser un peu, mais c’est seulement effrayant de décervelage. La presse féminine n’est un support de pub qui sert à nous dresser en dociles consommatrices.
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Noisette Sociale
Comme ça fait du bien de lire ça! Rupture aussi… J’ai eu une rechute de Châtelaine il y a un an ou deux et puis la re-rupture définitive.
J’adore Bitch, je vais bientôt découvrir Shameless… mais je rêve de revoir une publication féministe francophone au Québec. Ce ne sont pas les féministes qui manquent ici et qui pourraient faire de l’excellent boulot.
L’appel est lancé 😉
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Vivi
Noisette Sociale, bonne nouvelle, Causette est au Québec ! Ci-dessous le moyen de trouver cette merveille : http://www.causette.fr/le-kiosque/ou-trouver-causette/
Bonne lecture !
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murielle
Je me reconnais dans cet article! Je me souviens du magazine 20 ans, je le lisais quand j’en avais 15 et je le trouvais plus ironique et second degré que les magazines féminins. Il fut un temps aussi où Maie Claire était moins léger avec des sujets approfondis sur la condition féminine. Il est loin ce temps là. je ne lis plus les magazines féminins, c’est une perte de temps.
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Noisette Sociale
Vivi, merci, c’est bien gentil mais je pensais plutôt à une publication québécoise, avec nos réalités et qui traitent des politiques qui nous touchent directement.
N’empêche, quand je serai mieux nantie, je pourrai bien mettre la main sur un exemplaire de Causette 😉
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Vivi
Je te l’enverrai personnellement 🙂
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Marie-Anne
Un appel à une revue féministe québécoise… quel beau rêve c’est! Un rêve que je chéris depuis longtemps!
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