Dans ma semaine – Sois belle et on t’écoutera

Des seins et des jeux?

Il y a quelques semaines, une journaliste demandait à la sportive Eugenie Bouchard avec qui elle aimerait avoir un rendez-vous, alors que cette dernière venait d’atteindre un sommet dans sa carrière. Cette façon de réduire une athlète, une politicienne, une musicienne, etc. à une femme romantique et sexuelle n’est pas rare dans nos médias. Comme si une femme était seulement, ou du moins, plus intéressante lorsqu’on connaît sa vie personnelle ou lorsqu’on peut se rincer l’oeil avec des photos sexy.

Alors que le monde est tourné vers Sochi pour les jeux Olympiques d’hiver de 2014, les yeux sont aussi tournés vers les différent.e.s athlètes. Les galeries présentant les athlètes les plus belles, les plus sexy ou les plus attirantes. Un palmarès des plus belles, une séance de photos en lingerie d’athlètes russes, un top 5 de sportives qui vous donneront envie de les regarder performer : les classements se comptent par dizaines.

Toutes les photos ne sont pas sexy ou «érotiques». Toutes ces femmes n’ont pas été forcé de faire des photos en petite tenue ou avec des skis cachant leur poitrine (j’espère en tout cas). Reste que des hommes et des femmes ont trouvé légitime de classer des athlètes en fonction de leur physique. Reste que des femmes ont accepter de poser légèrement vêtue. Est-ce pour qu’on s’intéresse à leur sport? Est-ce parce que l’esthétique du corps de la femme est sa porte d’entrée dans le monde médiatique? Est-ce parce qu’il faut voir les seins d’une femme pour s’intéresser à plus? Je ne sais pas. Je sais seulement que j’ai hâte au jour où les classements des athlètes féminines ne sera plus basé sur leur corps, mais sur leurs qualités sportives.

Pardonnez mon féminisme

Hier, Pascal Henrard posait la question suivante sur le site web Urbania : Y a-t-il trop de féministes dans Urbania?. Je n’ai pas envie de lui répondre, parce que plusieurs de mes collègues l’ont déjà fait. La réponse, évidente, est : non. J’ajouterais même : probablement qu’il n’y en aura jamais trop.

J’ai plutôt envie de le questionner, même s’il ne lira probablement jamais mon texte. S’il trouve qu’il y a trop de féministes sur Urbania, il mourrait probablement d’une crise cardiaque en naviguant sur le blog de Je suis féministe.

Je veux le questionner sur ses raisons de croire qu’il y a trop de féministes, sur quelque tribune que ce soit. S’est-il intéressé à la condition des femmes au Québec et partout ailleurs? Sait-il que le droit à l’avortement n’a jamais été autant attaqué, aux États-Unis prinipalement? Sait-il que les femmes n’ont plus le droit de se faire avorter en Espagne?

Sait-il que les femmes en Inde sont quotidiennement violentées? Sait-il qu’en Afghanistan les femmes ne sont plus progégées des violences de leur mari et de leur père? Sait-il qu’une femme sur 14 dans le monde sera agressée sexuellement?

Sait-il qu’une femme sur 6 au Canada (oui oui au Canada) sera victime d’une agression sexuelle?  Sait-il que même ici au Canada, supposée terre sainte pour les femmes, on essaie encore de s’en prendre au droit des femmes de disposer de leurs corps, en voulant reconnaitre le droit de vie au feotus? Je pourrais continuer encore et encore, mais je crois avoir donné assez de points pour pousser monsieur Henrard a pousser sa réflexion.

Les femmes, partout dans le monde, doivent se battre pour leurs droits et devront encore se battre longtemps. C’est pareil ici au Canada et au Québec. Cela ne fait même pas 100 ans que les femmes peuvent voter. Ça ne fait même pas 40 ans que les femmes peuvent se faire avorter ans être criminalisées. Ça ne fait même pas 20 ans qu’il y a une «égalité salariale» (même si plusieurs femmes attendent encore leur paie rétroactive et que plusieurs attendent encore cette supposée égalité).

Les féministes ont raison d’être présentes pour conserver ces acquis et pour dénoncer ce qui se fait partout dans le monde. Et grâce à votre texte, elles le seront plus que jamais.

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