L’anti-racisme à l’école
Les Marie-Angélique sont un collectif qui aborde les réalités des femmes noires à Montréal. Chacune expose ici son point de vue personnel en réaction à l’éducation du racisme et de l’anti-racisme à l’école. Suivez notre collectif sur Facebook @MJAngelique.
Lorsqu’il est question d’antiracisme et d’éducation dans les médias mainstream, c’est souvent pour parler de méthodes ou de stratégies pour éviter aux enfants (blanc.hes) d’être racistes. C’est un thème que j’ai vu régulièrement dans les blogues, podcasts et groupes de parents virtuels que je consulte. Comment expliquer les inégalités raciales à mon enfant qui ne les vit pas directement ? C’est une intention louable (et nécessaire) de faire cette démarche, même si elle peut illustrer des facettes du privilège blanc. Lorsqu’un parent veut retarder ces conversations difficiles pour préserver l’innocence de son enfant, il profite d’un privilège que les parents d’enfants racisés ne peuvent pas se permettre. C’est entre autres pour ça que ça me fait toujours rire des commentaires du genre : « Il n’y a aucune personne non-blanche dans mes ami.es et ma famille, mais je veux que mon enfant vive des expériences de diversité. Comment est-ce que je l’aide à se faire des ami.es diversifié.es? »
Girl, épargne ces pauvres enfants racisé.es de trainer de force avec ton enfant et interroge-toi sur les vraies raisons pour lesquelles aucune personne non-blanche ne veut être ton amie.
Je diverge.
Ce que je veux dire, c’est que c’est important de constamment garder en tête l’impact que nos actions et nos paroles ont sur les enfants racisés autour de nous, que ce soit dans nos salles de classe, dans nos quartiers et dans nos familles. Oui, encourager les enfants blanc.hes à ne pas dire ou faire des actions racistes, c’est bien, mais il faut concentrer la lutte antiraciste sur ceux et celles qui vivent cette oppression : les personnes et les enfants racisé.es.
À toutes les rentrées des classes, je pense à tous les trucs fucked up que les enfants et les jeunes adultes entendent de la part de leurs professeur.es, figures d’autorité. Ceuses-ci centrent trop souvent leurs discours sur la « norme », sans penser aux effets de leurs paroles sur ceux et celles qui entendent, sans nécessairement se faire entendre.
Je pense à une collègue enseignante, qui, se laissant emporter dans une discussion sur la nation, a conclu devant ses étudiant.es (pour la grande majorité immigrant.es et/ou racisé.es) que dans le fond, comme la nation repose sur l’exclusion de l’Autre, il y aura toujours du racisme, et il y aura toujours des gens exclus. Je lui ai demandé comment elle pensait que ses étudiant.es s’étaient senti.es à se faire dire que peu importe les actions et les luttes qu’ils et elles pouvaient entreprendre, ils et elles se feraient toujours traiter comme de la marde. Elle m’a répondu que tout le monde vit du racisme.
Girl, non.
J’ai eu de la peine pour ces étudiant.es là. Et j’ai pensé : qui les protège ? Cette prof-là pense être super progressiste. Et pourtant, elle peut dire ce qu’elle veut dans sa classe. C’est drôle parce que, personnellement, dans le même cours, je dis aux étudiant.es qu’il faut toujours interroger et remettre en question qui est inclu et qui est exclu de n’importe quel nationalisme. Just sayin’. Moi, je me souviens encore des trucs fucked up que mes profs ont dit dans mes cours au primaire et au secondaire, comme de justifier l’esclavage parce que « les Noirs sont devenus plus pauvres après. »
Ouais.
J’espère juste voir une plus grande prise de conscience de l’impact que nos paroles ont sur les premières personnes qui vivent le racisme, surtout lorsqu’elles sont vulnérables comme des enfants.
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