La grossophobie: vous n’avez pas les bases
Que vous sachiez ou non ce que ce mot signifie, que vous soyez gros·se ou non, cet article est pour vous.
Je vais brasser large dans mes explications, car je me rends compte que beaucoup de personnes ignorent encore tout de cette discrimination et tombent des nues quand je leur explique.
1) Définition
La grossophobie est une discrimination qui s’applique aux personnes grosses, en surpoids ou obèses et qui peut commencer très tôt dans la vie d’une personne. Comme les autres discriminations, elle a un impact physique et psychologique sur les personnes qui en sont victimes. Et comme les autres discriminations, elle est insidieuse et pratiquée, parfois inconsciemment, par la majorité de la population.
2) Concrètement, ça se passe comment ?
Vivre la grossophobie, ça veut dire se faire rappeler quasi constamment que l’on n’est pas dans la norme et se voir manquer de respect beaucoup trop souvent.
Ce sont les injonctions ou les insultes de parfait·es inconnu·es quand vous faites vos courses ou du sport, mais aussi de la part de vos proches avec des petites phrases comme « t’as pas pris du poids toi ? » ou « tu serais si mignonne si tu perdais un peu de poids ! »
C’est entrer en guerre contre le corps médical qui humilie, qui fait physiquement mal et qui passe à côté de diagnostics par flemme ou par mépris. Qui ne vous écoute pas et se permet des réflexions comme « vous n’aurez jamais d’enfants si vous restez grosse » (spoiler alert : c’est faux).
C’est se heurter à des refus médicaux quand on veut transitionner, les médecins estimant que vous avez une mauvaise image de vous-même parce que vous êtes gros·ses et non un réel désir de transitionner qui n’a rien avoir avec votre tour de taille mais bien votre genre.
C’est être considéré·e comme le/a gros·se rigolo·te de service. C’est supposer que vous n’avez pas de vie sexuelle et que « vous avez de la chance » si vous trouvez quelqu’un (surtout s’iel est mince lol).
C’est se faire refuser un emploi parce que vous êtes considéré·e·s comme à problèmes ou paresseu·se·s, c’est galérer à trouver des vêtements à sa taille, c’est galérer avec le mobilier urbain pas adapté, etc., etc., etc.
3) Visibilité
La grossophobie fait partie des discriminations qui ne sont pas encore prises au sérieux et qui sont peu prises en compte par les mouvements féministes. Il est encore trop facile de se moquer des gros·ses sans que personne ne s’en émeuve. Et si militer est déjà difficile en soi, militer quand on est « plus-size, c’est s’exposer à deux fois plus d’insultes et de violences.
4) Le mouvement body-positive
Ce mouvement est un piège !
À ses débuts, ce mouvement était réservé aux personnes grosses et hors de la fameuse norme “blanche, mince et valide”. Il permettait de faire la paix avec son corps, et c’était bien. Mais bien vite ce tag s’est vu réapproprié par les personnes qui étaient dans la norme.
C’est problématique à deux niveaux : d’abord parce que ça prouve que même les personnes jugées “sexy”, dans la norme et minces sont percluses de complexes et poussées à détester leur corps par la société alors même qu’il correspond aux attentes de celle-ci; ensuite parce que ça a exclu et invisibilise les personnes hors de la norme qui ne sont alors acceptées dans ce mouvement que lorsque leur apparence est validée par le regard des autres, particulièrement celui des hommes. Seront alors valorisées celles se rapprochant des canons de beauté : peau claire, seins et fesses mises en valeur, etc.
C’est piégeur comme mouvement parce que ça reste cool que des femmes “s’empower”, mais c’est injuste parce que ça en exclut d’autres.
On préféra parler de “body neutral” ou de fat-activism, ce dernier terme englobant toutes les problématiques sociales de la grossophobie et pas seulement l’amour de son corps.
5) Glorification du surpoids ?
Non, à aucun moment nous ne glorifions ou encourageons le surpoids ou l’obésité. Nous luttons pour que les personnes grosses ne soient plus discriminées, tout simplement. Parce que oui, les personnes grosses existent, c’est comme ça. Et elles ont le droit d’exister.
Un surpoids est plurifactoriel et ne se résolve pas en un claquement de doigts : Troubles du Comportement Alimentaire (TCA pour les intimes), maladies, dépression, pauvreté, etc. Les gros·ses ne font pas exprès d’être gros·ses.
Régler un problème de poids n’est pas toujours aisé, c’est même souvent très compliqué et la motivation n’a rien à faire là-dedans. Certaines personnes qui ont des TCA sont en thérapie depuis des années pour régler ce souci, d’autres n’y arrivent simplement pas ou n’ont pas l’énergie et/ou les finances pour ça.
Tout le monde a des soucis à régler : alcoolisme, névrose, violence, dépendance affective, etc. Le nôtre se voit sur notre corps et on nous le fait payer violemment, alors que nous ne faisons de mal à personne.
Peut-être me répondrez-vous que nous en faisons à nous-mêmes ? Si c’est le cas, cela ne vous regarde pas. Personne ne juge les gens minces qui mangent au McDo, mais tout le monde juge les gros·ses qui mangent tout court. C’est rarement consciemment que l’on se fait du mal et c’est souvent la partie visible d’un autre souci.
Nous méritons le respect, nous avons le droit de nous sentir bien dans nos corps et d’avoir de l’estime de soi. Ce n’est pas une demande, c’est un droit, c’est un fait. Nous n’avons pas à subir la grossophobie de la société ou à être exclu·es par d’autres mouvements.
D’autant que les actes grossophobes — de la réflexion à l’agression en passant par l’insulte — n’aident pas les personnes grosses, mais au contraire les enfoncent un peu plus.
Maintenant que vous avez les bases, vous nous aidez ?
Pop the banished one..
J’ai jamais compris pourquoi en tant que société, nous méprisons les fumeurs et tentons de normaliser l’obésité. Ce sont pourtant deux comportement d’auto destruction…
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Val
L’obésité n’est pas un choix et n’est pas toujours un acte d’autodestruction. Il existe beaucoup de facteurs d’obésité, y compris la pauvreté, ce qui ne se choisit pas.
Fumer ça se choisit. Toute une économie (paradoxale) est basée là-dessus, C’est mauvais pour soi et les autres. Alors que l’obésité ne fait pas de mal aux autres et est rejeté. On ne refuse pas un emploi à quelqu’un qui fume…
Je vous conseille de relire l’article, on ne veut pas « normaliser l’obésité » mais simplement faire en sorte que les personnes obèses ne soient plus discriminer.
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Melanie
Le monde est cave j ‘ai un trouble métabolique toujours été grassette sans le vouloir. A la fin de notre vie nous serons jugé pour notre coeur et peut être sauvé de la mort avec Jésus. Bonne chance!
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2pristine
1snowdon
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