Féminisme à la polyvalente ?

En fin de semaine dernière, j’ai réalisé à quel point un cours ou encore quelques ateliers sur l’égalité homme-femme se devait de faire partir du cursus scolaire au Québec. J’étais au championnat provincial du Mouvement provincial Génies en herbe/Pantologie et lors d’une partie avec des élèves de secondaire 4 ou 5, il y avait une question écrite qui a engendré deux réponses particulières. La question se lisait : « Que dénonçait la conférence de Durban, tenue en avril 2009, au cours de laquelle le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a créé la controverse ?»  La réponse recherchée était évident le racisme. Certains eurent la bonne réponse, mais deux réponses me reviennent encore. La première mentionnait l’égalité des sexes à la façon du projet de loi rétrograde de la famille chiite d’Afghanistan.  Toutefois, dans la réponse, il y avait clairement une blague sexiste sur la supériorité de l’homme de fort mauvais goût. Néanmoins, la réponse qui m’a le plus choquée et déçue est venue d’un beau gosse type beach boy d’un collège privé qui écrivit que les femmes étaient inférieures et devaient obéir aux ordres sexuels des hommes en tout temps. Je vous avouerais que je ne savais pas trop comment réagir lors de la lecture de ces réponses, dieu merci pas à voix haute ! Après ouvert le petit papier des étudiants ignorants, mes yeux sont allés vers eux et je n’ai vu qu’un regard narquois me narguant et que dire ? Leur donner un cours sur le tas de l’égalité entre les sexes, des droits des femmes, du féminisme ? Non, la solution globale serait que ces jeunes adolescents de la fin du secondaire, bientôt des adultes, aient eu l’opportunité d’explorer ces sujets avec leurs pairs en classe.

Le curriculum du Ministère de l’éducation, des loisirs et du sport est loin d’être parfait dans plusieurs matières, mais je crois qu’on pourrait y ajouter des ateliers dans le cadre du futur cours éthique et culture religieuse voire un cours complet sur les études de genre. Toutefois, à ce moment précis, je me suis dit qu’un projet comme l’Ontarien The Miss G_Project for Equity in Education devrait être implémenté au Québec. Le projet souhaite créer un cours d’études des femmes et du genre dans les écoles secondaires tout en combattant toutes formes d’oppressions que ce soit le sexisme, l’homophobie, le racisme, etc… De plus, le Québec ne serait pas nécessairement un pionnier, car le Nouveau-Brunswick, la Colombie-Britannique, l’Ontario et même la très traditionnelle Alberta offrent des cours portant sur les études de genre, le féminisme, les femmes et les médias, etc…  Ainsi, la grande ignorance de certains jeunes quant à ce qu’est réellement l’égalité des sexes cesserait ou peut-être que les jeunes seraient plus aptes à cacher leurs opinions non politiquement correctes ? Je veux croire que chacun est capable du meilleur, donc éduquons et réglons ainsi une partie du problème.

9 Comments

  • Loïc
    14 mai 2009

    Tiens, le retour du monde parfait par l’éducation des masses.

    La différenciation sexuelle et la provocation font partie de la construction de la personnalité notamment à l’adolescence.

    Maintenant, si vous pensez pouvoir amener tout le monde à adhérer à votre point de vue par le biais d’un ‘uniformisme’ éducatif, cela montre d’une part que vous n’avez pas retenu les leçons de l’Histoire quant à l’inefficacité de l’épuration du libre arbitre et de fait quant à la persistance du déterminisme inné et cela amène d’autre part à s’interroger sur la légitimité de votre doctrine unilatérale.

    Si vous connaissiez les adoslescents ausi bien que vous le prétendez, vous devriez savoir que les adolescentes d’aujourd’hui n’ont rien à envier aux adolescents en terme de grivoiseries.

    Enfin je retiens que vous avez été particulièrement déçue par, je vous cite, « un beau gosse type beach boy » ce qui en soit résulte d’un beau stéréotype sexiste.

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  • Dominique
    14 mai 2009

    Tiens, le retour de « je comprends juste ce qui m’arrange sans discernement ! ».

    La malheureuse réponse qui a énormément déçue (et avec raison) l’auteure de cet article n’a rien à voir avec « la différenciation sexuelle et la provocation ». Dire que les femmes sont « inférieures et devraient obéir aux ordres sexuels des hommes en tout temps » n’a rien à voir avec quelconque différenciation biologique, mais avec un traitement de la femme qu’on prend (encore!) à la blague parce qu’on juge que ça ne vaut pas la peine d’inculquer à nos jeunes (les deux genres confondus) que l’esclavagisme sexuel et la misogynie existe aussi dans notre belle province.
    Où fait-on mention d’un uniformisme éducatif ? Il s’agit toujours bien que d’un seul cours, et encore que je sache c’est un cours qui ne propose rien d’autre que l’ouverture sur le monde et JUSTEMENT sur autre chose que l’Histoire telle qu’on la connaît…
    Le beach boy ne s’en porterait que mieux, et respecterait sûrement davantage sa beach girl. *blague*.

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  • Janik
    14 mai 2009

    @Dominique: et j’ajouterais: Tiens, le retour du «Nooooon, je ne veux pas perdre mon pouvoir et mes privilèges!! Vite, vite, il faut que je tire l’excuse de la ‘nature’ de ma poche arrière pour être certain qu’on ne puisse pas me les enlever!!!» 😛

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  • Pwel
    14 mai 2009

    Gang, j’ai quelque chose à vous avouer.

    On se rappelle de ma difficile prise de position à propos de la censure d’un ancien participant (le jumeau cosmique de celui-ci. Comme quoi ce n’est pas toujours facile d’actualiser des arguments antiféministes).

    J’avais tort.

    Je suis maintenant convaincue qu’une certaine censure pourrait faire que d’autres personnes pourraient s’exprimer et se questionner sans avoir l’impression d’avoir à s’expliquer, à se défendre ou à se battre.

    Fallait que ça sorte.

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  • Janik
    15 mai 2009

    Salut Pwel,

    Bienvenue dans le club 🙂

    Sérieux, avant j’aurais partagé ton malaise initial (je dis «aurais» parce que je ne surfais pas sur internet à l’époque ;)) Et en réalité, je suis toute pour le fait d’entendre les gens dans leurs préjugés et de démarrer à partir de là où ils se trouvent.

    Par contre, je ne les gratifierai pas de mon oreille s’ils font preuve de mauvaise foi, s’ils sont présomptueux et suffisants, s’ils sont agressifs et s’ils jouent au dominant avec moi (et les autres). Également, je choisis les contextes et les moments où je suis prête à entrer en discussion avec une personne qui a encore «beaucoup de croutes à manger» en matière de sensibilisation au sexisme/racisme/hétérosexisme/classisme (des domaines que je connais mieux). Des fois j’ai l’énergie pour le faire. D’autre fois non.

    Je ne crois pas parler à travers mon chapeau si je dis que je ne suis pas la seule à avoir besoin de me ressourcer par moments, de retrouver des espaces où je peux souffler et où je sais que je ne suis pas constamment tirée par le bas par des personnes qui exigent qu’on s’occupe de leurs bobos à eux, qui kidnappent des threads et demandent toute l’attention, faisant en sorte qu’on finit souvent par gaspiller notre temps à faire du sur-place en vulgarisant du féminisme 101 auprès d’eux. Culpabilité femme/féministe oblige, on a souvent peur d’être ferme et de mettre notre pied à terre!

    Perso, j’ai longtemps été le genre de féministe douce-douce qui se disait qu’il fallait toujours être patiente-patiente, même devant le sexisme et l’antiféminisme de messieurs arrogants, présomptueux et défensifs. J’étais convaincue que la «douceur» allait faire fondre leurs préjugés et leurs attitudes dominantes. Cependant, ma patience a été usée par trop d’expériences négatives. Certes, j’ai connu des gars qui ont bel et bien fait leur bout de chemin, mais c’étaient ceux qui commençaient la route sans attitude agressive et suffisante, sans le ton péremptoire du monsieur-qui-sait-tout-et-qui-va-nous-expliquer-à-nous-les-féministes-comment-nous-sommes-dans-tort-et-comment-les-hommes-sont-les-vraies-victimes. Les premiers en valent la peine, mais pas les seconds.

    Maintenant, il y a deux raisons pour lesquelles je ne participe qu’occasionnellement à cette très belle initiative qu’est votre site.

    1) Tout d’abord (et surtout), je suis à la limite supérieure d’âge du contingent jeunesse (un joyeux 35 ans;), j’ai complété mon doctorat sur un sujet qui touche aux théories féministes et j’enseigne à l’université. Ceci me place de facto dans une position délicate. Je ne veux pas arriver sur ce site et m’imposer comme la «vieille qui sait tout», car j’estime non seulement que ce comportement est exécrable, mais également qu’il est super important que votre démarche de réflexion vous appartienne pleinement.

    2)Ensuite, si j’étais un peu plus jeune (disons), je crois que je serais agacée de voir qu’on passerait beaucoup de temps à s’occuper de ces personnes anti-féministes qui se pointent, rendant difficile tout dépassement du b-a ba du féminisme 101. Ceci particulièrement dans un contexte où il n’est pas toujours facile pour les féministes de trouver des espaces où l’on peut être entre nous. C’est beau pour les filles qui fréquentent quelques universités du centre-ville, mais c’est moins évident pour les féministes qui sont plus isolées. Dans leur cas, des sites comme celui-ci sont précieux car ils aident à surmonter cet obstacle.

    Alors voilà. Continuez vos belles réflexions! J’aime venir voir ce qui se fait du côté des «générations montantes» (je mets entre guillemets parce que je ne sens pas que le fossé soit si énorme que ça non plus)

    Un outil que j’ai trouvé intéressant: http://community.livejournal.com/feminist/1362470.html

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  • Pwel
    16 mai 2009

    Merci Janik pour le message et pour le lien très instructif 🙂

    Je crois que tu m’as bien fait cerner mon « problème ». Quel que soit le milieu (université, travail, famille…), je passe énormément d’énergie à tenter d’ouvrir des oeillères en argumentant et en questionnant.

    Pour moi venir ici, bien que je ne sois pas en accord avec tous les traitements de sujets, c’était comme juste un bout où je pouvais lire et être plus contemplative, mais la lecture de certains commentaires me ramène dans ma dynamique de dépense d’énergie dans un but « éducatif ».

    Je me retiens énormement (parce que oh que oui ça me démange!), car entrer dans ce genre d’argumentation pourrait être très désagréable pour d’autres lectrices et lecteurs qui aiment bien venir ici en ayant la paix.

    Peut-être que c’est ce qui me dérange dans le fond. Que ma « tite gêne » tellement évidente pour moi quand je pense à une comunauté sur un blog ne soit pas partagée par tous.

    Et si je suis beaucoup plus près de mes 30 ans que de mes 20, ne sommes-nous pas de la même génération?^^ D’ailleurs, c’est quoi la moyenne d’âge ici?

    Et sache que tu n’a pas l’air de la «vieille qui sait tout», et que tes commentaires sont très appréciés par leur pertinence.

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  • La Digresse
    17 mai 2009

    BOnjour à tous et à toutes,

    C’est la deuxième fois que je viens lire ce blogue et je l’apprécie au point de vouloir y participer par mon commentaire! c’est que, voyez-vous, j’enseigne au secondaire, et en plus j’enseigne le fameux cours d’éthique et culture religieuse (qui, en passant, bien que loin d’être parfait, n’est pas si mal que ça).

    Je voulais juste vous faire savoir que nous touchons au féminisme à plusieurs reprises durant l’année, à travers différents thèmes d’abord (la tolérance en général, les motifs de discrimination en particulier, la place de la femme dans chacune des religions à l’étude (et ce n’est pas toujours très beau!)) puis ensuite à travers un module consacré spécifiquement à ce thème. Je suis présentement en train de le faire avec mes élèves de secondaire 4. On y parle de la situation de la femme à travers le monde et au Québec plus spécifiquement, de l’histoire de la lutte pour les droits des femmes, de la charte des droits des femmes, de ce qu’est le féminisme aujourd’hui, etc…

    Ce cours me semble nécessaire pour aider les jeunes à se défaire des idées toutes faites sur les féministes qui sont vues par plusieurs, gars et filles, comme des enragées misoandres qui souhaitent la supériorité des femmes sur l’homme. Et ça fonctionne plutôt bien d’après ce que je constate. Sera-ce suffisant? bien sûr que non. Il faudra que les adolescent-e-s puissent constater dans la société que l’égalité est un fait, pas seulement un droit.

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  • Stéphanie
    17 mai 2009

    J’aimerais que des questionnaires soient distribués aux enfants des écoles primaires et du secondaire pour évaluer leurs perception face au genre, leur définition de ce que c’est être un homme et une femme, du sexe auquel leur fait penser spontanément telle qualité ou trait de caractère, telle force ou habileté manuelle, etc. On pourrait aussi leur demander quel métier les intéresse.

    Nous aurions alors une bonne idée du niveau d’influence chez les enfants des différents stéréotypes sexistes et homophobes de notre société.

    Nous avons tendance à croire qu’il suffis de dire qu’on n’interdit aucun type de jouet à nos enfants et qu’on respecte leur choix de carrière lorsqu’ils(elles) sont grand(e)s pour qu’il n’y ait plus de problème mais c’est beaucoup plus complexe que ça.

    Ce n’est pas un hasard si les enfants ont souvent des projets de carrière extrèmement stéréotypés alors que les adolescents ont déjà plus de variété dans leurs projets. Il y a l’influence de la publicité, du modèle familial, des livres pour enfants, des bandes dessinées, des jouets, etc.

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