Au-delà des slogans, une vraie justice ?
Il existe un mantra juridico-féministe qui va comme suit: “There are no words for rape, only sentences”. Dans ma compréhension, ça se veut être un appel au durcissement de la position traditionnelle (i.e. pro-privilège patriarchal) de la justice et des autorités policières en matière d’agression sexuelle. Ça se veut être une incitation envers les tribunaux et les forces de l’ordre à ne pas tolérer les actes de violence sexuelle et à démontrer une juste rétribution et réprobation envers de tels crimes.
Je dois avouer une chose : je n’ai jamais été forte sur les mantras, féministes ou pas. Je hais toute forme de généralisations, de formules, d’incantations insipides. Pour moi, en tant que juriste, en tant que féministe et en tant que survivante de violence sexuelle, cette phrase n’aura de sens, ne sera réellement bonne à dire, que lorsqu’elle collera vraiment à la réalité.
Car ce n’est pas le cas présentement.
Les médias ont annoncé récemment l’arrestation en Suisse du cinéaste Roman Polanski. Ce dernier, qui devait recevoir un prix au Festival du film de Zurich, a été plutôt été cueilli par les autorités locales en vertu d’un mandat d’arrestation émis aux Etats-Unis en 1977, le tout dans le respect du traité sur l’extradition liant la Suisse et les USA. Pour reprendre rapidement la petite histoire, Polanski avait plaidé coupable à l’époque à des accusations d’agression sexuelle sur une jeune fille de 13 ans. Il avait été incarcéré pendant une cinquantaine de jours, puis avait réussi à fuir les Etats-Unis vers la France. Nos « cousins français » n’ont jamais extradé Polanski vers les États-Unis, et celui-ci avait évité d’y remettre les pieds depuis, sachant qu’il y serait automatiquement arrêté.
Retour en 2009. La communauté artistique européenne crie au scandale et à la persécution judiciaire. On demande à des diplomates d’intercéder auprès d’Hillary Clinton afin qu’elle demande au Président Obama de gracier Polanski. Bref, même si le type a admis qu’il avait violé une fille de 13 ans, noir sur blanc, on crie à l’injustice, et on réclame son absolution. Après tout, c’est Roman Polanski, un artiste, un grand cinéaste !
Autant que je peux apprécier le mérite artistique et la contribution culturelle de Polanski, j’ai énormément de difficulté à ressentir de la pitié ou de la sympathie pour cet homme. J’ai beaucoup de difficulté à voir pourquoi il ne devrait pas subir la peine qu’il mérite pour le crime qu’il a commis.
Il y a (ou plutôt : il devrait y avoir) des conséquences sévères à agresser sexuellement des gens. Et plus particulièrement lorsque les victimes sont des enfants.
Vous auriez vu Guy Cloutier s’en sortir avec juste une ‘tite tape dans le dos, sans excuses, sans même un petit « j’le ferai plus, c’est juré » après avoir plaidé coupable ? Parce qu’il a contribué à la culture québécoise et au rayonnement de la nation ?
C’est pas comme si nos tribunaux et nos médias pourraient jamais avoir une réaction pareille…
*euh hum*
Quelqu’un se souvient de l’affaire Gilbert Rozon ? En 1998, le fondateur du Festival Juste pour Rire avait plaidé coupable à des accusations d’agression sexuelle sur une jeune femme. Lors des représentations sur sentence, il avait réclamé une absolution inconditionnelle (i.e. ce qui en bout de ligne lui épargne la disgrâce d’un casier judiciaire et toute peine en rétribution pour son crime… bref, c’est comme s’il n’avait rien fait du tout). Rozon avait invoqué le fait qu’il était essentiel pour Juste pour Rire qu’il puisse se déplacer à l’étranger (ce qui est impossible avec un dossier criminel) et que Juste pour rire était important pour l’économie québécoise et le rayonnement international de la province. Et aussi, pauvre chou, il a donc souffert de la publicité de tout ce truc…
Aussi stupide que ça puisse paraître, Rozon a obtenu son absolution. Et le jugement sur sentence est désormais enseigné dans les Facultés de droit comme exemple de cas où l’on peut obtenir une absolution.
L’affaire Polanski et l’affaire Rozon me dégoûtent pour plusieurs raisons. D’une part parce que ça suggère qu’il existe une justice pour les gens riches et/ou célèbres, et une justice pour le commun des mortels. Je ne pense pas que M. Toutlemonde de St-Glinglin P.Q., qui aurait drogué, violé, sodomisé et photographié nue une fille de 13 ans, se verrait excusé par l’opinion publique et que les médias voleraient à sa rescousse simplement parce qu’il fait de très beaux films avec sa « Super 8 »… Ni que M. Toutlemonde s’en sortirait avec une absolution s’il avouait s’être embarré dans une chambre d’hôtel pour agresser sexuellement une jeune femme, sous prétexte qu’il est un comique ou que sa PME contribue à l’économie de St-Glinglin… Il n’y a qu’à se rappeler avec quelle complaisance les médias traitaient Guy Cloutier avant que l’on n’apprenne l’identité d’une de ses victimes…
D’autre part – et surtout – parce que les médias et l’opinion publique continuent de monter aux nues ces individus qui sont, de leur propre admission, des délinquants sexuels, auteurs de crimes réels, contre des personnes réelles. Pire, on tente d’amoindrir la gravité de leurs actes, de les excuser, de faire paraître les victimes comme des partenaires consentantes, des geignardes ou des opportunistes.
Pour avoir un système judiciaire qui fonctionne, il faut que la population puisse avoir confiance en ce système. Et pour que cette confiance existe, il faut que les sentences infligées aux criminels – que ceux-ci soient trouvés coupables au terme d’un procès ou qu’ils avouent leur crime – reflètent la réprobation de la société par rapport au crime en question et constituent une rétribution proportionnelle au crime commis.
Malgré tous les mantras et tous les slogans que nous, féministes, pouvons scander, ce n’est malheureusement pas le cas au Canada et au Québec en matière d’agressions sexuelles. Les sentences sont tout à fait dérisoires. On peut penser à cet effet, encore une fois, à l’affaire Guy Cloutier. Ou encore à Peter Whitmore ou Steve Brian Ewanchuk, deux délinquants sexuels récidivistes connus, qui agressent systématiquement de nouvelles victimes (enfants, adolescents et femmes adultes) à chaque fois qu’ils sont libérés, et qui, malgré tout cela, n’ont pas encore obtenu la désignation de délinquants dangereux (ce qui signifie pour le délinquant une peine de détention d’une durée indéterminée).
Ces désignations, déjà difficiles à obtenir en général, sont anormalement rares en matière de crimes sexuels.
Un bref regard sur les peines applicables à de telles infractions selon le Code criminel suffit pour décourager. La peine maximale pour une agression sexuelle « simple » est de 10 ans. La plupart des condamnations n’atteignent pas le dixième de cette limite.
Pour une agression sexuelle armée, la peine maximale est de 14 ans seulement !
À l’opposé, la peine maximale pour vol à main armée est la prison à vie. Dans un cas, c’est l’intégrité physique, sexuelle et psychique d’une personne que l’on viole. Dans l’autre cas, ce sont des intérêts matériels. Je crois sincèrement que les règles de droit qu’une société adopte – surtout en matière criminelle et pénale – sont le reflet des valeurs qui lui sont chères et que l’on croit important, dans cette société, de protéger. Quel message donc cette incohérence dans la proportion des peines maximales pour ces deux infractions armées, sinon que notre société privilégie encore de nos jours la protection des intérêts matériels et pécuniers par dessus le droit des femmes et des enfants à l’intégrité physique, sexuelle et psychologique?
Ça ne devrait pas logiquement être l’inverse ?
***
On s’attend à ce que Vincent Lacroix, qui a plaidé coupable à bon nombre des accusations criminelles qui pesaient contre lui, reçoive une peine d’emprisonnement d’environ dix ans, peut-être même un peu plus. J’éprouve des sentiments partagés là-dessus.
D’un côté je me dis, good thing, il le mérite. D’un autre – encore une fois, je cite l’affaire Guy Cloutier en exemple – je trouve ça vraiment moche et décourageant que ce gars-là, un fraudeur, un « criminel en cravate », se fasse coller une peine plus sévère qu’un violeur, qu’un abuseur d’enfants.
Ce genre de réflexions me donnent honte du système judiciaire dans et pour lequel je travaille.
Je ne suggère pas que les peines pour ce type de méga-fraudes soient diminuées. Je souhaite simplement un durcissement général des sentences en matière de crimes sexuels. Je préfèrerais sincèrement voir un délinquant sexuel faire 10 ans de pénitencier plutôt que n’importe quel criminel non violent, si malhonnête soit-il.
Je veux une justice proportionnelle, une justice réprobatrice, une justice rétributive… bref, une justice pénale qui a sa raison d’être…
Caroline
Chère Catherine,
En lisant ces lignes, je me sens envahie d’un sentiment partagé, moi aussi.
Depuis l’éclatement des « scandales financiers » des « criminels à cravate » je suis aussi dans un dilemme…
D’un côté, il faut que ces individus payent (au sens monétaire ou non) pour ce qu’ils ont fait, puisqu’ils ont détruit DES vies, dans le sens où plusieurs personnes n’auront pas la retraite dont ils rêvaient, certains iront même jusqu’à se suicider parce qu’ils n’ont plus d’argent. Les criminels doivent donc payer, certes.
Mais d’un autre côté, n’est-ce pas là l’occasion rêvée pour la société québécoise de se remettre en question? Ne devrait-on pas faire appel à des philosophes (je sens déjà les yeux se lever au ciel…) et des éthicienNEs afin de se pencher sur ce qui serait éthique de faire?
Puisque au plan physique de la chose, un violeur brime l’intégrité physique, émotionnelle et morale de sa victime, souvent celle-ci se retrouve brisée, anéantie et sa confiance en elle et envers les autres est souvent détruite.
Mais, d’un autre côté, un criminel à cravate brise plusieurs vies (et il serait important ICI de se questionner sur l’importance que la société québécoise accorde aux choses matérielles et pécunières versus l’intégrité physique et morale d’une personne)… et provoque des morts (suicides ou manque d’Argent pour vivre « normalement » i.e.: comme ils le faisaient AVANT).
Je n’ai pas de réponse à ces questions, je ne fais que relater ici mes interrogations…
Il est clair, dans mon esprit, que les violeurs et autres crapules de ce monde, devraient périr en prison. Mais, il n’est pas aussi clair que les crimes économiques ne soient pas aussi graves…
En terminant, pour ce qui est de l’affaire Polanski:
Je ne connais pas tous les détails de l’affaire, mais, il me semble que ce soit avant tout une affaire de « détournement de mineure » (comme on appelait ça ici, avant) et que la victime aurait caché son âge et ait consentit (encore faut-il que le consentement d’une enfant de 13 ans soit recevable… et comme il y aurait eu présence de drogue, j’en doute!).
De plus, pour autant que ça ait de la valeur, elle aurait pardonné à cet agresseur.
Ce que je veux dire en fait, avec tout ça, est que je ne crois pas que cette victime ait étée traumatisée de cette agression, en fait ça me donne l’impression que ses parents ont portés plainte à l’époque, puisqu’ils étaient choqués de découvrir l’activité sexuelle de leur fille… bon je fais du pouce sur des suppositions, puisque comme le l’ai dit précédemment, je ne connais pas tous les fondements de l’histoire. En 1978, je n’étais pas née, et je ne suis pas une spécialiste du droit, encore moins celui des États-Unis…
Mais, en définitive, je crois qu’il faille tenir compte des répercussions de l’agression sur la vie de la victime (et du nombre de victimes), dans le jugement. Tout comme on tend à le faire, dernièrement, dans le cas des criminels à cravate…
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Michel Monette
Je partage totalement votre indignation. À Caroline : je crois que vous oublier l’essentiel dans cette histoire, un homme qui a fuit pour ne pas purger la sentence qu’il avait reçue. Peu importe son nom et ce qu’il a fait par la suite, cet homme doit subir sa sentence et une sentence supplémentaire pour s’être enfui. Je ne vois pas comment on pourrait accepter autre chose, sinon que de dire à tous les condamnés qu’ils seront désormais absout s’ils réussissent à prendre le large.
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Catherine
@Caroline:
Juste pour faire certaines précisions quant au cas « Polanski ».Ce n’est pas un cas de « détournement de mineur ».
Premièrement, ce terme (inadéquat et désuet) est souvent employé à tort pour désigner une situation où un adulte a des relations sexuelles avec un mineur ou un enfant en bas de l’âge de consentement. C’est une forme d’agression sexuelle. La logique est que la loi définit un âge en deçà duquel on juge qu’un enfant ne peut consentir à des contacts sexuels. Comme l’enfant ne peut consentir, son acquiescence alléguée aux contacts sexuels n’est pas pertinente. Ce type d’infraction met l’emphase sur la responsabilité de l’adulte de ne pas chercher des contacts sexuels avec des enfants.
Deuxièmement, dans l’affaire « Polanski », il n’y a pas de débat sur l’absence d’une telle « acquiescence », pas l’ombre d’un doute sur l’absence de « consentement ». La plaignante avait 13 ans, Polanski était dans la quarantaine. Polanski a saoûlé et drogué la jeune fille, et l’a forcé a avoir des relations sexuelles orales, vaginales et anales, et ce, malgré l’intoxication et les protestations de la jeune fille.
Troisièmement, le fait que la victime ait plus tard pardonné à son agresseur ne signifie pas qu’aucun crime n’a été commis, ni que l’agresseur n’a pas besoin de recevoir une sentence. Les infractions criminelles sont des offences non seulement à la victimes, mais principalement à la société. D’où le fait que même si la victime ne veut plus témoigner ou retire sa plainte, la Couronne peut tout de même procéder (et même forcer la victime à témoigner).
Finalement, en ce qui concerne Vincent Lacroix, je suis 100% d’accord qu’il a commis un crime très grave, et qu’il mérite une sentence correspondante. Cependant, ne s’agissant pas d’un crime violent, touchant à l’intégrité physique d’une autre personne, je pense que la Justice – et le porte-feuille des contribuables – serait mieux servie s’il purgeait une peine autre que 10-quelques années de pénitencier. Dans un tel cas, une sentence plus « créative » pourrait être appropriée. Par exemple, il y avait un cas où un informaticien avait été trouvé coupable de traffic de drogue. On l’avait condamné à une probation « créative »: créer pour le gouvernement provincial un site web destiné aux jeunes sur les dangers des drogues.
Quant à Vincent Lacroix, les intérêts de la société seraient mieux servis s’il était condamné à travailler « bénévolement » comme plongeur ou torcheur de planchers à l’Accueil Bonneau pour les 10-12 prochaines années, en retournant tous les soirs dormir dans une maison de transition avec ses nouveaux amis les détenus…
Non?
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Michael
*
Je voudrais apporter un témoignage à contre courant, une histoire datant d’il y a quelques années
Un homme de mon entourgae très proche a été accusé par sa femme de pédophilie à l’encontre de ses propres enfants.
L’histoire se passe au moment où le couple est en train de divorcer et se déchire pour la garde des enfants : elle veut la garde exclusive des enfants, lui demande la garde alternée.
Sur la base de cette accusation, l’homme est mis en garde à vue, mis en examen puis jeté en prison dans le cadre d’une incarcération préventive.
Après presque un an d’emprisonnement préventif, il est relâché, l’enquête ayant clairement établi qu’il s’agissait d’une accusation calomnieuse, la femme ayant reconnue la calomnie. A ce titre, il était en droit d’attaquer son ex-épouse.
Mais à peine venait-on de lui notifier sa reise en liberté, qu’il a été tout de suite convoqué par la juge (puis par certains services sociaux) qui lui ont expliqué que, pour le bien des enfants, il n’était pas nécessaire d’ajouter encore de la confusion à la situation familiale. La juge lui a bien fait comprendre que s’il portait plainte, la procédure serait très longue car jugée non prioritaire et qu’elle aurait très peu de chance d’aboutir.
Bref, si son innoncence n’avait pas été prouvée, il aurait passé de nombreuses années en prison. A l’inverse, on a estimé que la femme, qui avait voulu sciemment envoyer son ex-mari en prison, ne méritait pas la prison.
Bref, il a quand même porté plainte comme le prévoit la loi française et la la procédure est toujours en cours comme prévu !
Quant à la garde des enfants, il a obtenu la garde alternée au bout de deux après être sorti de prion au motif qu’il fallait « re-créer progressivement » le contact rompu avec ses enfants pendant son incarcération.
Je pense qu’il y a un problème d’équité. La femme aurait mérité de passer autant d’années en prison que celles que risquait de passer son ex-mari s’il avait vraiment abusé de ses enfants !
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Véronique
Michael,
Si la sentence de la femme aurait été « de passer autant d’années en prison que celles que risquait de passer son ex-mari s’il avait vraiment abusé de ses enfants ! »,
ça n’aurait pas été équitable puisque
1-il a passé un an (l’équité aurait été qu’elle passe un an aussi)
2- elle a reconnu la calomnie, le sortant par le fait même de prison (où elle l’avait fait entrer, je te l’accorde)
Je pense que tu parle émotivement en voulant seulement prouver que « les femmes aussi sont méchantes », ce qui est malheureusement trop souvent les commentaires des hommes quand des femmes critiquent les situations abusives qui leur arrive.
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Imace
Ah, l’éternelle rengaine des fausses accusations à l’occasion des divorces ! Ca faisait longtemps ! (2 mois en fait, sur ce forum).
C’est l’un des arguments massues des masculinistes, ils lui ont même donné un petit nom : le SAP (syndrome d’aliénation parentale, ne retenez pas le nom, ça n’a aucune base scientifique, le type qui l’a créé n’était même pas professeur d’université, juste bénévole :-p).
Bon, je copie-colle ma réponse de l’époque pour Michael :
Le mensonge masculiniste n’est pas de dire que les « accusations mensongères » existent. Mais de :
1/ leur donner un statut particulier (un nom, et même un Syndrôme tant qu’on y est !). Les parties mentent. Ce n’est pas un scoop. C’est même pour cela qu’il y a un-e juge^^.
Ce-tte magistrat-e a un Bac+8 (en France). Il/elle a l’expérience des tribunaux. C’est son rôle de séparer le faux du vrai, quelle que soit la matière. Et il est idiot de vouloir créer un nom pour qualifier les mensonges des parties dans CHAQUE matière des codes civil et pénal (on n’est pas rendues…).
2/ Leur donner un aspect unilatéral. Le mensonge est le fait de toutes parties, indifféremment de leur sexe. Certains pères ne se privent pas pour persifler au sujet de leur ex-épouses. Dans les procès pour viol, salir la victime est presque devenu la règle, la sobriété faisant figure d’exception.
3/ Leur attribuer une fréquence particulière. Rétablissons la vérité : les fausses accusations en matière sexuelle sont extrêmement rares. Vous voulez des matières où les parties mentent ?
– les litiges portant sur l’assurance (le nombre de sinistres fictifs, du style : “ouais, ouais, ma grange a spontanément pris feu, mon achat d’un gros jerrican d’essence la veille est une pure coïncidence”).
– les conflits de voisinage (là, c’est une vraie mine d’or^^).
4/ Prétendre qu’une telle accusation est facile et sans risque.
– “facile” ? Il faut cesser de croire que la justice, c’est comme à la TV. Pour porter plainte, vous allez devoir passer 3 barrages successifs : la police ; le procureur ; le(s) juge(s). En fait, très peu de plaintes font l’objet de poursuites pénales et aboutissent à un procès. Certes, il y a des erreurs, mais croyez-moi, le droit de la preuve et le “risque” de la preuve sont ainsi fait qu’on relâche 100 fois plus de coupables qu’on n’enferme d’innocents.
– “sans risque” ? En France, le délit d’accusation mensongère (L434-26 du code pénal) expose à 6 mois d’emprisonnement et 7 500 € d’amende. Il a pour but de sanctionner les recherches inutiles que le ministère de la Justice a du exercer.
On trouve à ses côtés le délit de dénonciation calomnieuse (L226-10 du code pénal) qui expose à 5 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende, et vise cette fois à punir l’atteinte à l’honneur de l’individu dénoncé. Ces 5 ans d’emprisonnement représentent 5 fois le temps de détention provisoire que vous alléguez, Michael.
Maintenant, quelques commentaires :
Ces délits peuvent être constitués suite à une relaxe motivée par un simple défaut de preuve. Revenons à notre article L226-10 du code pénal, si vous voulez bien lire son second paragraphe : « La fausseté du fait dénoncé résulte nécessairement de la décision, devenue définitive, d’acquittement, de relaxe ou de non-lieu déclarant que la réalité du fait n’est pas établie ou que celui-ci n’est pas imputable à la personne dénoncée ».
Un acquittement, une relaxe ou un non-lieu (qui reviennent tous à innocenter le prévenu, mais à des stades différents de la procédure) peut parfaitement résulter d’un défaut ou d’une insuffisance des preuves apportées par la victime. Quant au « nécessairement », je pense que ce terme est limpide pour tous : la dénonciation calomnieuse résultera automatiquement de la relaxe du prévenu.
En d’autres termes, si l’auteur présumé de l’infraction est protégé par les nombreuses garanties de la procédure pénale des dénonciations calomnieuses, ce n’est pas le cas de la personne qui aura porté plainte contre lui ! Une « dénonciatrice » a donc de très gros risques d’être inculpée et condamnée en étant innocente, pourvu que ses preuves ne convainquent pas la juridiction pénale.
Vous remarquerez d’ailleurs que dans ce cas, elle aura elle-même fait l’objet d’une dénonciation calomnieuse, puisqu’on l’aura injustement accusée d’un délit. Le dénonciateur calomnieux se révèle alors être celui qui se prétend victime d’une dénonciation calomnieuse. C’est y pas beau, le droit ?
C’est bien sûr nettement moins drôle quand ça oblige une personne victime de viol à verser des dommages et intérêts à son violeur, circonstance qui vous le devinez n’est en rien traumatisante.
Au-delà de cette délicieuse casuistique, je voudrais insister sur la dangerosité de ces inculpations de dénonciations calomnieuses. Si j’adhère pleinement à leur principe, elles sont devenues ces dernières années une arme utilisée systématiquement par les personnes suspectées de certains délits et crimes (et notamment dans le cadre des violences sexuelles) pour intimider les parties civiles. La peur de voir de telles poursuites intentées à son encontre dissuade de plus en plus de victimes de porter plainte. Permettez-moi d’illustrer :
– le 15 mars 2006, un homme est témoin de violences policières ; il communique à un député, Mr Gérard Bapt, les faits dont il avait été témoin, et ce député saisit l’autorité administrative chargée de statuer dessus, j’ai cité la Commission Nationale de Déontologie et de la Sécurité. Aussitôt, les gendarmes portent plainte pour dénonciation calomnieuse. L’homme, intimidé, signe sur les conseils de son avocat une transaction avec les policiers ; en vertu des termes de cette transaction, il acquitte une importante somme d’argent à chacun des policiers… Quelques mois plus tard, la Commission Nationale de déontologie et de la sécurité allait reconnaître la véracité de son témoignage et la qualification de violences policières.
– j’ai également eu connaissance d’une affaire où une femme – mariée au demeurant – avait attaqué son employeur pour viol et harcèlement sexuel. D’abord, la juridiction avait reconnu le harcèlement sexuel, en refusant d’admettre par ailleurs la qualification de viol sous prétexte que la relation sexuelle était consentie. Rien que ça, je trouve ça merveilleux, moi, ça m’arrive tous les jours d’avoir une relation amoureuse libre et chaleureuse avec une personne qui me fait bouffer du Prozac à longueur de journée et m’a mise en arrêt maladie pour dépression nerveuse pendant 3 ans. M’enfin, passons.
Le viol n’a donc pas été reconnu, car la victime n’est pas parvenue à établir juridiquement son absence de consentement. Relaxe du prévenu de ce chef d’inculpation, alors qu’il est, je le rappelle, condamné par ailleurs pour harcèlement sexuel. Le prévenu attaque son ancienne employée pour dénonciation calomnieuse ; comme il a été relaxé, il gagne automatiquement. Elle sera in fine condamnée à reverser à son ancien employeur les indemnités qu’elle a reçues de lui suite à sa condamnation pour harcèlement sexuel. Comme quoi le cas de la victime de viol qui doit indemniser son violeur n’est hélas pas fictif.
Ai-je apporté quelques nuances à votre vision, Michael, ou campez-vous sur vos positions ? Sachant que je ne préjuge en rien de votre affaire, et je ne le ferai pas sur la base de votre seul témoignage, j’ai à cœur le principe du contradictoire. Et vous êtes à la fois rapporteur (celui qui raconte) et partie (puisque lié à la personne dénoncée). Bien sûr, si vous vouliez bien nous communiquer un lien vers le jugement de relaxe de votre ami, s’il est publié sur Legifrance, ça changerait tout.
Et si vous voulez consulter mes sources (en passant, vous remarquerez qu’elles proviennent toutes du gouvernement et non d’institutions privées défendant telle ou telle cause) :
http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i1799-t1.asp#P2303_414383 (voir point 370).
http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?cidTexte=LEGITEXT000006070719&dateTexte=20091030 (voir articles L434-26 et L226-10).
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Stéphanie
Je crois tout de même important de dénoncer le recours à de fausses accusations même si celles-ci se rendent rarement en cours. Si cette histoire est véridique, je peux comprendre le sentiment d’injustice de cet homme ne pas pouvoir officialiser son innocence pour des raisons de délais de cour interminables.
Une fausse accusation ce peut être aussi une plainte à la police pour accuser faussement un homme de violence conjugale. Même si elle ne donne pas lieu à un procès, l’accusation va causer des dommages à la réputation de l’homme. Il y a aussi les menaces de plaintes.
Bien entendu, tu as raison Véronique de souligner toutes les étapes nécessaires vers un procès et qui sont difficiles à franchir même pour la victime réelle d’un crime à caractère sexuel. C’est vrai que ça décourage plusieurs femmes, puisque la peur d’être accusée de calomnie peut s’ajouter à la peur d’être soupçonnée, même si ce n’est jamais « officiellement », d’avoir encouragé l’agression.
Aucun des deux sexes n’a l’exclusivité de la vertu ou du mensonge. Il est important que notre indignation devant une injustice ne nous amène pas à fermer les yeux sur les exactions commises par notre propre sexe pour ne voir que celles commises par l’autre.
Je suis sans doute trop utopiste mais j’espère qu’un jour il sera devenu commun que les deux sexes œuvrent ensembles contre les injustices quelles qu’elles soient.
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Ray
Bonjour à vous tous, tout ça c’est bien beau mais peu importe ce que vous direz, peu importe si vous criez à l’injustice, je pense qu’on a suffisamment parlé et parlé et parlé. C’est tout ce que l’on fait et rien ne change et même que ça empire dans tous les domaines.
Tous ces problèmes d’équité, d’injustice, de manque d’éthique ou autre sont toujours reliés soit à l’argent, soit au pouvoir, soit aux deux. En plus il y a le sexe évidemment, l’incontrôlable petit péché mignon d’une grande majorité masculine.
C’est de corruption à petite ou à grande échelle dont il s’agit et nous le savons toutes mesdames n’est-ce pas? Reste à savoir si on jour on aura des *couilles* nous aussi pour se faire respecter vraiment et cesser de crier au loup car personne ne nous écoute.
Mais, pour cela on se doit d’être solidaire, denrée également très rare chez la gent féminine où le bitchage est *in* ainsi que les trahisons, les humiliations entre filles etc etc. QUE FAIRE? A SUIVRE…
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Abusdepouvoir
Gilbert Rozon se prononce contre la grève des étudiants. Se pavane comme un jar en disant que les lois doivent être respecter. Si vous êtes intelligent deux minutes, je n’aurais pas besoin d’argumenter plus longtemps.
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Marie-Élaine
Vous faites référence aux accusations d’agression sexuelle auxquelles M. Rozon a fait face?
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1transitive
3palatable
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