Les rêves des unes au profit des autres.

«C’est très fort parce que y’a un calendrier qui se vend 25 000 copies. C’est très fort parce que ça fait parler beaucoup. C’est très fort aussi parce que y’a beaucoup de gens qui trouvent ça ridicule. Mais la réalité c’est clair que la femme objet ça marche encore.» Gilles Parent

Hier encore, je suis passée dans un dépanneur Couche-Tard en me promettant bien de boycotter cette chaîne et ce, dès l’année prochaine. En effet, chaque année, c’est au détour d’un achat que je me souviens que j’habite Québec, connue pour voter oui aux partis conservateurs et adéquistes, oui à Jeff Fillion et à sa fichue liberté d’expression. C’est à Québec que plus de 50 000 personnes sont sorties dans les rues pour défendre le porte-parole des «angry young white man», tous accrochés à leur radio X. C’est cette même chaîne qui a orchestré pour la première fois, vers la fin des années 90, le concours du calendrier dreamteam, au même moment où on faisait tirer une paire d’implants mammaires. Cette opération marketing a envahi une bonne partie du Québec et ce, dès la fin du mois d’août. On invite alors les jeunes femmes à venir auditionner dans les bars de la province afin de se mériter une place au sein du tristement célèbre calendrier. Pas n’importe quelle femme, évidemment. Les messages publicitaires passés en boucle à la station font bien de nous rappeler «si ça ne pend pas jusqu’au nombril», vaut mieux rester à la maison. Et que «si l’on croit que la vraie beauté est à l’intérieur», vaut mieux se creuser un trou et y rester. Marre d’avoir ces paires de fesses bien bombées et bien brillantes dans la figure chaque fois que le besoin de cochonneries d’un autre genre, j’ai décidé de rédiger une série d’articles expliquant ce en quoi consiste réellement ce concours. Pour ce faire, j’ai visionné le documentaire Ma voisine est une pin up, réalisé en 2007 par Matthieu Clément, qui enseigne présentement à l’UQAM. Venant plus ou moins subtilement glorifier le tout, le documentaire présente une vision de l’intérieur de ce concours. J’y ai trouvé plus de substance que nécessaire à l’écriture des trois articles à venir. Le premier portera sur la Team, c’est-à-dire sur l’organisation de cette opération marketing et ses implications commerciales. Cet article vous semblera un peu technique. Je tiens en effet à expliciter quelles sont les implications commerciales de ce concours en faisant lumière sur les différents acteurs qui en profitent. Ensuite, nous nous pencherons sur le Dream, ce à quoi aspirent les «filles» en se mettant à nu pour les 25 000 consommateurs qui se procureront le calendrier. Fait intéressant : tout au long du documentaire, jamais ne réfère-t-on aux participantes en utilisant le terme «femmes». Finalement, nous serons en mesure de mettre ces informations en relation afin d’en soutirer quelques conclusions qui, je l’espère sincèrement, inspireront un plan d’action pour l’année prochaine. La pornographisation des imaginaires sociaux n’est pas un phénomène désincarné.

La Team

Le calendrier du dreamteam est un outil marketing élaboré à l’origine par CHOI Radio X. La station ayant été vendue par Patrice Demers au groupe RNC médias, le concours sert aujourd’hui les intérêts de go, tag et kyk, toutes réunies sous la bannière Radio X. Attention Montréal : j’ai lu entre les pages que RNC médias avait l’intention de diffuser sa programmation dans la métropole et ce, dans un futur proche. À chaque année, donc, la chaîne radiophonique organise une vaste campagne de sélection dans les bars de la province. Au bout du compte, 300 jeunes femmes se présenteront devant le jury, composé des animateurs de la station. Au cours de ces soirées, 36 seront sélectionnées et devront passer le test final, une courte séance de photo et ce, en petites tenues. Le dévoilement des gagnantes a lieu au cours d’une soirée «courrue et arrosée» et provoquera, selon les participantes, la frénésie ou la consternation. Le prix : un voyage en République Dominicaine, au cours duquel les gagnantes devront effectuer un dernier shooting, pour le magazine Summum, dont je critique allègrement le contenu dans cet article. L’ensemble de leur participation à ces activités promotionnelles ne sera jamais rémunéré. Ce qui permet sans doute à cette campagne publicitaire d’être si lucrative, mais qui n’enlève pas à la sélection son caractère compétitif.

«T’as 36 filles qui viennent pis ont leur dit : écoutez, il faut que vous soyez à votre meilleur parce que ce que vous allez faire comme photos, c’est ça qui va déterminer si oui ou non vous faites le calendrier. Quand t’arrives au maillot de bain j’m’excuse mais si t’as le cul un peu trop gros, tu passes pas, si t’as de la cellulite, tu passes pas, si t’es un peu… C’est vraiment tragique là moi je trouve ça épouvantable, c’est vraiment dur pour les filles.» (Gilles Parent)

Le processus de production du calendrier, qui va de la campagne de sélection à la vente du produit final, permettra à plusieurs commerces d’acquérir de la visibilité et de faire fructifier leurs profits. «On veut plaire au plus de monde possible. On pourrait vous montrer les chiffres, la femme vend.» On fait donc de la géodésique de l’esprit, c’est-à-dire que l’on cherche le chemin le plus court entre le portefeuille de la population et les poches d’une petite élite commerciale. Voici les entreprises qui profiteront de ce concours et leurs principales propriétés:

– RNC médias : radio x et planète, TVA Gatineau, TVA Abitibi-Témiscamingue, V Gatineau, V Abitibi-Témiscamingue, Radio-Canada Abitibi-Témiscamingu

– Genex communications : Summum magazine, Summum Girl, Ciné-horaire, Xpose réseau, Matinternet, Pop média, Production NewRock, Reload, Showbizz.net, Agence News, ..

– Les compagnies de bières, particulièrement Molson, reconnue pour ses publicités à caractère pornographique

– La chaîne de sexshops Kama Sutra, qui commandite fièrement l’événement

– Alimentation Couche-Tard, dont on retrouve plus de 2 000 succursales au Canada et plus de 3 000 à l’étranger.  Fait intéressant : Couche-Tard serait «pire que McDonald’s et Wal-Mart», selon la CSN.  En effet, la succursale de Beloeil a été fermée alors qu’elle était en voie de syndicalisation.

– Les bars où ont lieu les activités du dreamteam : Le Palace de Québec, le St-Josef de Québec (dont le propriétaire détient aussi le bar 447), les bars le Campus, la Boîte à chansons de Gatineau, le Freddy’s de Sainte-Marie de Beauce, le Space-Club de Québec, la Boulathèque de Lévis, L’autre Zone de Québec, Le Balmoral de Montréal, le Temple de Trois-Rivières et bien d’autres encore.

Évidemment, comme les filles effectuent toute cette promotion de manière bénévole, «on les traite comme des filles qui ne sont pas payées. Évidemment, avec beaucoup plus de respect Heureusement, car comme le soulignait Raffaëlla Anderson, ancienne actrice pornographique, «les filles du X n’ont toujours été que des trous à bonhommes. » (Hard, 2001)

Les participantes du dreamteam ne sont pas des filles du X. Est-ce pour cette raison que leurs petits copains sont interdits lors du voyage final en République dominicaine? À titre de modèles, il faut que les participantes restent entièrement disponibles à la vue pour que la cinquantaine de fans qui les accompagnent puissent s’en donner à cœur joie.

«Hey là, on un beau p’tit panorama!», dit Jean-Guy. «C’est tout du bonus ça. Essaye de trouver une plage ou qu’tu vas t’installer pis que tu vas avoir les filles d’un calendrier toutes en avant de toi.» Surgit de sa bouche ce que je pourrais qualifier de gros rires gras.

Il continue :

«Les filles sont toujours en avant de nous autres. Ça adonne comme ça là, on fait pas exprès!», renchérit-il, en faisant mine d’oublier qu’il a déboursé une somme considérable pour s’y trouver. «Laurent m’a appelé pis y m’a dit : Jean-Guy, on fait un voyage de gars. J’ai été surpris d’voir que ses chums avaient amené leurs blondes. »

Gilles Gagné nous explique :

«C’est pas tout le monde qui a les mêmes intentions durant le voyage. C’est pas tout le monde qui vient nécessairement pour essayer d’coucher avec une fille du dreamteam. On peut penser qu’y’en a qui ont ça dans tête. J’pense c’est très différent pour ben du monde, par contre pour moi c’est très facile.» Et le voilà à son tour contaminé par le syndrôme du gros rire gras.

La création du calendrier dreamteam contribue à la pornographisation de l’espace public et des imaginaires sociaux. Les objectifs de ce concours sont clairs : vendre. Des cotes d’écoute, de la bière, de la publicité. Il est d’ailleurs intéressant de noter que le tout profite particulièrement à deux entreprises intimement liées : RNC médias et Genex communications.  Cela n’a rien à voir avec l’expression artistique d’individus quelconques. Tout au long du documentaire, j’aurai entendu l’animateur Gilles Gagné déplorer certains aspects de cette opération marketing tout en l’observant prendre plaisir à y participer, pour «le côté voyeur». Comme le soulignait Tony Anatrella : «la révolution sexuelle n’a pas eu lieu dans le sens d’une plus grande qualité dans les relations entre les hommes et les femmes. Elle a surtout libéré la sexualité infantile, celle des pulsions partielles – l’exhibitionnisme, le voyeurisme, le masochisme, le sadisme…»

À venir : la présentation du point de vue des participantes.

Source : Poulin, Richard.  2004.  La mondialisation des industries du sexe : prostitution, pornographie, traite des femmes et des enfants.  Ottawa : Éditions L’interligne, 419 p.

26 Comments

  • Fanie
    26 janvier 2010

    Très bon article, Valérie. Je n’avais jamais entendu parler de cette « Dreamteam » et je trouve ça tellement dénigrant, autant pour les femmes que pour les hommes. :-/

    J’ai très hâte de connaître la suite de ton article. Je me demande sincèrement « pourquoi » une femme voudrait s’embarquer là-dedans. J’imagine que c’est parce que le regard des autres sur soi et la confiance viens grandement en jeu.

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  • Isabelle N.
    26 janvier 2010

    Ton article me rappelle, Valérie, que je n’ai pas que de bon souvenirs suite aux 8 ans passés à Québec! Mais voilà que je lis avec horreur que d’autres villes participent à ce concours dégradant! S’en sortira-t-on jamais?

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  • Stéphanie
    26 janvier 2010

    Il ne faut pas se limiter à la dénonciation de ce genre de concours, il faut aussi envoyer un message de responsabilisation aux filles. Même en connaissant tout le conditionnement de la culture et de la publicité qui a récupéré les codes de la pornographie, il faut faire réaliser aux filles qu’elles ont la possibilité de refuser d’être traitées en objet.

    Les filles qui participent ou rêvent de participer à ces concours devraient selon moi s’interroger sur les raisons qui les motivent. Ce sont de bien piètres moyens de valorisation.

    Il est difficile pour les jeunes de ne pas être influencé(es) par la pornocratisation de la société. C’est pourquoi il est si essentiel d’élever les enfants de façon à développer leur esprit critique et leur estime de soi.

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  • Edenne
    27 janvier 2010

    Merci Valérie de soulever la problématique de la banalisation de la soft porn par les calendriers de la « Dream Team ».

    Quel n’est pas mon dégoût à chaque fois que je mets les pieds malgré moi dans un dépanneur Couche-Tard. Les affiches promotionnelles pour la Dream Team sont omniscientes, impossible de ne pas y jeter un regard.

    Le fait que les candidates ne sont pas rémunérées nous amène à nous poser la question suivante : « Si ce n’est pas pour des motivations pécuniaires, qu’est-ce qui poussent toutes ces « filles » à se déshabiller pour le Québec? » En parallèle, il y a ces fantastiques chaînes télévisuelles (lire TVA et V et même Radio-Canada Abitibi-Témiscamingue?!), de même que notre brasserie préférée, Molson, qui récolteront des revenus durant le processus.

    Ce qui est offensant dans la réalisation du calendrier de la Dream Team n’est pas tellement l’idée derrière celui-ci (soit une stratégie de marketing se fondant sur la femme-objet/la femme putain), mais plutôt la popularité dont il jouit auprès des clients de dépanneurs, des auditeurs de Radio X, de la clientèle de certains bars de Québec…

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  • Valérie
    28 janvier 2010

    Oui, la popularité dont il jouit et aussi la ‘culture’ à laquelle il contribue. Comme Fanie l’a mentionné, le tout est aussi dégradant pour les hommes, qui se voient réduits et encouragés à agir comme des … comme des gens qui manquent beaucoup de classe. Et il y a des gens qui profitent beaucoup d’alimenter la médiocrité de certains groupes sociaux. Je ne connais personne avec un réel esprit critique qui apprécie réellement cette mouvance. Je vous vends un punch : mon frère de 19 ans avait reçu des passes VIP pour assister au lancement du calendrier. J’avais entamé la rédaction de cet article avant Noël, il avait regardé le documentaire que j’avais loué et l’avait trouvé vraiment moche. Comme la première partie de la soirée était un hommage à Métallica, il y est allé. Imaginez-vous donc que malgré la bière gratuite à volonté, il ne s’est pas laissé emporté par l’ivresse et est parti avant que les filles n’entrent en scène. J’étais si fière de lui. Il a pris position et a agi en conséquence. Comme quoi tout n’est pas perdu.

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  • global
    28 janvier 2010

    Edenne dit :  » Le fait que les candidates ne sont pas rémunérées nous amène à nous poser la question suivante : « Si ce n’est pas pour des motivations pécuniaires, qu’est-ce qui poussent toutes ces « filles » à se déshabiller pour le Québec? »  »

    Cette question en amène une autre voire plusieurs : peut-on forcer toutes les femmes à adopter une attitude féministe ? le féminisme est-il réellement la solution pour toutes les femmes ? le féminisme rendrait-il forcément toutes les femmes heureuses ? le féminisme n’est-il pas un combat égoïste guidé par des préoccupations strictement personnelles ?

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  • Valérie
    28 janvier 2010

    Je vous donne un deuxième punch : ces filles le font car elles aiment être starifiées. Est-ce une bonne raison?! J’en doute. Au cours du documentaire, on les voit hésiter, douter du bien-fondé de la chose, puis être encouragée par l’équipe de choi à performer. Un mauvais choix n’est pas un choix. Si nous étions d’une autre époque, j’aurais été jusqu’à parler de corruption de la jeunesse. Cette question dépasse largement le féminisme. En fait, chaque question dite féministe est avant tout un problème touchant des êtres humains. L’idée n’est pas d’adopter des attitudes féministes, mais bien de viser à s’élever tous ensemble dans la dignité. Ultimement, c’est une question de respect de l’intégrité de la personne. Je ne l’ai pas mentionné dans cet article, mais choi monte en parallèle des capsules visant à ridiculiser les participantes du concours, dans le but évident de récolter de nouvelles cotes d’écoute. Le résultat : non seulement les filles du dreamteam sont transformées en pin up, mais elles sont présentées comme étant stupides. Ce qui est spécifique à l’humain, je crois, c’est sa capacité à penser et à aimer. On s’en éloigne…

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  • Imace
    28 janvier 2010

    @ Valérie : Tous ces concours visent des adolescentes et de très jeunes femmes, ce n’est pas un hasard.

    L’expérience nous apprend à détecter les pièges et à nous protéger. Je pense que la jeunesse n’est pas toujours consciente des risques qu’elle prend (par exemple, ces femmes vont devoir supporter cette image dévalorisante de pin-up prête à tout pour la notoriété pendant les 30 prochaines années…).

    C’est pourquoi il me semble vital qu’on dépasse le débat du consentement (à être prostituée, à être battue, à être réifiée, etc.) pour réfléchir à la façon de sanctionner ceux qui tirent les ficelles en coulisse et profitent de la candeur et/ou du narcissisme des candidates.

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  • Stéphanie
    28 janvier 2010

    Je viens de lire le commentaire de nourrice (NDLR: ce commentaire a été retiré.) et quelque chose me chicotte un peu.

    Est-ce qu’on a bien vérifié que toutes les membres du blogue étaient bien authentiquement laides? C’est qu’on a une réputation à maintenir, quand même! Il ne faut pas décevoir nos fans!

    Afin d’être certaine de ne jamais souffrir du syndrome de l’imposteur (de l’impostrice?), je vais me faire greffer une moustache et une culotte de cheval! Quelqu’un a une verrue à me passer, j’ai fais brûler les miennes (en même temps que mes soutien-gorges) 😀

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  • Imace
    28 janvier 2010

    @ Stéphanie : lol !

    Pour ma part, je pense pouvoir arborer au moins un bec de lièvre et un strabisme convergent, en m’appliquant un peu. Et je peux emprunter un marcel jaune vif à mon copain pour complêter le tableau !

    Ca me rappelle une collègue de travail, au Luxembourg, qui m’avait conté une anecdote sur son hôtesse lors d’un voyage professionnel, d’après elle « féministe au point d’avoir du poil sur les jambes ». Ca m’avait tellement fait rire que je l’avais invitée à mesurer l’authenticité de mon engagement sur la base de la longueur des poils de mes bras (uniquement les bras, car hélas, ce jour-là je n’étais pas très militante, je veux dire : je venais de me raser).

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  • Valérie
    28 janvier 2010

    Oui, et ça nous éloigne du sujet. C’est marrant, je tenais des propos féministes sur un certain forum de discussion. Les gens me prenaient plus ou moins au sérieux, pensant sans doute que je n’étais qu’une laide jalouse. Un jour on m’a vue en personne, et on a décidé que je devais être une exception. *roule les yeux*
    Dans le documentaire que j’ai visionné, le photographe qui s’occupe du dreamteam affirme qu’il n’a jamais vu de féministes avec lesquelles il ferait ce genre de photos. Je m’empresse donc d’écrire le prochain afin de partager avec vous cette succulente citation.

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  • Valérie
    29 janvier 2010

    Je dois quitter, mais je reviendrai. Je vous laisse sur ces paroles :

    «Ce n’est pas la liberté que d’avoir la permission que d’aliéner sa liberté.» John Stuart Mill

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  • Imace
    30 janvier 2010

    @ Rigole : la liberté renvoie au consentement.
    Le consentement n’est pas une valeur absolue.
    Il s’arrête où commence l’ordre public, notion juridique qui signifie « ce à quoi on ne peut toucher sans ébranler les valeurs fondamentales de la démocratie.

    Ainsi, on ne peut consentir à vendre ses organes.
    Un nain ne peut consentir, même contre rémunération, à servir de projectile dans un concours de « lancer de nains » organisé par une fête foraine.
    Etc.

    C’est amusant de constater que c’est toujours l’agresseur, l’avilisseur, l’opprimeur, qui invoque le plus fort la liberté de sa victime à rester victime.

    En outre, les personnes sur ce forum dénonce l’action et souhaiterait sensibiliser les jeunes femmes aux tendances que sous-tend cette pratique marketing, et les cibles marketing (i.e. tout un chacun) à son caractère avilissant.

    Donc avant de crier « et la libeeeeerté ! » encore faudrait-il pointer la restriction opérée à la dite liberté. Sinon ça fait très immature !

    Et en l’espèce, communiquer un message différent de « ô c’est trop cool de traiter une douzaine de jeunes femmes comme des marchandises », ce n’est pas une restriction à cette liberté. Par contre, venir polluer un forum pour dire « vous avez pas le droit de dire ça » c’est une tentative pour restreindre NOTRE liberté d’expression.

    Pour finir, une actrice porno n’a pas une sexualité débridée, elle se soumet à des actes sexuels en l’échange d’une rémunération. Je traduis : elle ne jouit jamais. Si vous en faites le summum de la libération sexuelle féminine, je suis prête à parier que vous n’avez jamais fait jouir une femme.

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  • Yolina
    1 février 2010

    Je participe parfois à ce genre de concours. Je ne me suis jamais sentie ni exploitée ni rabaissée à cette occasion. c’est une passion comme une autre, pas moins respectable que les autres. De surcroît, je ne fais de mal à personne ni à moi-même étant donné que je reste lucide quant à ce qui anime ceux qui organisent ce genre de choses.

    En revanche, j’éprouve un certain malaise à la lecture de ce qui est dit ici. On parle de moi comme d’une incapable à se gérer elle-même, comme d’une pauvre fille victime de la société, bref comme d’une petite sotte qui oeuvre contre elle-même, tout cela parce qu’elle manquerait d’éducation et d’information.

    Sachez que je suis des études supérieures en sciences, que je suis à l’aise avec ma famille, avec mon petit ami et en société mais que j’ai su garder un espace de détente dont la légèreté me permet de rester ouverte au monde, loin des préjugés et des sanctions définitives.

    J’assume.

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  • Imace
    1 février 2010

    @ Pierre : ce n’est absolument pas le sujet, juste un exemple. Ce qui ne m’empêche pas de réfuter votre discours.

    Si vous adoptez une perspective personnelle, je vais vous dire, il est tout-à-fait possible de défendre le droit à vendre un rein contre un passeport pour les Etats-Unis. La personne vivra probablement mieux, avec un seul rein mais de quoi manger tous les jours dans un pays démocratique.

    Doit-je argumenter longtemps pour vous démontrer toutefois qu’au plan collectif, ce genre de pratiques enlaidissent notre monde, qui devient un lieu où les riches peuvent faire ce qui les amuse des pauvres ?

    Si votre ami est au chômage, ce n’est pas parce qu’on a interdit un « jeu » qui reposait sur l’humiliation symbolique d’une partie de la population. C’est peut-être, par contre, parce qu’il est discriminé en tant que nain. Il faut donc se battre pour faire cesser cette discrimination, au lieu de larmoyer parce qu’on refuse qu’ils survivent en acceptant d’être traités comme des bêtes de foire. Ce qui accessoirement accroit les préjugés des gens et in fine la discrimination des nains.

    Vous prenez le problème à l’envers.

    Pour votre gouverne, sachez d’ailleurs que l’arrêt de Conseil d’Etat faisait suite à la plainte… d’une association de défense des personnes handicapées. En d’autres termes, ce sont des nains eux-mêmes qui s’en plaignaient, pas des « bonnes âmes bien pensantes ».

    @ Yolina : vous assumez aussi le fait que, quand MOI je marche dans la rue, il va forcément y avoir un imbécile pour me siffler ou me faire un « compliment » injurieux ? Parce que cet état d’esprit (les femmes sont des jouets sexuels à disposition de tous), vos « hobbies » le renforcent directement.

    VOS choix ont un impact sur MA vie.

    Alors pardonnez-moi, mais si vous n’êtes pas victime, vous êtes complice. Et je ne cesserai pas de critiquer de tels « concours », je me bornerai à passer de la compréhension à l’agacement vis-à-vis des candidates.

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  • Valérie
    1 février 2010

    Yolina, C’est marrant, c’est un argument qui revient tout au long du documentaire : elles font des études supérieures, regardez, elles sont intelligentes! Et alors?! J’étais un jour très intelligente et j’ai envisagé la prostitution comme une expérience possible pour moi. Le simple fait d’y penser ou de le faire ne constitue pas un argument en soi. J’aurais mille et unes raisons pour ne pas participer à ce concours, avez-vous une raison SUFFISANTE pour y participer?! Que ferez-vous lorsque vous commencerez à penouillez de partout (tel sera notre lot à toutes), vous n’aurez d’autres choix que de changer de passion. Je crois que les propos cités dans ce premier article ont bien démontré que les personnes qui orchestraient ces concours n’avaient AUCUN RESPECT AUTHENTIQUE pour les participantes. Oui, le présent article avait comme objectif de démontrer que l’on avait ici affaire à une grosse machine chercheuse de profit. D’ailleurs, regardez toutes ces entreprises. Et relisez encore les commentaires de Gilles Gagné. Vous avez beau être une fille intelligente mais malheureusement, vous avez encore besoin que l’on acclame votre beauté. Si vous encouragez un tel système, j’imagine que vous n’aurez aucun problème le jour où votre amoureux ira acclamer la beauté d’une autre? Car si c’est bien pour vous, ce sera bien pour les autres. Personnellement, je suis plutôt contente de savoir que si une telle idée me passait par la tête, il serait le premier à m’en décourager. Sur ce, je vais travailler, et tenter d’expliquer aux passages à ces élèves du secondaire que ces filles ne sont pas des  »putes » et méritent le respect tout autant que les autres. Parce c’est ce qu’ils disent, madame. Et c’est alors que je dois prendre beaucoup de temps pour leur expliquer que ces si filles revêtent les codes de la prostitution, on leur doit le respect au même titre qu’à toutes les autres. Ils vont rougir, se taire, rigoler un peu… et recommencer.
    Cela dit, à celui qui disait que ce n’était pas de la porn… J’imagine qu’il qualifierait le tout  »d’érotisme ». L’érotisme a la même fonction que la pornographie, c’est à dire faire bander. Le système prostitutionnel et l’industrie pornographique sont intimement liés : pour en apprendre davantage, lire les nombreux ouvrages de Richard Poulin, sociologue à l’Université d’Ottawa. Ou simplement écouter régulièrement choi radio x. Vous verrez à quel point on y respecte les gens en général. Pour monsieur Pierre : la culture Radio X vise surtout des gens ayant une certaine pauvreté culturelle. À Québec, on associe cette chaine à Vanier, un quartier populaire de la ville. Mon frère ayant assisté à la première partie du lancement du calendrier, il m’a affirmé que ce n’était pas très glorieux. Je ne vois pas pourquoi il faudrait trouver des alternatives à ce genre de concours. Les gens autour de moi s’en passent et vivent très bien. Je pense que nous devons surtout faire un certain travail d’éducation quant à la nature de ce concours.

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  • Yolina
    1 février 2010

    Valérie,

    Votre ton confirme mes premières impressions sur ce qui est dit ici.

    vous me dites que j’ai beau être une fille intelligente mais malheureusement, j’ai encore besoin que l’on acclame votre beauté. Oui, et alors ? vous préférez peut-être qu’on vous dise que vous êtes laide ?
    le fait d’être intelligente (comme vous dites) dispense d’avoir envie de plaire ? n’y a-t-il jamais eu dans votre vie des occasions ou vous vouliez juste entendre dire que vous étiez belle, par exemple de la part de votre compagnon ? sachez que votre vie n’est pas forcément représentative non plus de la société et que ce qui est au top de la convenance pour vous peut l’être beaucoup moins pour d’autres.

    @ Imace,

    C’est trop d’honneur que vous me faites en me confiant ainsi la responsabilité de votre destinée mais comme vous le faites justement remarquer à quelqu’un d’autre c’est d’abord à vous de prendre votre vie en main au lieu de larmoyer. Ce n’est pas le plus important.

    Le pire c’est le ton mençant que vous utilisez « si vous n’êtes pas victime, vous êtes complice. » comme au bon vieux temps de la dictature où l’on était avec le pouvoir ou contre lui.

    Enfin je note que vous semblez réellement vous aimer beaucoup au point de penser que tous les hommes rêvent de vous croiser au hasard des rues pour vous siffler.

    Comme le dit si élégamment Valérie, lorsque vous commencerez à penouillez de partout peut-être regretterez ceci , sait-on jamais ?

    J’assume avec honnêteté ce que je suis et ne voudrais pour rien au monde être le relais zélé d’un nouvel ordre consternant.

    Lol.

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  • Imace
    1 février 2010

    @ Yolina : je croyais à votre sincérité lors de votre premier post, mais je commence sérieusement à en douter… Enfin bon, je vais répondre comme si vous étiez vraiment une candidate, et non pas un énième troll qui feint d’être une femme car il pense que cela donnera plus de poids à son discours.

    J’utilise beaucoup de métaphores. Vous vous prétendez intelligente, pourtant visiblement elles vous échappent. Alors je vais clarifier :

    Avez-vous un impact quelconque sur le type qui me siffle dans la rue ? Non. Au point de vue individuel, TOUT ce que vous ferez aura un impact strictement nul sur la vie d’une personne qui vit à des milliers de km de chez vous.

    Maintenant, en prenant votre comportement comme un modèle, càd en prenant en compte TOUTES les personnes qui adoptent le même comportement que vous, là les conséquences émergent pour nous toutes.

    Et qui est responsable du type qui me siffle dans la rue ? Moi, qui ne me soumet absolument pas à l’injonction à plaire et rembarre vertement ceux me confondent avec un morceau de barbaque appétissant ? Ou vous, qui semblez frémir de plaisir qu’on compare sur des fora Internet la forme de vos seins ou la couleur de vos yeux ?

    Je n’ai AUCUNE responsabilité dans le comportement de ce type qui me siffle. Vous, si. Certes, là où je vous rejoins, c’est que le premier responsable, ça reste bien l’imbécile qui se permet de siffler. Ensuite viennent ses copains qui l’encouragent. Et les organisateurs du type de concours qui semblent vous séduire. Sur le plan de la responsabilité, vous êtes loin derrière tous ces gens-là… Mais aussi loin devant moi.

    Ensuite, vous dites que j’ai une haute estime de moi parce que je pense que des hommes *rêvent* de me siffler ? Mais je ne pense rien du tout, je le subis régulièrement !

    Le plus drôle, c’est que vous utilisez ce quiproquo (confondre l’indicatif et le conditionnel… No comment) pour prétendre que JE suis narcissique ? Dois-je vous rappeler qui accepte de concourir à des jeux de sélection basée sur son physique pour vous faire sentir à quel point votre accusation est ridicule ? Sans compter que vous débarquez sur un forum pour affirmer dans votre premier post que vous êtes belle et intelligente^^. Mais vous avez raison, je suis vaniteuse.

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  • Yolina
    1 février 2010

    Imace,

    Relisez donc mon premier message ! Contrairement à ce que vous dites, je n’y prétend pas du tout être belle et encore moins être intelligente. Avec un peu plus de tolérance, votre lecture serait moins approximative.

    Ne soyez énervée simplement parce qu’une « sotte à concours de beauté » vous tient tête. ça ne changera pas votre vie !

    Respirez.

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  • Imace
    1 février 2010

    @ Yolina : « vous me dites que j’ai beau être une fille intelligente mais malheureusement, j’ai encore besoin que l’on acclame votre beauté. Oui, et alors ? »

    Ce sont vos mots (même si il y a des problèmes dans les pronoms et que vous ne distinguez pas les citations de vos réponses). Vous reprenez à votre compte les deux expressions de Valérie : vous admettez avoir « besoin qu’on acclame votre beauté » et « être intelligente ». Je n’ai rien inventé.

    Et je ne suis pas énervée par vos propos, vous projetez vos émotions^^. Au contraire, je vous ai répondu car votre discours recèle d’arguments qui, comme le pointe très justement Valérie, sont récurrents. Il me semble donc important de déconstruire ce discours basé sur la « liberté individuelle à s’abaisser » pour montrer que cette « liberté » peut être restreinte justement parce qu’elle affecte toutes les femmes. Comme le nain à qui on interdit d’être payé pour servir de projectile.

    En d’autres termes, vous n’êtes pas seule au monde. Nous sommes donc en droit de critiquer ces concours qui vous plaisent tant, car ils ont un impact sur nos vies et pas seulement la votre. Que vous aimiez ça, ce n’est pas un argument pertinent pour qu’ils deviennent tout d’un coup, comme par magie, légitimes.

    @ Maurice : I don’t feed the trolls. Merci d’être passé.

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  • Janik
    1 février 2010

    Bonjour Imace,

    Je suis d’accord avec vos propos, mais je suis inconfortable avec cette affirmation: «J’utilise beaucoup de métaphores. Vous vous prétendez intelligente, pourtant visiblement elles vous échappent. Alors je vais clarifier :»

    Voici pourquoi. J’enseigne la sociologie à l’université. La majorité des étudiant-e-s n’ont aucune mesure de la façon dont la socialisation procède. C’est le règne de la pensée (néo)libérale, où tout s’arrête au choix individuel, où chacun est libre de faire ce qu’il ou elle veut (obstacles structurels?? de quessé??), où l’on évalue l’impact de nos gestes en fonction de ce qu’ils entraînent ou non dans notre entourage *immédiat*. Il n’y a aucune idée de la façon dont nos petits gestes quotidiens, pris collectivement, influent sur la société. Bref, on voit les arbres, mais rarement la forêt.

    Et qui en est responsable? Sur le coup de la frustration – et de l’exaspération -, il est certain que nous avons souvent le réflexe de fustiger les femmes – ou tout autre membre de groupe opprimé – qui souscrivent à ces idées. Je l’ai fait moi-même et il n’est pas exclu que je le fasse à nouveau. J’essaie seulement de me rappeler le contexte culturel et politique qui fait en sorte qu’une telle ignorance de la dimension «forêt» soit si répandue. C’est une fois la personne plus informée que je la considère davantage responsable de ses gestes. Qui plus est, cette démystification des mécanismes et des procédés de la socialisation doit se faire posément, sinon les personnes risquent davantage de résister et de se fermer à ces notions.

    @Yolina: bonjour Yolina, quand vous affirmez, en vous adressant à Valérie: «vous me dites que j’ai beau être une fille intelligente mais malheureusement, j’ai encore besoin que l’on acclame votre beauté. Oui, et alors ? vous préférez peut-être qu’on vous dise que vous êtes laide ?». Il s’agit du sophisme du faux dilemme, qui laisse entendre qu’il n’existe qu’une seule autre alternative à son interlocuteur, légitimant du coup la première. Il est certain que beaucoup d’entre nous souhaitons plaire, du moins minimalement, à la personne que nous aimons. Seulement, le degré d’investissement dans «le désir de plaire» varie et ce par quoi il est défini varie également. Personnellement, je n’angoisse pas à sortir non maquillée (comme beaucoup d’autres femmes que j’ai entendues), je ne désire pas que les gens dans la rue ou encore mes collègues «me trouvent belle» (pas plus qu’ils ne me trouvent laide – je prévois encore le faux dilemme ici;)). Malgré un souci certes minime, je suis davantage préoccupée par la façon dont ils et elles vont me trouver comme personne. Et toutes ces innombrables heures que je sauve (le temps que les femmes passent en moyenne à «sauvegarder» leur apparence est hallucinant) sont investies plutôt dans des activités intellectuelles, dans des rapports sociaux, dans de l’activisme. Voilà pour le degré d’importance. Ensuite, il y a le «ce» qu’on entend par beauté et ici je récuse l’idée de modèles uniques qui, malheureusement, font les pleines pages de calendriers comme celui auquel vous avez participé.

    «sachez que votre vie n’est pas forcément représentative non plus de la société et que ce qui est au top de la convenance pour vous peut l’être beaucoup moins pour d’autres.»

    Le problème, c’est que c’est davantage le modèle auquel vous adhérez qui contraint les autres. Regardez autour de vous. Écoutez le nombre de femmes qui passent leur temps à se plaindre de leur poids. Regardez le nombre de femmes qui se soumettent régulièrement à des diètes (et le nombre d’hommes qui ne le font pas). Écoutez les adolescentes qui se font des complexes au niveau de leur apparence. Voyez l’ampleur du problème d’anorexie (et sa proportion relative par rapport aux hommes). Regardez l’énorme part de dépenses que représentent l’achat de cosmétiques et de soins de beauté en tout genre, puis de vêtements griffés de l’autre. Je n’empêcherai aucune femme de le faire, mais nous sommes devant un problème significatif lorsque des femmes angoissent de ne pas pouvoir se payer toutes ces choses, ou se serrent la ceinture pour y parvenir.

    Les rares femmes qui entrent dans les idéaux de beauté «photoshopée» de nos magazines retirent peut-être une satisfaction de sentir qu’elles correspondent à une chose tant valorisée au sein de notre société. Mais lorsque une si grande part de la valorisation d’une femme s’appuie sur son apparence, et que les idéaux de celles-ci sont inaccessibles pour la majorité d’entre elles, il reste peu de place pour la reconnaissance de ce que nous avons entre les deux oreilles. Allons discuter politique et enjeux sociaux avec les messieurs qui préfèrent s’acheter des calendriers de «swimsuits» que s’informer sur les inégalités sociales que vivent les femmes… nous verrons (la faible) importance ou le (maigre) crédit qu’ils accordent à nos propos. Et ceci n’est pas une fabulation biaisée, c’est bel et bien mesuré par différents chercheur-e-s en sociolinguistique.

    Zut… j’suis encore partie sur un roman alors que je devais travailler :/

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  • Imace
    1 février 2010

    @ Janik : vous avez entièrement raison.
    Pour être franche, j’étais agacée que la demoiselle fustige ma soi-disant « trop haute opinion de moi-même », je trouvais que c’était quand même sacrément culotté de sa part !^^ Cette irritation a très certainement donné à mon argumentation un ton lapidaire.

    Mais je ne vous contredirai pas. Je suis d’accord avec vous : les gens ne réalisent pas le caractère « politisé » de ce qui leur apparaît comme des choix individuels.
    En outre, je suis encore d’accord avec vous sur l’origine de cette ignorance, à savoir une certaine conception libérale des droits fondamentaux, qui encense la liberté individuelle au détriment de l’intérêt collectif.
    Je suis toujours d’accord avec vous sur la tendance à s’en prendre aux groupes opprimés qui, parfois, renforcent le système faute de l’analyser.

    En gros, je n’ai rien à ajouter, je suis d’accord avec vous sur toute la ligne^^.

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  • Yolina
    1 février 2010

    La lassitude aidant, je n’opposerai à vos longues réponses que le bon sens et une certaine ouverture d’esprit en libérant l’espace de dialogues pour que tout le monde puisse en profiter.

    J’assume … quels que soient les méandres confus de certaines réflexions et de la préciosité qui les entoure.

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  • Louison
    1 février 2010

    Bonjour,

    Je voudrais apporter mon point de vue quant à l’importance des comportements individuels au regard de la cohésion sociale, ce point ayant été abordé ci-dessus.

    L’étude des modèles sociétaux et des échanges sociaux se détourne petit à petit vers une assimilation que je qualifierais de « forcée » tant les postulats contradictoires sont nombreux.

    La sociologie telle qu’elle est perçue et donc enseignée actuellement se limite trop souvent à une approche contemplative que certains sociologues n’hésitent pas à comparer à une simple comptabilité des acquis et du connu. Ainsi, il n’est pas rare d’assister à une déclassification des agissements individuels relégués au stade d’élements de base caractérisant in fine les comportements collectifs. Certaines époques ont de toute évidence contribué à la croyance de l’élémentarisation obligatoire des actes et des croyances universelles. La Révolution Industrielle du XIXème siècle a par exemple fait explosé l’inaliénabilité de l’individu en le plaçant au service exclusif de la production et de la rentabilité, le sumum de cette approche ayant été sans conteste au taylorisme et à ses dérives libérales. Les périodes de guerre sont également propices à la ferveur du sentiment de maillonnage des individus les culpabilisant d’interférer sur les mouvements de masse lorsqu’ils ne sont pas tout acquis à la collectivité.

    A l’inverse, on peut estimer que, paradoxalement, le Flower Power fut une tentative (avortée) de restauration des individualités contigües mais indépendantes. En dépit de l’image communautaire laissée par ce mouvement des 70’s, on a pu déceler avec le recul une mise en relief des individus dont la liberté prédominait au nom de la sacralisation absolue de l’inné … mais cela ferait l’objet d’une discussion àpart entière.

    Pour en revenir à l’approche sociologiste dont nous avons hérité des années 60/70 mais ui tend à être remise en cause depuis quelques années, elle a perdu sa force de persuasion cristalline. Ainsi, il n’est pas rare de lire des études dites sociologiques mais dont le seul fil conducteur est l’amoncellement de suppositions personnelles élevées au rang de démonstration ultime. Cette façon de faire conduit inévitablement celui ou celle qui le pratique à stygmatiser l’autre et son comportement inévitablement suspect et à instaurer de fait sa propre monarchie conceptuelle des agrégats intrinsèques au détriment du discernement rétrospectif. De l’avis de certains philosophes, c’est le premier pas non contraint vers une aspiration totalisante pouvant aboutir au mythe de la puissance totalitaire. En confondant objectif et finalité, la sociologie « moderne » occulte les inter-actions cahotiques. Je m’explique. « L’objectif » peut avoir une connotation individuelle ou collective spontanée tandis que « La finalité » suppose, tout en la justifiant, l’universalité des théories globales. L’objectif se quantifie alors que la finalité se caractérise. La sociologie tend à supposer la finalité comme étant une somme quasi arithmétique des objectifs, ce faisant elle crée un lien de cause à effet de circonstance qui fausse l’assimilation des individus.

    C’est ainsi que l’on en arrive à prétendre que tout acte individuel a forcément une incidence sur la collectivité. Cela est contestable à bien des égards. Par exemple, cela supposerait qu’un même agissement aurait obligatoirement la même valeur intrinsèque quel que soit l’individu qui le commette et indépendamment des contextes exutoires qu’ils soient géographiques, sociaux, culturels ou familiaux. On pourrait aussi noter qu’à linverse tout mouvement pourrait alors être ramené à un comportement individuel c’est-à-dire à un élement fini, ce qui constitue, soit dit en passant, la justification première de l’eugénisme. De plus, l’approche de la société par l’indivisibilité du groupe constitué entraîne des culpabilisations rémanentes. Celui qui tend à faire valoir son droit à la différence se voit de fait opposer la mémoire des acquis et de l’acceptabilité convenue. La crainte de rompre le pacte de cohésion suscite inévitablement l’autocensure des revendications compensatrices, la survie du groupe étant ressentie comme la contrepartie existentielle du chaos des individualtés. Pour autant, elle ne peut nier l’existence des émancipations légitimes de chacun des membres du groupe dès lors que la contrepartie n’est plus ressentie comme telle.

    POur finir sur l’exemple de ces jeunes filles qui participent à ces concours de beauté (appelons les comme cela) montre que la notion d’acceptabilité des comportements présumés moralement corrects ne résiste pas à la prospection individuelle des limites et à la dérégulation militantiste. Je m’explique. Considérer que ces jeunes filles contribuent à leur propre perte souligne à la perfection les innés contradictoires car si on ne s’intéresse qu’au concours lui même, on spolie les participantes et si on ne s’intéresse qu’aux participantes on dénature l’analyse. On pourrait donc croire qu’en confrontant la nature prédatrice du concours et l’inné naïf des participantes, on en arrive à une explication définitve. En fait, il n’en est rien. Car cela supposerait un état de fait qui ne serait lié ni au libre arbitre ni au déterminisme contextuel.

    Il est souhaitable de se rappeler que l’Histoire ne sera jamais un amoncellement d’uniformités d’égale valeur mais tient davantage des différences acceptées.

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  • Valérie
    4 janvier 2011

    Si vous voulez en apprendre davantage sur ce phénomène, vous pourrez toujours regarder la série télé, à V. Ils ont trouvé le moyen de faire encore plus d’argent…

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