Ouvrir une boîte de Pandore?

Un malentendu sur un certain site de réseautage social a fait de moi, pendant quelques heures, une « anti-choix » (expression que je préfère à « pro-vie », qui laisse supposer que les « pro-choix » sont « anti-vie », ce qui n’a pas beaucoup de sens) aux yeux d’une de mes amies et cela a provoqué une réflexion sur l’avortement.

Je me suis jointe à un groupe intitulés « Canadians who want foreign aid money to be spent on women’s reproductive health » qui veut démontrer à notre cher premier ministre qu’il a eu tort, la semaine dernière, en refusant de financer les ONG internationales qui prônaient des avortements en affirmant que ce n’est pas ce que les canadiens veulent. Mon amie a probablement mal lu le nom du groupe, et elle m’a demandé s’il ne se cachait pas en moi une femme contre l’avortement. Horrifiée, je me suis défendue avec l’énergie du désespoir, comme si elle m’accusait de noyer des petits chatons la fin de semaine. Mais après coup, je me demande: pourquoi n’aurais-je pas le droit d’être contre l’avortement? Si c’était le cas, serais-je expulsée du mouvement féministe?

A-t-on le droit d’être féministe et de trouver qu’il se pratique trop d’avortements au Québec? Je sais bien que la base du mouvement féministe est le respect du choix des femmes, et je suis loin de remettre en cause l’accès ou la gratuité du service. Mais quand le Québec montre un taux si élevé (0,57 avortement par femme au cours d’une vie, un des plus élevé au monde) peut-on se demander pourquoi?

Dans l’intéressante discussion, sur ce site, autour de la chanson du groupe Mes Aieux, quelqu’une a fait remarquer que le chanteur du groupe avait dit en entrevue que tout le monde connaissait une fille qui utilisait l’avortement comme moyen de contraception. Je n’affirmerais pas que tout le monde en connaît une, mais moi j’en connais bel et bien une, dont le nombre d’avortements est à tomber par terre. Une fille intelligente par ailleurs, que j’adore, mais sur ce sujet, je ne peux pas m’empêcher d’avoir envie de la secouer un peu. Les autres amies qui sont passées par là n’ont pas du tout la même attitude : ce ne fut ni une décision facile ni une partie de plaisir, ce que les « anti-choix » laissent parfois entendre, comme si on allait se faire avorter entre deux réunions, en chantonnant, comme une héroïne de La Galère.

Alors pourquoi tant de québécoises, par ailleurs éduquées et en moyenne âgées entre 18 et 24 ans donc loin du cliché de l’ado de 14 ans en détresse, en viennent à cette solution? Avez-vous des pistes de réponses?

50 Comments

  • Sophie Sexologue
    3 mai 2010

    Des pistes de réponse, oui.

    Notemment que le manque d’éducation à la sexualité et la présence de la pensée magique fait en sorte que les gens utilisent mal les moyens de contraception en général (vous remarquerez que je n’utilise pas nécessairement l’expression « n’utilisent pas »). Notemment, toutes les contre indication de prendre des médicaments qui diminuent l’efficacité des moyens contraceptifs hormonaux et de la nécessité d’utiliser un condom dans ce cas, ce qui est rarement fait.

    De plus, si mon souvenir est bon, la classe qui subit le plus d’avortement n’est pas la classe des 18-24 ans, mais bien la classe de 25-35, ce qui n’est pas plus réjouissant.

    Ensuite, je crois qu’il faudrait être prudente et ne pas faire glisser le débat vers les personnes qui ont subis plusieurs avortements. Je serais curieuse de connaître les chiffres exacts, mais les femmes qui ont subies des avortements plus d’une fois sont assez rares. Il ne faut donc pas tomber dans le « les femems utilisent l’avortement comme un moyen de contraception ».

    Et finalement, pour émettre une dernière hypothèse, je crois que ça a un lien avec l’estime de soi. Une personne qui a une bonne estime d’elle-même n’aura pas de difficulté à exiger qu’un moyen de contraception soit utilisé. Une personne qui manque d’estime d’elle-même aura peut-être peur de passer à côte de quelque chose ou de l’homme de ses rêves et préférera prendre un risque que de mettre ses limites. C’est triste, mais c’est souvent le cas; le moemnt présent passe avant les répercussions à moyen et long terme…

    Et j’ai envie de vous proposer un élément de réflexion parallèle: une personne qui étudie en sexologie à la maîtrise (et dont j’oublie le nom, je suis désolée) nous parlait d’une recherche très intéressante qu’il avait fait sur le concept de la triangulation qu’impose le condom dans une relation sexuelle. En effet, mettre un condom dans un moment toride, c’est introduire une tierce « personne » et ça peut avoir des impacts. Bon, ce n’est pas une piste de solution, mais c’est un concept intéressant que je souhaitais partager! 🙂

    Et pour répondre à la question de base, oui je crois qu’il est possible d’être contre l’avortement, féministe et être pro-choix. Par contre, la nuance, selon moi, réside plus dans le fait d’être contre l’avortement pour soi-même que d’être contre l’avortement pour toutes.

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  • CatherineC
    3 mai 2010

    Je suis franchement agacée par cette façon d’assortir toutes nos discussions sur l’avortement d’un nécessaire «mais c’est-vrai qu’il-y-a beaucoup trop d’avortements au Québec», de continuellement condamner «celles qui l’utilisent comme moyen de contraception» (quel mythe!) ou alors de croire qu’il est indispensable de préciser que, bien que nous sommes pro-choix, nous reconnaissons qu’il y a toujours quelque chose de tragique là-dedans. Ne pourrait-on pas enfin évacuer cette morale gna gna de notre argumentaire pour le droit l’avortement? C’est probalement vrai que pour plusieurs femmes, c’est une décision personnelle difficile à prendre, mais pourquoi faudrait-il que ce soit nécessairement le cas? Comme si les femmes devaient absolument faire acte de contrition pour que leur choix de ne pas mener à terme une grossesse soit accepté. L’avortement est une intervention médicalement assez banale, c’est tout le poids de nos conventions sociales qui en fait un enjeu moral, et nous participons, comme féministes, à perpétuer ce faux débat. À mon avis, non, évidemment, on ne peut pas être féministe et être contre l’avortement. Le droit des femmes à disposer de leur corps, on ne va pas revenir là-dessus quand même!

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  • Joëlle
    3 mai 2010

    Je pense qu’elles en arrivent-là tout simplement parce que c’est l’idée qui est inculquée aux filles. On suit la parade. Adolescente, ma mère m’a parlé de l’avortement comme un choix possible, l’école en a fait de même. L’affaire, c’est que pas parce que c’est un choix possible que c’est nécéssairement un choix « bon ». C’est comme l’alcool, la vitesse ou le jeu, c’est un choix possible mais pas nécéssairement un choix « bon ». Tout dépends…

    Je pense que notre peuple a grand besoin de s’exprimer sur ce sujet. Lorsque le droit à l’avortement a été adopté, se peut-il que c’était trop tabou pour qu’on puisse en discuter? Je ne suis pas contre l’avortement, mais je trouve qu’au niveau de l’éthique il y a comme une case vide, ça doit être débattu. Oui, de l’éthique! Celles qui me diront que c’est un choix personnel et que la morale des autres n’a rien avoir là-dedans, bien je réponds que lorsqu’on a 20 ans et qu’on n’a pas la maturité pour tout comprendre, on a besoin de la morale des autres pour s’aider à se situer ensuite. Parce qu’il ne faut pas se leurrer, pour plusieurs, l’AVORTEMENT N’A PAS ÉTÉ UN CHOIX, MAIS UNE SOLUTION…

    @CatherineC: J’ai déjà vu mon petit moi reproduit, il avait 9 semaines de vie et des petits bras. Il était mort. Une opération banale, tu dis?!

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  • Marie-Anne
    3 mai 2010

    Je suis contente que tu amènes ce sujet, Isabelle. Comment penser, discuter et débattre sur l’avortement sans grimper dans les rideaux et se tirer les cheveux ? L’avortement, question douloureuse s’il en est une, n’est pas un sujet dont on peut parler a la légère. Mais oui, on peut en parler, en prenant certaines précautions de départ, pour que tout soit clair ( mon opinion personnelle) :

    1)L’avortement est une intervention possible, pour les femmes, d’arrêter une grossesse.
    2) La libre disposition du corps des femmes ne devrait jamais être remise en question par qui que ce soit.
    3) L’accessibilité de l’avortement sécuritaire doit être protégée.
    4) Le choix des femmes de décider de leurs vies est au centre des revendications féministes.
    5) L’avortement est la procédure médicale qui permet à certaines femmes de ne pas mener à terme une grossesse, et de ce fait, avoir un contrôle sur leurs destinées. L’avortement et le choix sont donc intimement liés pour les femmes.
    6) L’avortement étant une procédure médicale permettant aux femmes de ne pas avoir d’enfant, elle est donc une question sociale, politique, émotionnelle, éthique, morale, culturelle et économique.

    D’où la difficulté à discuter rationnellement de la question de l’avortement : elle implique tellement de niveaux, à la fois personnels, privés, que politiques et sociaux. Peut-on demander pourquoi il y a tant d’avortements au Québec ? Ou encore, peut-on demander, lorsque naissance il y a, pourquoi il y a tant de césariennes, d’épidurale ou d’épisiotomie ? Ces questions sont beaucoup moins brûlantes que celle de l’avortement, mais elles recoupent celles du choix d’accoucher, de disposer de son corps au moment de l’acte de donner naissance… Je pense que c’est possible d’être féministe et de ne pas être pour l’avortement, même si a priori je trouve que c’est une position contradictoire. Intuitivement, je dirais que non, mais rationnellement, c’est possible.

    Alors je crois que c’est totalement justifié de se demander : pourquoi il y a autant d’avortements au Québec ? Avec SophieSexologue, j’abonde dans le sens d’une lacune grave en éducation sexuelle chez les jeunes. De plus, je suis d’accord avec son point sur l’estime de soi. Il faut encourager les gens à embrasser une sexualité épanouie et respectueuse de soi-même et de l’autre partenaire, tout en connaissant nos limites personnelles et en exigeant le port du condom ou la prise de contraceptifs.

    Pourquoi la solution de l’avortement ? Peut-il seulement y avoir une réponse adéquate à cette question ? Je ne pense pas. Qu’est-ce que le recours des Québécoises à l’avortement veut dire sur elles ? Que peut-on déduire de ce haut taux d’avortement, sans tomber dans la morale ou les condamnations ? Je ne veux pas tomber dans la morale  »gna gna », je veux seulement voir s’il est possible, entre féministes, de discuter de l’avortement sans remettre en question nos acquis. Peut-on ménager un espace de discussion sur le sujet sans que certaines d’entre nous montent aux barricades et nous enlèvent le titre de  »féministes » ? (Il y a tellement de divergences au sein des mouvements féministes déjà…) Est-il possible de discuter des implications éthiques de l’avortement sans se prendre la tête et se disputer ? Je ne sais pas, je n’ai pas de réponse. Mais je le souhaiterai très fort.

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  • SophieSexologue
    3 mai 2010

    @ Joëlle: je tente de comprendre votre raisonnement, mais j’ai un peu du mal.

    Donc selon vous, à 20 ans, une femme n’a pas la maturité nécessaire pour prendre une décision éclairée à propos de son corps?

    J’ai deux questions: à partir de quelle âge une femme a la maturité nécessaire pour prendre une décision qui la concerne selon vous?

    Si selon vous il s’agit d’une question de maturité, comment cette même femme aurait la maturité nécessaire pour élever un enfant?

    Je suis d’accord pour dire que l’aide de l’entourage peut aider une personne à prendre une décision éclairée, si cet entourage respecte les besoins de la femme et la supportera peu importe son choix. Mais je ne crois pas que la maturité soit un argument réellement valable dans le contexte…

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  • Alison Cummins
    3 mai 2010

    Il y a plusieurs questions ici.

    Une question sociologique. Pourquoi est-ce que tant de Québécoises ont recours à une intervention medicale quand des femmes ailleurs s’en passent? Elle peut s’appliquer à n’importe quelle intervention; elle n’implique pas de jugement; et elle a plusieurs réponses complexes.

    Une question de commérages. «Savais-tu ce que unetelle a fait? C’est dont dommage. Pourtant elle a l’air si intelligente. Je n’ai jamais fait ainsi. … .» Le commérage a une réponse très facile. C’EST PAS DE TES CRISSE D’AFFAIRES. Ce n’est pas à toi d’approuver ou non les choix des autres. Ce sont *leurs* choix. Elles ne te regardent pas. Point.

    Une question de sexisme. Je ne t’entends pas lamenter la manque de responsabilité des partenaires de ton amie.

    La question d’interpretation. Qu’est-ce que tu veux dire par «contre»? Que tu trouves l’idée de l’avortement difficile? (C’est drôle comment les femmes peuvent changer vite d’avis quand elles se trouvent elles-mêmes confrontées de la réalité d’une grossesse non-désirée.) Que tu penses qu’elle devrait être illégale? Disponible uniquement aux femmes qui démontrent une attitude appropriée de regret et culpabilité?

    Et la question explicite. Qui a une réponse assez claire. Non. Il n’est pas possible d’être féministe et ne pas respecter le droit d’une femme sur son corps.

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  • Joëlle
    4 mai 2010

    @SophieSexologue: Et quand vous parlez de « maturité nécessaire pour prendre une décision éclairée à propos de son corps », vous parlez de quel corps? Il y en a 2!

    Peut-être que mon énoncé avait l’air d’un jugement, j’ai dis 20 ans, mais je t’assure j’aurais pu prendre 15, 23 ou 27! Je ne voulais viser qui que ce soit.

    Notre première grossesse, qu’elle soit désiré ou non, ça donne le vertige tellement c’est quelque chose de grand et d’inconnu. Tout dépends où l’on en est rendu comme cheminement dans notre vie, mais il est fort possible qu’on doivent marcher à tâton dans cette dimension-là. Tout ça pour dire, la maturité dont je parle n’est pas une question d’âge, j’ai déjà connu une fille enceinte à 15 ans qui m’avait semblé assez mûre pour comprendre la responsabilité d’une petite vie, tandis que j’ai une amie qui elle a 19 ans, a fait le choix de la garder puis… aussi dur que ça peut l’être à entendre, elle regrette sa décision de l’avoir gardée… On est 15 ans plus tard maintenant, elle dit qu’elle n’avait pas la maturité nécéssaire pour prendre une décision assumée et réfléchie, pourtant à ce moment-là, je me rappelle, elle nous avait dit qu’elle était prête. Ça, c’est comme quand on explique aux ados: « Pour faire l’amour, c’est quand tu te sens prête! » « Euh…ben…comment on fait pour savoir si on est prête?! » :-)) C’est difficile de se projeter dans l’inconnu!

    L’aide de l’entourage, oui, mais encore, il y a des personnes tellement impliquées émotionnellement que ce n’est pas nécéssairement les personnes les plus neutres pour l’aider réellement. Je ne crois pas qu’ils vont l’amener à cheminer mais plutôt vont essayer de leur dire, eux, ce qu’ils pensent de sa situation. Alors pourquoi je crois que ça prends des repères éthiques, ce serait pour apporter des repères aux filles/femmes pour les mettre dans une position plus confortable pour leurs décisions. Un vrai choix, c’est éclairé. Et c’est pas en restant dans les tabous comme ça qu’on va y arriver! Merci à @Isabelle N. d’avoir ouvert cette boîte Pandore! Tu es une excellente féministe, je trouve, les discussions ouvertes sont des valeurs propre au féminin il me semble! :-))

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  • nouch
    4 mai 2010

    Je ne vis pas au Quebec, il me serait donc difficile de trouver des raisons à un nombre d’avortements importants. En France, il y a un problème avec l’éducation sexuelle qui est quasie inexistante, à part via les cours de biologie, qui dépendent de l’intérêt du prof pour ces questions. Pour ma part, je me souviens d’un prof nous expliquant que l’ovulation avait lieu au quatorzième jour du cycle, c’est tout.

    Pour ce qui est d’être contre l’avortement tout en étant féministe, cela me semble inconcevable. Comment peu-on se dire pour l’égalité des sexes, tout en refusant de donner le choix aux femmes de la maîtrise de leur corps.

    Débat très intéressant au demeurant.
    🙂

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  • Valérie
    4 mai 2010

    Sur la question de l’avortement, deux questions se posent dans ma tête :

    Premièrement, celle de la famille, ensuite, celle de la conception de la vie.

    Dans mon entourage, une jeune femme est récemment tombée enceinte. On dit que sa propre mère aurait préféré qu’elle avorte. «Qu’elle s’arrange, je ne veux pas jouer à la gardienne». Après avoir passé presque trois mois au Sénégal, en Afrique de l’Ouest, la conception de la famille réduite à son noyau père-mère-enfant me déplait. Je regarde les jeunes familles autour de moi et qu’est-ce que je les trouve seules, parfois! Ne disait-on pas qu’il fallait tout un village pour élever un enfant?!?? Si ma soeur tombait enceinte, par exemple, je serais prête à tout mettre en oeuvre pour l’aider! Ce serait le petit de la famille, après tout! (Si elle le souhaite, évidemment) Dans un contexte où les parents sont laissés seuls à eux-mêmes, je peux comprendre qu’il y en ait qui se désistent.

    Deuxièmement, il m’apparait clair que ce haut taux d’avortement est en toute cohérence avec notre conception de la vie, que l’on devient désormais chargée de bâtir à notre propre guise. Un enfant n’est plus un cadeau, ou une surprise, mais un projet, qui doit s’insérer dans le projet des parents.

     »’Ça, c’est comme quand on explique aux ados: “Pour faire l’amour, c’est quand tu te sens prête!” “Euh…ben…comment on fait pour savoir si on est prête?!” :-)) C’est difficile de se projeter dans l’inconnu! »’

    Faudrait voir, mais je doute que le nombre d’enfants avortés soient, pour la plupart, des  »bébés d’amour ».

    Ultimement, tout le monde fait ce qu’il veut, et je suis pour le droit à l’avortement. Mais il ne faut pas s’étonner du taux compte tenu du mone dans lequel nous évoluons.

    Je ne prône pas ici un retour à l’arrière, au contraire, mais j’entrevois la possibilité d’un monde dans lequel les choses pourraient se passer autrement.

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  • Valérie
    4 mai 2010

    Pour ce qui est de la contraception : pendant les dernières années des cours d’éducation sexuelle, ceux-ci ne traitaient que des questions médicales liées à la prévention de la grossesse et des infections transmises sexuellement. D’la belle grosse biologie au service de la santé publique. Et pourtant, le taux d’avortement était aussi haut qu’aujourd’hui, sinon plus, si je ne m’abuse. Je pense sincèrement qu’il faudrait réhabiliter la dimension relationnelle dans le discours sur la sexualité. Et là on dira : «oui mais les gens peuvent bien coucher avec qui ils veulent, c’est ça la révolution sexuelle». Boff. Faudrait voir.

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  • Raph
    5 mai 2010

    J’ai toujours eu un discours très «libéral» au sujet de l’avortement: rendre l’accès à cette opération est essentielle à mon esprit.
    D’un point de vue politique par contre, je peux comprendre le débat : l’avortement peut représenter un coût important pour l’État et pour les contribuables.
    Toutefois, ce droit est trop fragile. Jamais le législateur canadien n’a décriminalisé l’avortement; les tribunaux l’ont fait. Politiquement, les parlementaires de la Nouvelle-Écosse ont tenté un subterfuge odieux pour priver les cliniques privées d’avortement de financement public; leur loi a été invalidée par la Cour suprême en 1993 (arrêt Morgantaler) parce que c’était un parlement provincial qui voulait légiférer dans un domaine qui ne le regardait pas.
    Bref, le débat de fond sur l’avortement est latent encore aujourd’hui. Ainsi, vouloir limiter ce droit pour éviter des abus, ce serait à mon sens purement dangereux pour la liberté des femmes.
    Et une féministe qui concède à l’État le droit de limiter son propre droit à la sécurité, c’est comme un végétarien dont le plat préféré serait le steak tartare.
    Débat très intéressant que tout cela soulève.

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  • Nicole Nepton
    5 mai 2010

    « Aujourd’hui, le Québec serait au 3e rang dans le monde pour le nombre d’avortements, avec 42,6 IVG pour 100 naissances. Des chiffres alarmants?

    Selon Louise Desmarais, en comparant le nombre d’avortements à celui des naissances, on crée un drame national et on culpabilise les femmes en les faisant voir comme des irresponsables. En 2003, il y a eu au Québec 19 avortements pour 1.000 femmes âgées de 15 à 44 ans. Il y a moins d’avortements au Québec qu’aux États-Unis (21) et en Suède (20) et encore moins qu’au Vietnam ou à Cuba (78 et 83), au Chili et au Pérou (50). On est donc loin de la catastrophe!

    Jean Guimond indique que les jeunes de 20 à 26 ans sont les plus susceptibles d’avoir recours à l’avortement. En 30 ans de pratique, la clientèle n’a pas changé : « Nous avons un problème de grossesse non désirée ». Il rapporte que, parmi les filles et les femmes qui subissent un avortement, 50% utilisaient une méthode de contraception, une situation qui ne change pas depuis 10 ans. Pointons du doigt le désinvestissement au niveau de l’éducation sexuelle à l’école, alors que ce n’est toujours pas un sujet facilement abordé par la plupart des familles. Les jeunes d’aujourd’hui sont donc moins bien informés que dans les années 1980! Rappelons que la contraception n’est pas gratuite non plus.

    Par ailleurs, les femmes ont souvent leur premier enfant plus tard – vers 29 ans – tout en débutant leur vie sexuelle plus tôt – vers 15-16 ans – ce qui donne un plus grand nombre d’années qu’avant au cours desquelles des erreurs de parcours sont possibles. La dure conciliation travail, études et famille et des conditions socio-économiques difficiles font aussi en sorte que celles qui souhaiteraient avoir des enfants ne peuvent pas toujours se le permettre. »
    Extrait d’un article de mon site publié en 2006 : http://cybersolidaires.typepad.com/ameriques/2006/04/lavortement_au_.html

    Concernant celles qui utiliseraient supposément l’avortement comme moyen de contraception, on pourrait juger que j’en ai fait partie à une certaine époque de ma vie alors que ça n’a jamais été mon intention.
    J’étais très fertile et je ne savais pas – pas plus que mes partenaires d’ailleurs semble-t-il – qu’il faut pincer le bout du condom afin d’éviter qu’il se brise. Après 4 avortements, tant les infirmières que les médecins ne me l’avaient toujours pas dit. 4 condoms crevés, 4 pilules du lendemain matin prises le lendemain matin et 4 avortements. Tout ce que j’ai eu comme éducation sexuelle a consisté en une petite brochure sur les menstruations qu’on nous remettait au cours de notre adolescence.

    C’est quand la dernière fois que le mouvement des femmes s’est mobilisé pour que l’école offre une éducation sexuelle qui se tient, et pas seulement focusée sur les ITS et les grossesses, mais qui parle aussi du plaisir? À la place, on se fait servir des discours alarmistes sur ce qu’on appelle l’hypersexualisation, sans véritable fondements scientifiques et qui pourraient bien avoir des effets pervers : http://cybersolidaires.typepad.com/ameriques/2009/11/hypersexualition.html

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  • Valérie
    5 mai 2010

    J’ai lu les deux articles publiés dans Globe par cette équipe de chercheurs et ils ne m’ont pas satisfaite. L’argument principal du groupe est d’affirmer que puisque les PRATIQUES sexuelles n’ont pas changé, il n’y a pas de quoi s’alarmer. Le problème, avec l’hypersexualisation, ce n’est pas que les gens copulent. (Ça non, ce serait d’un banal!) C’est plutôt la manière dont est vécue la sexualité qui pose problème. Lorsqu’elle n’est pas intégrée à l’ensemble de la personne humaine, ce n’est pas sain. Évidemment, une étude statistiques sur les pratiques ne peut pas faire lumière sur ces nuances. En 2007, l’American Psychological Association a fait un excellent rapport sur le phénomène. En voici un résumé : http://www.apa.org/pi/women/programs/girls/report.aspx?item=2 . Le principal problème de cette étude est qu’elle est limitée aux jeunes filles, alors que l’hypersexualisation est un phénomène de civilisation.

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  • Christian
    5 mai 2010

    Dans les discussions sur le sujet de l’avortement, je remarque que beaucoup font un lien entre « égalité des sexes » et droit de disposer de son corps. Comment expliquer que le fait de faire ce que l’on veut de son corps nous permet d’être à égalité avec l’autre corps. Dans le cas de l’avortement, la pression pour mener à terme la grossesse ne vient pas seulement des hommes; elle peut venir du père, des amies, de la famille, de l’Église, de notre conscience mais pas forcément d’un homme.

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  • Valérie
    6 mai 2010

    Imaginez, Christian, si le droit à l’avortement était enlevé : on se retrouverait avec la moitié de la population qui pourrait potentiellement devenir parent sans le souhaiter. Disons que l’on toucherait ici à une condition ayant une portée sociale, je crois.

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  • Fée Ministe
    10 mai 2010

    C’est la question du droit des femmes à disposer de leur propre corps qui est abordé ici. On n’a pas à discuter des « cas particuliers », mais de savoir si oui ou non on laisse le choix aux femmes. Et c’est vrai que le choix de mener une grossesse à terme n’a pas vraiment rapport avec l’égalité…évidemment que ce n’est pas le fait avorter qui nous rend plus égale…c’est celui de décider, de choisir, de raisonner… Et on a la maturité nécessaire pour disposer de notre propre corps dès que ce même corps est biologiquement en âge de procréer…Évidemment qu’on est plus mature à 50 ans…mais la question ne se pose plus puisque l’appareil de reproduction ne reproduit plus.

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  • Joelle T.
    13 mai 2010

    J’ai été témoin aujourd’hui du rassemblement  »Marche pour la vie » qui rassemblait près de 10 000 voir 15 000 jeunes – moins jeune avec comme thème : Avortement : un crime contre l’humanité. C’est pour ça que le sujet est brûlant, c’est pour ça qu’il faut continuer de réclamer ce droit d’abord et avant tout. En voyant ce regroupement,j’ai réalisé que pour moi ouvrir la porte à ce questionnement ouvrait aussi la porte à leur argumentaire.. Qui pour moi ne tient pas la route! Devant un mouvement si organisé, devant les réponses et positions de notre gouvernement, devant l’ampleur que ce discours prends sur la place public, il m’apparait essentiel d’être solidaire au droit des femmes de disposer de leur corps!

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  • Joëlle
    28 mai 2010

    On dirait qu’il faut que ce soit juste noir ou juste blanc, pas de nuance??? L’avortement est légal depuis plusieurs décennies déjà, il serait temps d’arrêter d’avoir peur, c’est évident que ce droit est là pour rester! On a pu constater à travers les derniers sondages que la très grande majorité du peuple est pour le droit à l’avortement.

    La question ici n’est pas si oui ou non l’avortement, mais juste d’avoir des réflexions autour de l’avortement! Alors, Pro-choix, laissez les vieilles guerres aux années 70, puis partez-en de nouvelles en ouvrant la boîte de Pandore!!! Tout sujet se discute.

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  • Joëlle
    29 mai 2010

    Mes excuses, j’ai dit « depuis plusieurs décennies »… je viens d’apprendre que l’avortement à été légalisé seulement en 1988???

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  • Maya
    30 mai 2010

    Effectivement Joëlle, la décriminalisation au Canada date de 1988.
    C’est un droit qui a été gagné de longue lutte, récemment, et qui mérite qu’on reste vigilantes. Le fait que le débat resurgisse aussi fréquemment est un bon indice que non, ça n’est pas tout le monde, et peut-être pas la « très grande majorité » qui sont pour le droit à l’avortement. (Les sondages, on sait ce que ça vaut.)

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  • Maya
    30 mai 2010

    Autre petite chose: on ne parle pas d’une légalisation, mais d’une décriminalisation. Ça n’est pas la même chose. L’avortement n’est toujours pas légal, mais il n’est plus considéré comme un acte criminel, pour lequel le médecin qui l’a pratiqué pouvait être accusé.
    On a décidé que la santé et la sécurité des femmes qui tentaient d’obtenir des avortements était ce qui était le plus important.

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  • Joëlle
    30 mai 2010

    @Maya: merci car ton commentaire me fait ouvrir grand les yeux… tu me fais prendre conscience qu’on en n’est pas encore rendu à rentrer dans les nuances…

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  • Sophie Sexologue
    31 mai 2010

    D’ailleurs, cette décriminalisation est survenue après plusieurs procès contre le docteur Morgentaler qui ouvertement contrevenait à la loi, mais malgré tout, les jurys l’acquittaient. Après quelques acquittements, une décision a été prise quant au fait que l’avortement soit décriminalisé, car la société, par le biais des jurys, était contre la criminalisation de l’avortement.

    Mais bon; le gouvernement Harper refuse tout de même de financer des groupes internationaux qui travaillent en santé des femmes lorsque ceux-ci incluent l’avortement dans les soins offerts aux femmes…

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  • Valérie
    4 juin 2010

    Les soins offerts aux femmes?

    Bon, ça y est. Je vais l’ouvrir, la boîte de Pandore, et à grands coups de pieds à part de ça.

    En discutant avec un ami, je me suis rendue compte que j’avais des mécanismes de défense profondément encrés en moi dès que l’on parlait d’avortement. Après une semaine, j’ai dû faire face à moi-même et m’avouer que si j’étais  »pro-choix », c’était pour un jour avoir la possibilité d’avorter moi-aussi si je tombais enceinte. Pour pouvoir continuer à monter au septième ciel sans trop m’inquiéter.

    Dans les faits, tomber enceinte à la suite de relation sexuelle n’est PAS un accident. C’est la suite normale des choses. Dans les faits, encore une fois, l’avortement EST utilisé comme un moyen de contraception par la plupart des personnes qui y on recours.

    Qu’est-ce que la contraception? C’est avoir recours à divers moyens pour empêcher la grossesse. Les statistiques le démontrent : la plupart des femmes qui avortent ont entre 20 et 25 ans, et elles le font pour des raisons financières, professionnelles, ou par manque de stabilité amoureuse. En ce sens, l’avortement n’est pas thérapeutique. C’est seulement un step de plus dans l’empêchement de la grossesse, dans la contraception.

    Je ne condamne pas celles qui se font avorter. Mais les arguments auxquels on renvoie pour légitimer l’avortement pourraient aussi servir à justifier l’eugénisme. Oui, ce sont ces arguments que l’on brandit qui me font frémir.

     »santé des femmes »,  »contrôle de son corps », … c’est un espèce de novlangue auquel je n’adhère plus.

    J’ai vu à la télévision récemment une entrevue avec une animatrice de radio. Elle racontait comment elle était tombée enceinte pour ensuite donner son enfant à l’adoption. Elle disait que ça prenait surtout de l’amour, et le soutient de l’entourage. Que ça s’était très bien passé et que jamais elle ne l’avait regretté.

    Pourquoi est-ce qu’on ne parle pas davantage d’adoption dans notre société?

    Dans les années 70, l’amie de ma mère est tombée enceinte. Sa mère la cachait de la visite dans le garde-robe… Aujourd’hui, les temps ont changé. Les gens sont actifs sexuellement et ne s’en cachent pas. On ne recourt plus aujourd’hui à l’avortement pour les raisons pour lesquelles celles qui nous ont précédé en ont revendiqué le droit.

    Ultimement, je ne crois pas qu’il faille criminaliser les femmes qui se font avorter, comme celles qui se prostituent. Et il m’apparait évident qu’en cas de forces majeures, la vie de la mère est primordiale.

    Mon point est, en fait, que je pense que beaucoup de personnes sous-estiment le potentiel d’amour qu’il y a en elles. Que de porter un enfant à terme pour lui donner la vie, quitte à le laisser entre d’autres mains, est beaucoup plus beau et grand que d’avorter.

    Et en général, je penche du côté de ce qui est beau et grand.

    C’est pourquoi si ma soeur tombait enceinte, par exemple, je lui dirais :

    -T’es capable, ma belle, t’es forte, et on va être là pour toi.

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  • Valérie
    4 juin 2010

    (Je vous JURE qu’avant d’être capable de penser ça, j’ai dû défaire des mécanismes de défense. Mon pote me parlait, j’avais des réactions irrationnelles, j’étais en colère. Personnellement, je considère maintenant avoir été conditionnée, formatée. Je ne comprends pas comment j’ai pu porter pendant si longtemps des arguments qui sont en totale contradition avec ma conception de la vie. Faites attention… et je ne dis pas ça pour avoir raison, ou pour faire peur ou quoi que ce soit, mais parce que j’ai été très choquée de tous ces mécanismes de défense quand j’ai finit par prendre du recul par rapport à cette question.)

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  • MarieNoell
    4 juin 2010

    Un point de plus à lancer dans la discussion:

    Je suis tombée enceinte à 18 ans pis j’ai jamais pensé à l’avortement. Avant de faire l’amour la première fois, j’avais fait le point avec moi-même: l’avortement (que je souhaite légal, accessible pour toutes) c’était pas pour moi.

    On a gardé le bébé: j’avais mon chum, ma mère qui me soutenaient, je n’étais pas SI jeune que ça. MAIS je ne vous dis pas le REGARD social, les jugements, les regards dans les autobus, me défendre pour garder ma bourse dans un collège privé, sans compter tout le reste qui est venu après la grossesse(trouver une garderie pour poursuivre mes études, etc.) etc.

    Ce que j’énerve de certains pro-vie, c’est qu’ils se battent contre l’avortement, alors qu’à mon sens, la vraie lutte est ailleurs: on doit s’assurer que la fille (et le gars aussi) soient accueillis dans leurs décisions peut importe c’est quoi et que les moyens soient accessibles pour supporter ce choix, que ce soit avortement, la poursuite de la grossesse, l’adoption…

    Le maudit problème, c’est que encore aujourd’hui, quand t’es une jeune qui tombe enceinte T’ES TOUJOURS COUPABLE IRRESPONSABLE aux yeux de la société, parce que aucune solution n’est acceptable: ni garder l’enfant, ni l’avortement, ni l’adoption… BANG! le poids social te rappelle que la sexualité c’est pas pour les filles avant 25 ans… Bien sûr personne -même pas un pro-vie!- m’a regardé ébahie à 18 ans le ventre rond en se disant: « ah la bonne tite-fille qui ne s’est pas fait avortée, qui vit une merveilleuse vie sexuelle, bravo! » Non! c’est ben trop dur!

    Pro-choix, tous les choix et toute l’aide quelque soit le choix.

    et RESPECT!

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  • Valérie
    5 juin 2010

    Isabelle : il n’a jamais été dit que c’était facile, justement. C’est tellement plate à adopter comme position…

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  • CatherineC
    6 juin 2010

    @Valérie. C’est bien dommage que vous ayez «défait vos mécanismes de défense» et opté pour une conception ultra moralisante et normative de ce qui est «beau et grand». Je préfère pour ma part défendre le principe de la liberté: parce que c’est de ça qu’il s’agit. Il s’agit aussi de survie pour bien des femmes. Liberté, solidarité, autonomie: des valeurs féministes qui vous font «frémir»? Triste.

    @Isabelle N. «Pour les ressources et le soutien»: évidemment! Personne n’est contre la vertu, pas même Mgr Ouellet, qui prône justement le soutien et les ressources pour les femmes (sic.). Je pense qu’il faudra qu’on adopte un discours féministe un peu plus agrsssif sur le droit à l’avortement.

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  • Valérie
    7 juin 2010

    Liberté de survie pour bien des femmes? On ne meurt pas d’être enceinte, désolée. Et que voulez-vous dire, par ultra-moralisante? C’est devenu un crime, d’avoir des conceptions morales, au Québec, en 2010?? Et ces mots-valises comme  »liberté’,  »autonomie », ne relèvent-ils pas d’une certaine conception du monde qui a elle aussi, a des implications morales?

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  • Valérie
    7 juin 2010

    Par  »on ne meurt pas d’être enceinte » je n’exclue pas les difficultés et tout. Seulement, on parle ici d’avortement, c’est au potentiel de vie du foetus à laquel on met fin littéralemenet, physiquement. Pas à celui de la mère… Novlangue, quand tu nous tiens.

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  • Imace
    7 juin 2010

    @ Valérie : l’accouchement sous X en vue de faire adopter l’enfant est une solution pour se désengager d’une maternité (et d’une paternité pour le géniteur) non désirée.

    Ce n’est pas une réponse à la grossesse non désirée.

    Il est interdit de faire une simple prise de sang à une personne qui s’y oppose, au nom du droit au respect de l’intégrité du corps humain (en France). Pourtant, certaines personnes considèrent que l’on peut forcer une femme, pendant NEUF MOIS, à supporter les inconvénients de la grossesse (nausées, fatigue, prise de poids, corps qui se déforme avec les coûts financiers de la nouvelle garde-robe, interdiction de fumer, de boire, etc.), période qui se solde par une opération chirurgicale lourde (réputée extrêment douloureuse, avec un taux de mortalité dix fois supérieur à celui d’un avortement, un risque significatif d’être découpée et recousue par le/la chirurgien/ne au niveau du périnée, etc.)… Que ce « léger inconfort » de 9 mois devrait être supporté sans broncher par une femme, parce qu’elle n’avait qu’à prier pour que son moyen contraceptif soit plus efficace ?

    Mais ouvrez les yeux, aucun homme n’accepterait jamais un tel aliénement au nom de ses convictions morales !

    L’accouchement sous X, ce n’est pas l’avortement. Ca a à peu près le même effet pour les 20 ans qui suivent. Pas pour les 9 mois qui précèdent.

    Et de manière décomplexée, j’affirme que je ne m’imposerais pas, si jamais ma contraception échouait, un tel martyre au nom d’une morale schyzophrène.

    Ca ne fait pas de moi un monstre. Globalement, je suis plus altruiste que la moyenne des gens qui m’entourent. Je n’hésite pas à donner mon sang. J’ai vu des tas d’hommes gardant jalousement le contenu de leurs veines (ce qui prend quoi, 20 minutes et une souffrance ridicule, voire nulle), et qui allaient pérorer ensuite sur l’immoralité de l’avortement.

    Parfois, je reste perplexe devant l’absurdité du monde, où 20 minutes d’inconfort, c’est un labeur dont on peut comprendre qu’il rebute certains, mais 9 mois de sacrifices (vous voulez que je convertisse en minutes, pour voir ?), une bagatelle que seules les femmes immorales refusent.

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  • Valérie
    7 juin 2010

    Je n’ai traité personne de monstre. À ça :

    Mais ouvrez les yeux, aucun homme n’accepterait jamais un tel aliénement au nom de ses convictions morales !

    Je réponds que mon but n’est pas de faire ce que les hommes font. Est-ce que la croissance du tourisme sexuel au féminin constitue un avancé? Je ne le crois pas.

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  • Hélène
    7 juin 2010

    Il me semble que la question de l’avortement doit toujours, pour éviter de tomber dans un moralisme traditionnel qui mystifie la maternité et limite la liberté des femmes face à leurs propres corps, être posée dans une perspective sociologique.

    La maternité (la gestation, l’accouchement et l’élevage des enfants) est un travail auquel nulle ne devrait être contrainte, sous aucun prétexte que ce soit. Le travail forcé s’appelle de l’esclavage. L’égalité entre les sexes est notamment conditionnelle à la libre maternité et au partage du travail domestique et parental, qui est loin d’être réalisé encore.

    Tant que l’avortement sera pensé comme un « mal » qu’il faudrait idéalement voir disparaître, la légitimité du combat féministe pour la liberté des femmes sera remise en question très facilement par les autorités sociales conservatrices.

    Aucune féministe ne me semble jamais avoir fait la promotion de l’avortement, mais, de mon point de vue, la défense de l’accès libre et gratuit des femmes à l’avortement est aujourd’hui, au Québec, une condition essentielle pour se définir comme féministe.

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  • Valérie
    7 juin 2010

    Non mais, un instant. Qui est vraiment libre par-rapport à son corps?? Moi, personnellement, je suis prise dedans. Je ne comprends pas ce que vous racontez. De toutes manières, l’idée n’est pas d’imposer quoi que ce soit à qui que ce soit.

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  • Hélène
    7 juin 2010

    En effet, nous sommes toutes « prises » dans notre corps, mais le contrôle social sur les corps (qui prends diverses formes) ne relève pas de la nature ou de la biologie. Le contrôle du corps des femmes a toujours été un des principaux rouages des sociétés patriarcales pour les maintenir dans l’espace domestique et pour les exclure des espaces du pouvoir social.
    Contre la croyance voulant que « on n’impose quoi que ce soit à qui que ce soit » en discutant, je dirais que se positionner sur des enjeux sociaux c’est toujours participer à l’élaboration des normes sociales qui régissent les comportements admis et les comportements condamnés, surtout lorsqu’il est question de morale.

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  • Imace
    7 juin 2010

    @ Valérie : « Je réponds que mon but n’est pas de faire ce que les hommes font. »

    D’accord pour vous, mais dans ce cas vos propos sont purement subjectifs, vous parlez de ce que VOUS feriez (probablement !) si vous tombiez enceinte.

    Et ça n’a de valeur pour aucune autre femme.

    Si vous voulez parler au pluriel, tenir un discours qui peut être reçu par toutes les femmes, alors je ne vois pas pourquoi vous leur imposeriez un seuil d’exigences morales sans commune mesure avec celui que vous attendez des hommes.

    Or, vous admettez explicitement ma proposition comme quoi aucun homme n’accepterait, par conviction, un centième des sacrifices liés à la grossesse…

    Votre analyse n’est dès lors valable que dans une idéologie sexiste qui donne plus de droits à un sexe et plus de devoirs à l’autre.

    Pour ma part, si je devais tomber enceinte (ce serait un sacré manque de bol vue ma paranoïa côté contraception, mais enfin, ça arrive), j’avorterai sans l’ombre d’un remords et sans le moindre état d’âme.
    Je trouve important d’exprimer mon opinion car j’espère décomplexer le discours pro-choix : il semble impensable aujourd’hui de parler de la possibilité d’avorter sans une bonne dose de désapprobation bon-teint, style « je déplore la nécessité de ce droit, mais je le défends quand même ».

    Pour ma part, je le défends sans nuance, sans déplorer quoi que ce soit !

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  • Valérie
    7 juin 2010

    À la longue, je trouve que de limiter le discours à la légalité de la chose est un peu réducteur quand nos arguments relèvent pourtant de notre conception de la vie. J’exprime aussi mon opinion car j’espère mettre en valeur tous les choix possibles. Beaucoup de femmes s’étant faites avorter le regrettent et en gardent des séquelles. C’est donc qu’elles auraient aimé pouvoir faire un autre choix.

    «Or, vous admettez explicitement ma proposition comme quoi aucun homme n’accepterait, par conviction, un centième des sacrifices liés à la grossesse… »

    Ce n’est pas ce que je voulais admettre. Je ne crois pas que les hommes soient tous les mêmes, comme les femmes. Ceux qui m’entourent sont exceptionnels. Vraiment. Alors non, quand même pas.

    En tout cas. Je regarde autour de moi, et je constate que pour beaucoup, leur grossesse est moins handicapante que mes menstruations. À chaque mois, j’ai tellement mal que j’en vomis et que je suis incapable d’aller travailler.

    Est-ce injuste? Parce qu’on s’entend, ça me désavantage. Alors que faire? Prendre les pillules que mon médecin m’a donnée pour couper mes menstruations afin que je puisse fonctionner comme une bonne petite travailleuse, ou qu’on accepte ma différence, et qu’on me donne la chance de prendre du temps pour moi afin que je puisse me reposer et laisser cette journée passer?

    Qu’est-ce qui est juste?

    C’est un autre sujet, évidemment, mais quand même. Je ressens une certaine pression pour normaliser ma condition, me rendre ‘égale’ aux autres.

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  • Valérie
    7 juin 2010

    Et ma mère qui s’est rendue malade à soigner mon père dans les derniers moments de sa vie… Était-ce injuste puisque la plupart des aidantes naturelles sont des femmes??

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  • Hélène
    9 juin 2010

    Le fait qu’une femme garde des séquelles d’un avortement, ou trouve cette décision difficile à prendre ne signifie pas nécessairement qu’elle aurait aimé avoir un autre choix, et encore moins qu’elle a été contrainte à sa décision. On peut considérer qu’il s’agit de la meilleure décision à prendre et trouver cela quand même difficile.

    Lorsqu’on parle d’égalité entre les sexes, je pense qu’il faut sortir des cas individuels (du genre, moi, mon chum, mon père, mon fils sont extraordinaires). Ce sont les écarts entre la position sociale des hommes et des femmes dont il est question.

    Je pense qu’on dérape un peu en prétendant que la grossesse est moins handicapante que les menstruations. Et d’ailleurs, aucun phénomène biologique (menstruation ou grossesse) n’est en soi handicapant, c’est l’usage social qui peut en faire un handicap. Au début du XXe siècle, l’idée que la grossesse était en soi un handicap servait d’argument aux théoriciens évolutionnistes pour expliquer et justifier les inégalités sociales entre les hommes et les femmes.

    Soulager la douleur n’est certainement pas uniquement pour faire de vous une bonne petite travailleuse, mais sûrement également pour améliorer votre qualité de vie, non ?

    Quant aux « aidantes naturelles », bien entendu qu’il est injuste que ce travail gratuit soit surtout réalisé par des femmes, injuste parce que ça les appauvrie, ça rend leur travail invisible, etc. Encore une fois, l’égalité entre les sexes n’est pas une question de relations individuelles uniquement, mais d’abord de rapports sociaux entre deux groupes qui structurent la vie et les représentations des individus.

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  • Joëlle
    9 juin 2010

    Valérie: moi je te dis bravo, pour ta réflexion en date du 4 juin, tu as été capable de braver le sujet avec un peu plus de profondeur que le discours habituel.

    C’est étrange mais maintenant, à travers les commentaires, il m’apparaît se dresser 3 groupes: pro-vie, pro-choix et pro-avortement!

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  • Catherine C
    9 juin 2010

    Pro-avortement? Mais qu’est-ce que vous voulez dire, Joëlle, et qui visez vous exactement? Moi je vois plutôt deux groupes: pro-choix et anti-choix. Je n’ai entendu ni lu personne faisant la promotion de l’avortement obligatoire. Il faudrait peut-être relire certain commentaires plus attentivement…

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  • Hélène
    9 juin 2010

    On dirait qu’aussitôt qu’on tente de dégager le débat sur l’avortement du vieux fond moralisateur judéo-chrétien sur la valeur de la vie (uniquement avant la naissance bien entendu) et qui cherche à culpabiliser les femmes qui y ont recours, et qu’on observe souvent même chez certaines pro-choix, on se fait qualifier de « pro-avortement ». C’est précisément cette attitude qui contribue, avec autres choses c’est sûr, à rendre suspect le droit à l’avortement pour toutes les femmes et qui fait qu’il reste très fragile.

    Je n’ai jamais eu recours à l’avortement, j’ai deux enfants en bas âge (que j’ai eu durant mes études), mais je n’hésiterais pas à recourir à l’avortement en cas de besoin. Je ne juge aucunement les femmes pour qui l’avortement ne peut être une solution en raison de leurs croyances, mais à condition qu’elles ne croient pas que leurs valeurs doivent s’imposer à toutes.

    Je considère qu’il est beaucoup plus responsable, et « beau et grand » d »avoir les enfants qu’on a décidé d’avoir afin que ceux-ci reçoivent le meilleur de nous-même.

    Enfin, la mystification de la maternité ne semble assez dominante chez les jeunes femmes qui n’ont pas encore d’enfant (et aussi parfois chez celles qui, ayant de jeunes enfants, ont décidé de rester « temporairement » à la maison). C’est regrettable, c’est comme si l’expérience de la génération de femmes précédentes (qui ont dû faire face à l’avortement illégal, au mariage inégalitaire, à la division du travail encore plus traditionnelle qu’aujourd’hui, à l’illégitimité des mères travailleuses sans garderies à coût raisonnables) ne s’était pas transmise. Non, malgré tout le bonheur qu’ils apportent, les enfants représentent une charge de travail et un investissement psychologique et émotif considérable, qu’il est tout à fait légitime de ne pas vouloir assumer quand on devient accidentellement enceinte.

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  • Maya
    9 juin 2010

    Ce qui me dérange, moi, des commentaires sur ce qui est « beau et grand », c’est que ce sont, à peu de choses près, les arguments qui étaient utilisés pour justifier que les femmes n’aient pas le droit à l’avortement.
    Ça devrait être, à la base, une décision individuelle, qui dépend de la situation et de l’expérience de vie de chacune. Chacune a ses raisons de faire ses choix; poursuivre une grossesse non-désirée, l’interrompre, une option n’est pas meilleure que l’autre.

    Vous voulez savoir à quoi je pense, quand j’entends ce genre d’argumentaire? À ma mère qui, en 1975, avait tout juste vingt ans, ni les ressources ni le soutien pour avoir un enfant, qui aurait été absolument incapable de passer à travers une grossesse et un accouchement pour ensuite donner ce bébé en adoption – elle s’y serait attachée, à cet enfant, et elle le savait.
    Elle venait d’une région, et n’avait pas les contacts pour obtenir un avortement à Montréal. Elle a dû se taper un aller-retour jusqu’à New York pour se faire avorter.

    L’avortement n’était pas un remède miracle, mais c’était la meilleure solution, pour elle, à ce moment-là de sa vie.
    Et je crois qu’au final, c’est ce que l’on devrait essayer de faire: plutôt que de vouloir convaincre les femmes qu’une solutions est meilleure que l’autre, les aider à trouver la meilleure solution, pour chaque femme, à ce moment précis de sa vie.

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  • Joëlle
    9 juin 2010

    @Catherine C: Un exemple évident… vous réduisez la réflexion personnelle qu’a livré Valérie, puis après vous parlez de liberté… allo la liberté de penser! Si on est réellement pro-choix (qui sont des valeurs que j’estime), on ne dénigre pas celle qui font le choix de garder et celles qui font le choix d’avorter. On n’essaie pas non plus d’imposer nos volontés à personne.

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  • Joëlle
    9 juin 2010

    « Enfin, la mystification de la maternité ne semble assez dominante chez les jeunes femmes qui n’ont pas encore d’enfant (et aussi parfois chez celles qui, ayant de jeunes enfants, ont décidé de rester “temporairement” à la maison). C’est regrettable, c’est comme si l’expérience de la génération de femmes précédentes (qui ont dû faire face à l’avortement illégal, au mariage inégalitaire, à la division du travail encore plus traditionnelle qu’aujourd’hui, à l’illégitimité des mères travailleuses sans garderies à coût raisonnables) ne s’était pas transmise. »

    Ce n’est peut-être pas qu’elles sont ignorantes… Peut-être juste qu’elles essaies de trouver l’équilibre dans tout ça? Personnellement, je suis de la génération qui bénéficie du combat qui a été mené pour décriminaliser l’avortement. Maintenant, ma génération et les suivantes doivent veiller à maintenir, voire même améliorer ces conditions.

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  • Joëlle
    10 juin 2010

    J’apporte une autre piste…

    J’imagine que c’est un nouveau phénomène (@SophieSexologue es-tu là?!), les avortements sur des grossesses désirées. Des couples qui, après un échographie qui donne sur un diagnostic de trisomie, syndrome X résultant la surdité, malformations, etc…), voient préférable de mettre un terme à la grossesse.

    C’est une discussion qui revient souvent dans mon cercle d’amis, on se demande que ferait chacun de nous dans un cas comme ça. On s’écoute, on se questionne, on réfléchit, on avance un peu chaque fois dans nos réflexions personnelles!

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  • CatherineC
    10 juin 2010

    @Joelle. Je ne me mêle de la «réflexion personnelle» de personne, pas plus que je ne «dénigre» les choix de quiconque. Ce que je critique (la critique, on a le droit, Joelle?)c’est précisement le JUGEMENT (le dénigrement?) que certaines portent sur les femmes qui ont recours à l’avortement (je cite Valérie: «porter un enfant à terme pour lui donner la vie […] est beaucoup plus beau et grand que d’avorter»). J’essaie pour ma part de maintenir la discussion sur l’avortement sur le terrain du débat social. Défendre la liberté pour moi, ce n’est certainement pas se complaire dans un concert d’opinions personnelles. Si le mouvement des femmes (et l’ensemble des mouvements de libération) ont pu changer des choses dans l’histoire, c’est en tant que mouvements collectifs: il faut comprendre l’avortement comme un enjeu d’émancipation pour les femmes, pas juste comme un dilemme personnel!!!

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