Du sexisme…même dans les insultes!
L’invention du langage, il y a fort longtemps, a d’abord servit à nommer les choses, pour, au fil des siècles, devenir un outil d’appropriation par les oppresseurs. Je m’explique. Le langage méprisant des blancs vis-à-vis des noirs (mulâtre, black, négre -souvent avec l’adjectif sale) ou des arabes, des autochtones (indigènes, sauvages), des Nazis vis-à-vis des Juifs (rat, vermine, Yid, kike, youtre) ou encore des hommes vis-à-vis des femmes, renvoi à une oppression par le langage d’un groupe dominant sur un groupe dominé. Comme le mentionne Maria Yaguello dans son livre Les mots et les femmes, ces rapports ce reflètent dans le langage utilisé au quotidien par un groupe de personnes et nous renvoie une certaine image de la société et des rapports de force qui la régissent. Ainsi, l’oppresseur dispose généralement d’un registre de mépris beaucoup plus grand que son subalterne.
Dès l’enfance, les mots jouent un rôle significatif dans nos comportements et ils s’inscrivent dans notre subconscient dès le plus jeune âge. Ainsi, le petit garçon sera comparé à un petit coq, tandis que la fille sera rapidement confinée dans son rôle de poule et ce, toute au long de sa vie (poulette, poule, cocotte, poule mouillée, mère-poule, poule pas de tête, poule de luxe et surtout le fameux chick). L’association entre femme et l’univers des poules renvoi donc à ce constat que les conversations de ces dernières sont futiles, tels des jacassements. Même à l’âge adulte, les femmes seront constamment comparées à l’ensemble des animaux de la ferme : vache, cochonne, chienne, truie, poule, pie, dinde, bécasse, pouliche et j’en passe. L’homme, quant à lui, sera plutôt comparé à l’étalon (effigie de la force et de la virilité), au coq (la fierté) ou au chaud lapin (aimer les plaisirs sexuels). Les noms des animaux femelles cités précédemment n’ont pas leur équivalant masculin. J’ai bien cherché d’autres termes (peut-être un manque d’imagination de ma part?) à connotation animalière dans les insultes faites aux hommes, mais sans succès. En effet, être traité de chien ne réfère pas au même sens péjoratif et symbolique que le terme chienne pour les femmes. Il en va de même pour les expressions « être fier comme un coq », ou encore être « fort comme un bœuf », « rusé comme un renard » ou même être un cochon, n’a pas la même signification que son pendant féminin. Être « fière comme une poule »?, ou « forte comme une vache » : pas sûre…
Quelles sont donc ces insultes utilisées contre les hommes? J’imagine que vous vous en doutées. En effet, il est « intéressant » de constater que les mots pour mépriser ces derniers sont pratiquement tous des insultes provenant d’une féminisation ou d’un état de « non-virilité » des hommes: moumoune, felluette, tapette, fif, mal baisé, mauviette, gamine, fillette, pédale, couille mole, enculé, fils de pute, etc. L’insulte envers les hommes revient à utiliser des qualificatifs touchant à la représentation d’un sexe considéré comme « inférieur » ou encore à l’homosexualité. Rien de tel que d’être associé aux femmes ou aux hommes « moins vrais » pour être insulté ! Cela démontre toute la construction sociale qui entoure la hiérarchisation des sexes et l’hétéronormativité.
Le langage est l’un des symboles de la société dans laquelle nous vivons et chaque jour, nous acceptons, à des degrés plus où moins fort, cette oppression. Le langage nous le savons, est la première forme de violence, et sans doute la pire si nous considérons son côté sournois et difficile à déconstruire. Alors mesdames, je vous en supplie, la prochaine fois que vous appeler votre amie « ma poule », « poulette » ou « Chick », pensez-y à deux fois. À moins que ce ne soit un moyen utilisé pour se réapproprier ces termes, mais j’en doute fort…
Marilyn Ouellet
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Catherine
Merci pour cette réflexion.
Il est essentiel de prendre conscience de cette discrimination et de cette haine sournoise souvent si présente dans notre langage.
Je me suis toujours sentie mal à l’aise devant des qualificatifs ou des expressions à connotation sexuelle, dans lesquels c’est précisément le positionnement de la femme dans un rapport sexué à l’homme qui est décrit (ou sous-entendu) comme un signe d’infériorité, de mépris ou de faiblesse. L’homme, dans la mesure où il conçoit le rapport sexué avec la femme comme un rapport de sujet à objet, méprise la femme. Précisément, parce qu’elle est un objet et que, de façon circulaire, le mépris qu’il a pour elle, en tant qu’objet, confirme son statut privilégié en tant que sujet.
D’où mon profond malaise à chaque fois que j’entends un homme y aller d’une déclinaison sur le thème: « il s’est ben fait fourrer! »
Je me demande à quoi ce type d’hommes pensent quand ils nous « fourrent », justement… (Désolée pour le langage cru aujourd’hui.)
Andrea Dworkin, dans son essai « Intercourse », résume bien le pouvoir de tels mots et leur rôle essentiel pour garder hommes et femmes « à leur place »:
« Man fucks woman. Subject verb object. »
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Valérie
Heureusement, la donne change lorsqu’on n’utilise pas le terme «fuck», ou «baiser», qui sous-tendent déjà un rapport d’objectivation.
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Emilie
Une réflexion très intéressante!
En France, un groupe de féministe s’est donné le nom de « chiennes de garde » pour dénoncer à quel point le féminin de certains mots étaient vulgaires et négatifs.
Lors de mon voyage au Québec, j’avais été étonné de voir à quel point le féminin de certains mots étaient intégrés alors qu’en France on bataille difficilement avec nos auteures, pompières… (et sages femmes) qui cloisonnent les professions.
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Une féministe
Intéressant. Sans prétendre tenir ici un propos anti-féministe, je crois cependant qu’il faille aussi voir la mise en place de stéréotypes à travers les insultes proclamées à l’intention des garçons : l’étalon pour sa force ou encore le chaud lapin pour ses envies sexuelles. La masculinité, tout comme la féminité, n’est pas une question de rôles ou d’attitudes prédéfinis. S’insurger contre le non-respect de la femme à travers le langage et les insultes, soit. C’est même une dénonciation tout à fait légitime. Sauf qu’il faut y voir là un combat plus large, soit celui de la stéréotypisation (féminine et masculine).
Ceci étant dit, je déplore que le propos tenu par l’auteure du texte soit unilatéral et exempt de nuances, reproche qu’on fait de toute façon souvent à l’égard des féministes. C’est pour cela, et aussi en raison de la qualité moyenne du français, que ce texte perd un peu de sa crédibilité à mes yeux.
Une féministe de Montréal
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Nat
Une insulte qui revient souvent, surtout dans les médias au Québec, est « castrante »… J’en ai ma claque d’entendre ce mot à tout bout de champ pour décrire les femmes québécoises! Lorque n’importe qui a un comportement condescendant envers une autre personne, on utilise le mot « condescendant », sauf lorsqu’il s’agit d’une femme envers un homme. Ça devient subitement beaucoup plus grave que dans tous les autres cas et ça lui donne l’étiquette de « castrante » au lieu de « condescendante ».
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Marie
… et que dire du terme enragées en parlant des féministes. A t’on déjà lu l’expression un écologiste enragé? un souverainiste enragé? Pourquoi les féministes (ou, bien souvent les femmes revendicatrices) seraient-elles les seules à être enragée?
Mes vaccins sont pourtant à jour.
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MisterD
Une insulte se veut être une agression, je ne crois pas que de parler d’épurer » le langage va mener à grand chose ailleurs que dans la pensée féministe. Si quelqu’un traite une femme de « chienne, », évidemment qu’il cherche à l’atteindre dans son intégrité, tout comme si on traite un homme de tapette, on attaque sa masculinité.
Il y a eu de gros efforts par les organismes comme Gai-Écoute pour souligner l’aspect dénigrant des insultes homophobes (les pubs « ceci est une tapette »). Est-ce que les gens insultent toujours les autres avec ce terme ? Oh que oui.
Est-ce que le problème est dans la parole ou dans l’injustice qui propage ces mots ? Des insultes, il y en aura toujours, l’injustice, il est toujours temps d’y faire quelque chose.
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Joëlle
« …ils s’inscrivent dans notre subconscient dès le plus jeune âge. »
On voit les enfants répéter à l’école, ou à la garderie, les insultes qu’ils ont entendu à la maison. Je crois très fort que pour enrayer les comportements sexistes (et homophobes), ça commencent d’abord à la maison, par l’exemple et l’éducation qu’on donne à nos enfants. Par exemple, lorsqu’on dit: « ouach, pas du rose pour un gars », d’abord on lègue un comportement homophobe à nos garçons (parce que ouach si ce gars aime le rose et/ou est effiminé) et, en plus, une incompréhension et un dénigrement pour ce qui est jugé comme féminin.
P.S. Merci Marilyn, je songe un peu plus aux p’tits mots d’amour que je donne à mes enfants!
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Ju
Je trouve personnellement cet article très intéressant mais l’objectif de mon commentaire n’est pas précisément de discuter du contenu, mais de réagir à un autre commentaire. J’en ai plus qu’assez d’entendre ou de lire des personnes qui s’en prendre aux opinions des autres de manière irrespectueuse. Je comprends qu’on peut critiquer le manque de nuance d’un texte. Je comprends ce besoin qu’on certaines personnes de rappeler que les hommes aussi sont des victimes et qu’il ne faudrait pas les exclure de notre analyse, et ce même si je suis en désaccord. Ce qui me dérange c’est qu’on se permettre de remettre en question la crédibilité de quelqu’un, de ses propos, par la qualité de son français écrit. La liberté de penser et d’exprimer son opinion n’appartient pas qu’à l’élite universitaire et toutes les idées on leurs raison d’être peu importe le vocabulaire utilisé ou les nombre de fautes d’orthographes.
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Valérie
Ça n’a pas de lien directement avec le sujet, mais une chose m’a frappée cette semaine alors que je regardais un documentaire français :
La non-féminisation des termes.
La dame se présentait ainsi :
-J’avais toujours voulu être avocat…
Avocat?
Les personnes qui siègent à l’office de la langue française ont beau se marrer, je réalise que je ne me passerais pas de ce «e» qui me fait exister.
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Tingy
J’ai un blog féministe et j’enrage à longueur de post 😉
Amitiés de l’île Maurice (en ce moment)…
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Tingy
J’oubliais: demain je signalerai des passages du post ci-dessus, avec la source et le lien sur mon blog féministe http://tingy-tanana.blog.fr
(105 000 visiteurs, 170 000 pages vues , 142 pays l’ont visité, à ce jour).
Amitiés féministes.
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rholia
Les mots sont signifiants.
Le langage ordurier exprime la colère et révéle l’impuissance à reagir ,face à une situation nouvelle.
On vit assez mal cet état de fragilité,et on veut masquer cet état avec ces mots qui n’ont plus de sens .
On gesticule,on crie des sons( des bruits )ou sous pretexte d’humour on prend l’excuse du nombre de degré d’expression que nous sommes censé ne pas pouvoir comprendre,
Pour faire bref « plus français que moi ,tu meurs »
le but reste d’asservir l’autre,voir l’éliminer de son entourage afin de se sentir rassurer sur la validité de sa pauvre et misérable existence à vouloir faire régner la loi du plus fort…..pour elle même ,pour lui même car dans sa bulle,les autres n’existent pas.
Cet état d’esprit refuse la place de l autre dans son entourage lui dénie sa valeur,on peut saisir la difficulté de préserver la place de la famille, de l’enfant que poutant nous avons tous été un jour.
Les gros mots ,les caprices la tricherie ,le mensonge c’est vouloir asservir l’autre vita eternam.
On parle de langage en fait ,c’est la pensée
orduriére qui se traduit par le refus du partage ,le refus du collectif.
Ces gens là s’imposent avec leur théories bancales et sont horriblement admiré par leur masse servile terrorisée par leur seule présence.
L’esprit le corpus machiste ,celle ou celui qui ne partage pas;l’espace ,la parole,l’écriture….;et devient ennuyeux à observer ,à entendre ,à voir.
Je ne jette ici que des hypothéses.
Pour le plaisir ,le bonheur de la réflexion.
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1twisted
3reproductive
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