Top 10 des clichés sur le féminisme et les féministes
« Je ne suis pas féministe mais… ». Voilà surement la phrase dans laquelle on entend le plus souvent le mot féministe. Oui le F-word, comme l’appelle les anglophones, fait peur et on hésite avant de s’en réclamer pour diverses raisons qui ont la peau dure. Tour d’horizon des petits et gros clichés sur les féministes et le féminisme.
1) La féministe n’en a jamais assez.
Comme me disait récemment un abruti fini gentil interlocuteur, « le féminisme c’est has been ». Au delà de la stupidité, d’associer un combat à une coupe de cheveux, il faut bien avouer que pour beaucoup le féminisme c’est un truc de hippies des années 60, au meilleur des cas nécessaire à l’époque mais aujourd’hui dépassé. En bref, un truc perpétré par une bande de chieuses qui en veulent toujours plus et râlent tout le temps. Et c’est vrai que mis à part les inégalités de salaires persistantes, une femme tuée par son conjoint tous les trois jours, 75 000 viols par an, les réflexions machistes ou de publicités dégradantes qui circulent en tout impunité … tout est réglé aujourd’hui.
2 )La féministe n’aime pas les hommes et voudrait tous les réduire en esclavage après les avoir émasculé (de toute façon elle est lesbienne).
A part dans les cauchemars d’Eric Zemmour, les féministes se réunissent rarement en société secrète pour comploter et conquérir le monde tels des Minus et Cortex en jupette. La réalité est plus décevante car le féminisme ce n’est pas du machisme à l’envers, ce n’est pas militer pour le supériorité des femmes mais simplement pour une juste égalité bénéfique à tous. Ce n’est pas un combat contre les hommes en particulier mais contre un modèle social qui enferme les humains dans des carcans dont ils ont tous intérêt à sortir. Car franchement messieurs, cette course à la virilité c’est pas fatiguant pour vous non plus?
P. S : Affirmer qu’on a pas forcément besoin d’un pénis pour jouir, ce n’est pas être lesbienne, simplement réaliste.
3)Variante suivante sur le thème de la guerre des sexes : la féministe veut être un homme.
Car elle est jalouse et rêve secrètement d’avoir un pénis. Merci papi Freud! Ben oui certaines féministes jouent sur les codes masculins… et d’autres au contraire, surjouent la féminité. En plein essor du lipstick féminism (strip tease burlesque et autre) le féminisme aujourd’hui consiste plus à se réapproprier les codes de genre et les réinventer pour que chacun-e puisse d’épanouir comme il le souhaite (ce qui est justement le contraire de l’uniformité). Et entre nous, je connais même des féministes qui se maquillent et portent des jupes! Sissi!
4 )Au contraire, la féministe est frustrée, hystérique, mal baisée, moche ou n’a pas trouvé le bon (rayer la mention inutile).
Et quand elle a ses règles j’vous raconte même pas mon pov’ monsieur! Non content de contredire totalement le cliché précédent, c’est toujours sympa cette manière de d’insister sur le fait qu’une femme ne puisse pas heureuse par elle même mais seulement avec l’aide d’un homme (à savoir celui qui la remettra dans le droit chemin et lui donnera envie de vivre heureuse derrière ses fourneaux et au milieu de « beaucoup d’enfants »). Faut-il rappeler qu’il y’a pas si longtemps encore, hystérie et sexualité étaient « médicalement » liées? Comme quoi le progrès des mentalités n’est pas toujours rapide…
5) La féministe est poilue.
D’abord Jésus aussi était poilu et on l’a bien écouté. Et Frida Khalo? Et Julia Roberts? Et… et on s’en fout non? D’autant plus que cette « moquerie » risque de ne plus en être une dans quelques années (et oui la roue de la mode tourne aussi).
6 )La féministe défend une pensée unique.
Allez dire ça à celles qui s’arrachent les cheveux sur la question de la prostitution ou du voile. Sans rentrer dans les différents -isme (matérialisme, différentialisme et autre réjouissances), le féminisme c’est de nombreux courants et des débats profonds. En bref, le contraire de la pensée unique.
7 ) La féministe n’a aucun sens de l’humour et sort les griffes à chaque blague sexiste.
Comme partout certaines personnes ont plus d’humour que d’autres. Alors oui au second degré et effectivement une petite blague machiste n’a jamais tué personne. Par contre, au premier degré, les blagues sur les blondes et les clichés sur les femmes, à la longue, c’est usant. En plus comme humour entre Bigard et Télé Loisirs on doit pouvoir faire mieux non? Et pour ceux qui trouvent toujours ça drôle et inoffensif, amusez vous à remplacer la mot « femme » par « noir » ou « arabe » dans ce genre de blagues. Exemple au hasard : « Pourquoi les femmes/les blondes ne peuvent pas attraper la maladie de la vache folle? Parce que c’est une maladie qui touche le cerveau ». C’est moi ou ça passe moins bien d’un coup?
8 ) La féministe est réactionnaire et moralisatrice.
Elle crie au scandale devant le moindre téton échappé d’une pub et s’oppose à la prostitution ou aux mères porteuses. D’abord cela ne reflète pas la totalité du mouvement féministe (voir par exemple le courant « pro-sex » en pleine expansion qui inspire notamment les syndicats de travailleur-ses du sexe). En plus, ces sujets touchent certes à la sexualité mais le problème ce n’est pas « ce sein qu’on ne saurait voir » ou l’aspect moral mais bien la marchandisation d’un corps et en l’occurrence en énorme majorité de ceux des femmes. Se mettre à poil, coucher ou faire ce qu’on veut de son utérus n’a jamais posé problème si cela ne s’inscrit pas dans un rapport marchand qui défavorise toujours les mêmes.
9) La féministe nie les évidences naturelles.
L’homme plus fort que la femme, l’instinct maternel, l’horloge biologique, Mars, Vénus tout ça tout ça… Sans parler du sublime argument animalier « C’est comme ça que ça se passe chez nos amis les animaux et on reste quand même que des animaux ». Marrant comme, dans ce domaine, la « nature » (qui de plus en plus est prouvée comme résultant d’une construction sociale) a bon dos alors que le reste du temps on est bien content de dépasser les contraintes naturelles et d’être plus que des animaux. ^Mais au fait c’est la lionne qui chasse non? Et les hippocampes mâles qui élèvent leurs petits? Et les escargots alors c’est quoi? Ben dis donc les modes d’organisations peuvent être variés en fait. D’ailleurs 5% des humaines naîtraient intersexués, comme quoi cette grande différence des sexes, elle tient pas à grand chose.
10) La féministe est une femme.
Celui là n’est malheureusement pas vraiment un cliché. Il y a bien sûr des hommes féministes mais en minorité. Et c’est bien dommage car contrairement au machisme qui tue tous les jours, le féminisme, lui, n’a jamais tué personne.
En bref, comme dirait Didier Super « Y’en a des biens ».
Sans transition aucune pour te laver le cerveau, voilà la vidéo la plus absurde, folle et génialissime de la création.
A part ça mon correcteur d’orthographe a également été touche par le fameux complot mondial. Il ne connait pas le mot « machiste » ni « marchandisation ».
Quel connard de phallocrate.
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Par Yé.
Publié le 20 mai 2011 sur Dalida, Marx et moi
Hermil LeBel
« Le féminisme, c’est la théorie, le lesbianisme, c’est la pratique »
Ti-Grace Atkinson
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Hypathie
Que la majorité des féministes soient des femmes, cela me paraît normal : ce combat pour l’égalité est le nôtre ; que des hommes s’y joignent tant mieux, mais ce n’est pas déterminant. Je crois qu’on dit d’ailleurs pro-féministe dans le cas des hommes. Ce qui est remarquable aussi dans l’hystérie antiféministe ambiante, c’est que les hommes tout aussi victimes que nous du machisme et de ses rôles obsolètes culturellement plaqués, n’ont jamais rien écrit ni produit et ne produisent toujours rien sur la « masculinitude », ce continent noir. Étonnant !
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La Digresse
Comme cet article tombe à point pour m’éclairer et me conforter dans mes pensées/croyances/certitudes. En effet, je me suis fait asséner presque chacun de ces clichés récemment, par un jeune homme que je qualifierais de passéiste. J’ai été la seule du groupe à lui tenir tête et loin d’être soutenue, j’ai été blâmée d’avoir créé une dispute pour pas grand-chose. Pas grand-chose??!?! Ce n’est définitivement pas mon point de vue!
Merci encore de me rappeler les raisons basiques de mon ras-le-bol et de ma décision de ne plus me taire ou minimiser ce genre de propos!
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Emilie
Totalement d’accord…
Moi ce qui me fait doucement rire et me brise le coeur à chaque fois c’est d’entendre ces mots dans la bouche des femmes.
Mais je suis contente de constater que ces dernières années sont marqués par un renouveau du féminisme, une nouvelle image défendue haut et fort par une nouvelle génération de femmes (pas forcément lesbienne poilue frustrée etc) qui en donne une nouvelle image décomplexée drôle et intelligente (comme ce blog et cet article!!)
Merci
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Martin Dufresne
http://jeveuxtoutsavoir.hautetfort.com/archive/2011/07/04/espece-de-feministe.html
« Victimisée, lesbienne, hystérique, extrémiste, castratrice, voilà quelques unes des nombreuses qualifications auxquelles on s’expose… Une simple remarque ou constatation sur ce qui cloche dans les droits des femmes ou sur une insulte sexiste peut suffire à être « insultée » de féministe. Je met le mot « insultée » entre guillemet, car à ce jour être FÉMINISTE c’est une INSULTE dans la bouche de pas mal de monde ».
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Guillaume Rivest
Jaime bien no9, Ya des chose qui ne peuve changer ou ce cacher…
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Brazi
Quel bonheur de lire ce post !
Combien de fois je suis passée pour la fille qui s’indigne d’un rien ou bien celle qui sait-pas-quoi-dire-pour-faire-chier-le-monde !
J’essaie également de mettre en lumière ces clichés séxistes ordinaires à ma façon sur mon (tout récent) blog.
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Pingback: Déconstructions des clichés les plus courants au sujet du féminisme. | L'Égalitarisme c'est pas ce que vous croyez !
3verified
1demonstrated
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