La culture du viol… du siècle!

En voyant apparaitre cet article sur mon fil Facebook, j’ai vraiment sauté. Apparemment, se faire faire des avances non désirées, dans son 2 et demie (et là, imaginons que la femme n’eut pas le courage de repousser ces avances), se faire dire que d’autres femmes couchent avec plein d’hommes (utilisation d’un argument d’autorité), puis se faire toucher contre son gré (agression sexuelle criminelle) n’est « pas le crime du siècle »!? Évidemment…

Aurait-il fallu que la victime se laisse abuser? Qu’elle se défende à coups de poings? Qu’elle attende qu’il baisse son pantalon?

Certes, je comprends que la situation n’est pas très grave et que l’on peut sourire en imaginant la situation. Un gars s’essai, il se prend un râteau, fin de l’histoire. Mais, regardons un instant ce qui a rendu possible ces gestes.

  1. D’abord, il est un homme de 40 ans, elle une jeune femme de 19 ans. Certes, la société québécoise est de plus en plus égalitaire, mais il reste que cette situation implique deux hiérarchies potentielles, deux oppressions qui interagissent, d’une part celle de genre, d’autre part, celle de l’âge. Hiérarchies qui semblent avoir eu un effet ici, puisqu’il s’est permis (et s’est senti autorisé) de lui faire des avances et des demandes hors du commun, comme le spécifie le journaliste:  « Après avoir longuement complimenté la jeune femme sur son physique et de l’avoir invité en vain au cinéma, il lui a demandé de se déshabiller pour « juste regarder » ».
  2. Ensuite, il faut tenir compte de l’endroit où se déroule l’histoire. Étant dans un appartement, endroit fermé et à l’abri des regards, dans l’intimité de la cliente, l’agresseur se sent autorisé à proposer des relations intimes à la plaignante. Bref, parce que tu m’as fait entrer chez toi, j’ai le droit d’avoir des attentes. Dans un bar, ce serait: si je te payes un verre, tu couches avec moi.
  3. Puis, le recours à un argument d’autorité. En effet, se voyant refuser ses avances, le technicien originaire d’Algérie invoque que « même à son âge, les filles de (son) pays faisant l’amour avec plein d’hommes ». Par ce moyen rhétorique, l’agresseur veut discréditer la plaignante en soulignant qu’elle n’est pas comme les autres, qu’elle devrait faire comme les autres. Bref, il veut la convaincre de se soumettre à ses désirs, pour être considérée comme les autres jeunes filles.
  4. Enfin, le passage à l’acte. Puisque toutes ses tentatives de « séduction » ont échoué, il se croit permis d’aller chercher ce qu’il veut, malgré qu’il n’avait clairement PAS le consentement de la principale intéressée. Bref, je t’ai demandé ton avis, mais je m’en fous un peu.

Voilà les éléments dont il faut tenir compte dans cette situation. Si on ne punit pas sévèrement ces gestes, que lance-t-on comme message? Que tant que tu ne dépasses pas une certaine limite, tu peux continuer? Que ce n’est pas grave d’entrer chez les gens pour installer internet et de demander des relations sexuelles? Et que puisque c’est ton job d’aller chez les gens installer internet, on va t’absoudre pour que tu puisses continuer, mais… essaye de ne pas te faire reprendre!?

culture-du-viol-parti-pirateJe comprends que monsieur n’est peut-être pas foncièrement mauvais. Je comprends aussi qu’il ne faut pas détruire sa vie pour ces geste. C’est pourquoi, je ne demande pas la prison, ni ne demande qu’il soit pendu. Je veux simplement que l’on se pose la question collectivement. Est-ce que comme société on veut permettre à des gens d’imposer leurs désirs sexuels aux autres? Veut-on absoudre ces gens, sous prétexte qu’ils n’ont pas franchi une certaine limite? Il faut faire très attention ici, puisque c’est ÇA une société qui encourage la culture du viol. Une culture du viol qui permet des écarts de conduite à certaines personnes, en dénigrant le vécu des autres. Je n’en ai pas contre l’agresseur (bon, oui un peu quand même…), mais contre cette phrase prononcée par le juge. Malgré tout le respect que j’ai pour le magistrat, il me semble que cette remarque incarne à elle seule ce qu’est la culture du viol.

Quand cessera-t-on de regarder les gestes uniquement, pour regarder la société et la culture qui les rendent possibles?

15 Comments

  • Frédéric Plante
    30 avril 2013

    ****Message censuré pour racisme*****

    Ensuite, je suis désolé, mais ce type doit impérativement faire un peu de prison, pour envoyer un message clair****. ****les femmes ont le droit de disposer de leur corps comme bon leurs semble.La Dame pourrait être en sous-vêtement, t’as pas le droit de lui toucher.

    Il est clair également que la position professionnelle doit également être revue. ****Message censuré pour cause de discrimination en raison du statut****

    Le type doit servir d’exemple donc doit perdre son emplois et faire un petit séjour en prison. Peut-être qu’il serait même utile qu’il fasse un groupe d’orientation, car il ne semble pas vraiment désolé de son geste.

    Voilà, je suis plutôt contre les groupes féministes mais ça c’est mon opinion. Tu ne touche pas aux femmes sans leur permission explicite

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  • Valérie
    30 avril 2013

    Effectivement, la non-respect de la limite, nécessaire à la reconnaissance de l’autre, ne tient pas dans notre société, ce qui la rend plus tolérante à l’égard du viol, et bien d’autres choses.

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  • Ariane
    4 mai 2013

    En fait, comment sait-on qu’il n’a pas sévit, avant cet acte manqué? Je ne peux pas lire l’article cité au complet car je ne suis pas abonnée au Journal de Montréal mais… le gars a l’air assez capable de s’être déjà essayé.
    Et puis, bon, peut-être que la cour lui donne le droit de garder son emploi, mais moi si j’étais son employeur, ça serait un renvoi immédiat.

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  • Solane
    8 mai 2013

    «se faire dire que d’autres femmes couchent avec plein d’hommes (utilisation d’un argument d’autorité)»
    Révisez vos sophismes… argumentum ad populum

    Je me ferai l’avocate du diable,
    «(et là, imaginons que la femme n’eut pas le courage de repousser ces avances» Laissez faire c’est déjà consentir. Vous connaissez l’adage qui ne dit mot consent…

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  • Ariane
    8 mai 2013

    Solane a écrit: « Laissez faire c’est déjà consentir. Vous connaissez l’adage qui ne dit mot consent… »

    Incroyable. Vous ne devez pas connaître la définition légale du mot « viol ».

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  • club montreal
    10 mai 2013

    je le trouve tres interessant votre blog et surtout cet article 🙂

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  • Claude
    25 mai 2013

    On peut parler de culture du viol mais j’aurais tendance à faire usage d’un concept plus parapluie: une culture des rapports de forces. Outrepasser les limites d’autrui semble tout à fait justifié au sein de notre société. Qui plus est, même prisé. Tout faire, tout avoir, et ce sans délais. Le sexe constitue une sphère comme les autres où s’exercent ces rapports de forces. Cependant, la sphère sexuelle image mieux l’intégrité de la personne et cela nous permet d’y repérer davantage la violence.
    Dans un passé quelque peu lointain, l’humain avait inventer le concept des dieux afin de rappeler à l’homme qu’il ne peut pas tout faire, tout avoir sans conséquences importantes (pour lui ou pour les générations suivantes.
    Merci pour l’article, il y a certainement quelque chose de l’ordre de la culture dans tout cela.

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  • LaDigresse
    21 juin 2013

    @Solane: Laisser faire, c’est déjà consentir?!?!? ça va pas la tête? Se soumettre, par peur ou par lassitude, ce n’est pas consentir. Selon moi, le consentement doit être volontaire, enjoué, verbal et constant.

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  • neoselen
    16 septembre 2013

    De mon point de vue, je suis pour la peine de mort pour les violeurs récidivistes.

    Voilà pourquoi: il ne se rends pas compte qu’il a mal fait la 1ère fois, il ne fait pas d’effort pour se soigner, il n’est pas apte à interagir sans danger avec d’autres personnes.

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  • Blackfruit
    21 octobre 2015

    Est-ce que comme société on veut permettre à des gens d’imposer leurs désirs sexuels aux autres?

    Oui

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