Gentille Marie

Ce texte est une version modifiée de celui paru sur le blogue INIKUNATTUK de Sophie Tremblay Morissette.

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Je ne sais pas si c’est le mois de décembre et sa Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes ou si c’est l’annonce récente de la tenue d’une enquête sur les femmes autochtones disparues ou assassinées, mais j’ai envie de vous parler de Marie.

Marie

Marie, c’est le nom fictif donné à une vraie femme. Une inuite qui habite comme moi à Nain sur la côte nord du Labrador et que je côtoie assez régulièrement. Souriante. Douce. Travaillante. Elle élève son petit-fils et travaille à temps plein. Elle est aussi bénévole auprès de plusieurs organisations.

Un jour, j’ai croisé Marie dans un endroit public. Elle avait un œil au beurre noir et la mine plutôt basse. J’ai figé. Elle n’a rien dit au sujet de son ecchymose et moi non plus. Je ne savais pas quoi dire, comment me comporter. Je lui ai donc retourné son sourire et nous avons fait la conversation comme si tout était normal. 

Plus tard, j’ai pleuré.

J’ai pleuré parce que j’étais triste pour Marie. J’ai aussi pleuré parce que je n’avais pas trouvé les mots pour la réconforter, pour lui offrir mon écoute et mon soutien. J’ai fermé les yeux et, ce faisant, j’ai été lâche.

Douce ignorance

Grâce à mon entourage et à ma mère surtout, j’ai toujours compris l’importance du féminisme et milité en tant que féministe. J’ai également le grand bonheur de partager ma vie avec un homme qui l’est aussi. Ensemble, nous essayons de donner le meilleur exemple possible à notre petit bonhomme.

Ma rencontre avec Marie il y a plusieurs mois m’a cependant confrontée à la difficulté d’agir au-delà de mon cercle immédiat. Cette journée-là, j’ai compris pourquoi certains préfèrent cheminer dans la vie en ignorant la douleur d’autrui.

Loin d’être parfaite, je veux surtout être conséquente et présente. Je veux être à la hauteur de mes convictions. Je me perds parfois dans les discours féministes modernes, mais je sais que la solidarité entre femmes et la solidarité des hommes envers les femmes sont de puissantes forces que nous devons alimenter. Éducation, prévention, sensibilisation, discussion, action.

Je sais que les mots ne seront pas plus faciles à prononcer la prochaine fois, mais grâce à Marie, j’aurai au moins la force de dire quelque chose.