Hommage aux suffragettes
Le 25 avril 2017 a été célébré le 77e anniversaire de l’obtention du droit de vote des femmes au Québec. Je profite donc de l’occasion pour écrire un bref hommage à ces femmes qui se sont battues pour l’élargissement de leurs droits civiques.
Le mouvement féministe a pris son essence au XIXe siècle au sein des classes plus aisées, sinon bourgeoises ; le droit de vote sera l’une de leurs premières revendications. Que ce soit par les publicités, les manifestations ou des prises de parole, les « suffragettes », comme on les appels à l’époque, se mobilisent avec toujours plus d’acharnement. C’est en prenant exemple sur ces femmes que les canadiennes vont amorcer dès le début du XXe siècle leur propre lutte pour l’élargissement de leur droit civique.
Au Québec, c’est à la fin de la Première Guerre mondiale que la lutte pour l’obtention du droit de vote aux élections provinciales commence à prendre plus d’ampleur. Déjà, le gouvernement canadien avait autorisé les mères, les femmes et les sœurs des familles des soldats à voter aux élections fédérales en 1917, pour ensuite l’accorder à l’ensemble d’entre elles l’année suivante. En 1922, le Québec devient la seule province à ne pas avoir accordé cette ouverture démocratique. Des comités de suffragettes commencent alors à se mobiliser lors des Assemblées parlementaires où des figures dirigeantes comme Thérèse Casgrain, Marie Gérin-Lajoie et Idola St-Jean prennent la parole. Le 10 février 1922, des centaines de femmes vont prendre la route vers la vieille capitale pour demander le droit de vote. D’autres rassemblements de déléguées vont retourner à Québec lors des années suivantes pour se faire entendre au Parlement. Toutefois, le traditionalisme catholique canadien-français est encore trop ancré pour qu’un réel changement se fasse. Aussi, l’opinion publique voit le mouvement suffragiste comme une menace pour la survivance de la nation et des familles canadiennes. Les journalistes sont entre autres grandement responsables de cette propagande antiféministe.
Le mouvement suffragiste va toutefois continuer à progresser par le biais d’associations ; l’Alliance canadienne pour le droit de vote des femmes au Québec fondée par Idola Saint-Jean ainsi que la Ligue des droits de la femme présidée par Thérèse Casgrain constitue deux organisations majeures qui domine à la fin de la décennie 1920.
À la fin des années 1930, le contexte mondial est fébrile. D’une part, le Québec commence à se sortir de la Grande Dépression qui a attaqué le monde en 1929. D’autre part, la Deuxième Guerre mondiale est de plus en plus imminente ; si le pays bascule dans la guerre, les femmes devront aussi faire leur part pour la patrie. En 1938, c’est dans cette situation de tourment et de crise que le Parti libéral du Québec d’Adélard Godbout propose de nouvelles politiques plus interventionnistes au sein de la population. Ce dernier précise que les temps ont changé et que les femmes de la vie moderne avaient besoin du droit de vote. C’est la première fois qu’un chef de parti est en faveur du suffrage féminin. Il est toutefois important de préciser qu’il n’était pas encore mention d’accorder ce droit aux femmes autochtones et asiatiques, mais bien à « la femme » blanche catholique ou protestante. La loi sera adoptée à majorité en deuxième lecture le 25 avril 1940.
En résumé, au-delà de toutes ces dates et de ces différentes étapes, qui forgèrent la grande épopée de la lutte du suffrage féminin, le plus important est de comprendre l’importance pour les femmes de recevoir cette reconnaissance démocratique et civique. Pour les sociétés occidentalisées comme les nôtres, le droit de voter est naturel ; il suffit d’avoir sa majorité. Pourtant, à une époque pas si lointaine de la nôtre, ce droit était très fragile ; les vives protestations entourant l’accord au droit de vote des femmes en sont très révélatrices. Par conséquent, ce souvenir de ces luttes est essentiel surtout dans notre monde où tout peut nous sembler acquis.
Au Québec, le 25 avril est à peine commémoré. Pourtant, cette date symbolise la porte d’entrée à tous les autres droits obtenus par la suite ; sans reconnaissance civique, les femmes n’avaient aucune chance. Le droit de vote accordait une place plus importante au sein de leur foyer, une ouverture sur la scène politique et publique, etc. Ainsi, sans lire la biographie d’Idola Saint-Jean, ou de Thérèse Casgrain et ou d’analyser la pensée féministe de l’époque, je crois que laisser plus de place à cette page de notre histoire n’est pas à négliger.
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