À celui qui me voyait dans son fantasme lesbien

a-celui-qui-me-voyait-dans-son-fantasme-lesbien-imageÀ toi, cet inconnu qui m’écrit allo et qui me demande deux messages plus tard si j’aime aussi les femmes. Je lui dis que je préfère ne pas m’affirmer sur la question. Il me répond il est chanceux ton homme alors. Je ne vois pas pourquoi un homme serait particulièrement chanceux d’être en couple avec une femme bisexuelle. Il réplique que je dois bien savoir que les hommes fantasment sur cette idée. Et je lui explique pourquoi les femmes lesbiennes, bisexuelles ou queers ne veulent rien savoir d’être mises en scène au service du plaisir des hommes hétéros.

 

Je ne consens pas à faire partie de tes fantasmes

Il me fait rapidement part de l’intérêt qu’il a de me voir dans un contexte érotique homosexuel. Me voir placée dans ce fantasme lesbien me donne un sentiment de petite agression sexuelle verbale. Je n’ai pas consenti à me retrouver dans cette position et ça me dégoûte de savoir ce qu’un homme que je ne connais pas pourrait vouloir faire de moi. Il me parle en détail de son expérience avec une ex qui lui racontait ce qu’elle avait fait avec une amie pendant leurs ébats. Être invitée dans ce moment intime n’est certainement pas quelque chose que j’ai demandé. Il proclame qu’il ne comprend pas mon dégoût à l’idée qu’il fantasme sur moi, car cela semblait plaire à son ex. Alors maintenant, lorsqu’une femme dit oui, elle consent au nom de toutes les personnes bisexuelles? Si une femme exprime son malaise, ne pénètre pas de force son esprit.

 

Le fantasme lesbien est une expérience normalisée

Ce même homme me réécrit le lendemain pour me dire qu’il avait dix ans la première fois qu’il a trouvé un magazine pornographique. Le fait de voir deux femmes ensemble lui plaisait déjà, même avant peut-être. Non seulement je n’ai vraiment pas envie d’avoir cette image de jeune garçon qui se donne du plaisir, mais il en rajoute en disant que le fantasme lesbien est intégré dans la psyché du mâle. Chacun a bien le droit de désirer ce qu’il veut, mais il faut arrêter de normaliser une expérience qui a simplement été mise en valeur par la pornographie. Les excuses à la boys will be boys c’est se justifier en disant que les hommes partagent tous la même psyché.

 

Les femmes lesbiennes ne sont pas des objets sexuels

Le fantasme lesbien dont on abuse de façon malsaine est ce qui fait en sorte que l’on paie des femmes pour qu’elles s’embrassent ou que celles s’identifiant comme LGBTQ se retrouvent face à des demandes d’hommes désirant les regarder. Dès qu’il me fait part de son intérêt pour les femmes lesbiennes, cela me revient immédiatement en tête. Une femme qui aime une femme se voit être limitée par son orientation sexuelle comme si elle était définie uniquement par ça. L’inconnu se défend en disant que Tout être humain est sexualisé d’une manière ou d’une autre.  […] C’est ce que Mère nature a trouvé comme moyen pour nous pousser à procréer. Il n’est qu’un simple animal? Qu’il retourne dans sa cage! Mais c’est lorsqu’il a dit que la femme est l’objet qu’il respecte le plus avant de poursuivre en disant que personne ne considère la femme comme un objet en 2017 qu’il prouve que son éducation féministe partait de trop loin pour pouvoir avancer.

 

Deux femmes ne s’aiment pas pour plaire à un homme

L’inconnu s’enfonce en disant avoue que c’est mieux que la biphobie. Il fait son sensible en disant qu’il est tombé en bas de sa chaise quand il a su que les femmes vivaient de la discrimination par rapport à leur orientation sexuelle. Cela ne fait pas de sens selon lui, puisqu’être bi augmente leur popularité auprès des hommes. Il est particulièrement dérangeant de voir que des hommes croient qu’ils ont le droit de s’inviter dans notre tête, dans notre lit. Ils ont la prétention de penser que nous faisons cela pour leur faire plaisir. Même quand deux femmes vivent une expérience unique ensemble, certains hommes ont le culot de rapporter cela à eux.

 

Les hommes ne viendront jamais sauver les lesbiennes

Autant il croit qu’il est bien d’érotiser les femmes lesbiennes pour son plaisir, qu’il est convaincu qu’il sera le prince charmant qui leur fera découvrir les joies de l’hétérosexualité. Il ne peut pas concevoir que deux femmes puissent être heureuses sans hommes. Il a l’impression de devoir les sauver. Non seulement cet homme pense qu’on ne peut pas empêcher un mâle d’être attiré par une scène lesbienne, mais il m’a également dit qu’il est normal de vouloir les faire changer de bord. Je suis un conservateur traditionaliste. S’il est possible de convertir un gai, homme ou femme, cela doit être fait. Vous m’excuserez si je n’ai pas la suite de la conversation, mais Facebook l’a retirée pour cause de propos homophobes. Et je dois encore me plaire à l’idée d’exciter un homme par ma bisexualité? La biphobie, l’objectification et le manque de respect ne sont certainement pas des choses qui me donnent envie de faire de ces fantasmes une réalité.

À celui qui me voyait dans son fantasme lesbien, tu ne connais même pas mon orientation sexuelle et tu as librement fait de moi l’objet de tes désirs sexuels. Je ne suis pas lesbienne, je ne suis pas hétéro, je n’ai pas d’étiquette. Pourtant, je suis touchée par les mêmes enjeux que ces femmes lesbiennes et bisexuelles. Je suis fièrement féministe et t’entendre parler contre ces femmes, c’est t’entendre parler contre nous toutes. J’ai dit non pour celles qui n’ont pas la force de le faire.

1 Comment

  • Marie
    3 juin 2017

    Ah, c’est tellement vrai! Pour avoir donné un bisou sur la joue à une amie en public, j’ai eu droit au même genre d’attitude d’un pur inconnu qui s’imaginait un gros show de lesbiennes! Franchement! Non, on ne veut pas faire partie de leur fantasme à ces hommes-là, peu importe notre orientation…

    [Commentaire hors-sujet? Abusif? Spam?]

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