Pour l’acception et l’amour du poil
Se laisser pousser les poils, le temps d’un mois. Tel est le projet Maipoils, fondé par la comédienne québécoise Paméla Dumont.
En 2017, il est encore choquant pour beaucoup de personnes de voir une femme porter son poil, l’accepter, l’aimer. Ce double standard dont les femmes souffrent est une véritable problématique selon la fondatrice de Maipoils. Le problème, soulève-t-elle, n’est pas qu’une femme se rase. C’est plutôt l’obligation sociale qu’elle a de le faire qui est problématique. Au final, ça devrait être aussi anodin que de se mettre du rouge à lèvres ou pas ! » me dit Paméla lors de notre entretien.
Maipoils, c’est aussi un mois de conférences, de témoignages, de soirées d’échanges autour du thème de l’acceptation des poils.
Laisser pousser ses poils, un acte politique ?
« Malheureusement, en 2017, ce l’est toujours ». Le but, avec Maipoils, c’est qu’un jour, sortir dans la rue avec du poil sur les jambes et les aisselles ne soit plus un statement. Lorsque l’on reçoit des commentaires violents pour une jambe nonrasée, il y a quelque chose de politique. L’attaque à l’état naturel du corps de la femme, c’est un acte politique. Paméla Dumont souligne que le corps est un moyen de résistance. Le fait que le poil est sa plus petite unité visible, et qu’on le refuse à la femme, possède une portée politique très grave. Avec Maipoils, le but est de démontrer en douceur que le poil fait partie intégrante du corps de la femme, qu’il a le droit d’exister, d’être vu et aimé par celle qui le porte.
Accepter le poil, une journée à la fois
Maipoils, rappelle Paméla Dumont, c’est une initiative qui a pour motif de s’installer tranquillement dans la société. Elle vise le grand public, et c’est pourquoi il faut qu’elle prenne sa place en douceur, un jour à la fois ! Maipoils n’est pas une obligation, mais bien une invitation pour toutes les personnes à accepter son poil. Bien sûr, il peut y avoir des périodes où une personne veuille se raser, mais cela est tout à fait légitime. Il n’y a pas de mauvaises façons de s’occuper de ses poils.
Quand hygiène et poils forment un amalgame
Une des phrases que l’on entend souvent est celle que les poils sont sales et qu’il faut les raser ou les épiler pour être une personne propre. Pourtant, c’est bien le contraire ! Les poils agissent comme une barrière contre les bactéries, tout en aidant à une meilleure hydratation du corps. Les poils sont donc très importants et ne sont pas là par hasard… Ce genre de croyance populaire se doit d’être démystifiée, entre autres avec l’aide de cours d’éducation à la sexualité dès le jeune âge.
Le poil, une façon de distraire des enjeux importants ?
Le rasage et l’épilation des poils féminins est un phénomène qui est apparu avec le cinéma hollywoodien au début des années 1900. Les femmes aux aisselles et jambes aux allures d’une prépubère (grande infantilisation de la femme !) se sont alors implantées comme étant le modèle de beauté à suivre. Double profit pour les compagnies de rasage, qui pouvaient maintenant vendre non seulement aux hommes, mais aux femmes ! D’autre part, il s’agissait de distraire les femmes des luttes féministes sur le plan politique qu’elles menaient, et les forcer à suivre un dictat de la mode carrément impossible*.
Encore aujourd’hui, le temps et l’argent dépensés par les femmes pour ressembler à une jeune fille de 11 ans sont épouvantables. En se dégageant de ces fausses obligations corporelles, les femmes pourraient passer plus de temps sur ce dont elles ont véritablement envie.
Bien entendu, la lutte pour l’acceptation du poil féminin est loin d’être terminée, mais c’est avec des initiatives comme Maipoils que la société changera tranquillement, un petit poil à la fois! Le projet est d’ailleurs en période de sociofinancement pour l’année prochaine. Tous les détails ici : https://www.maipoils.com/sociofinancement
Pour en apprendre plus sur le projet Maipoils :
Site internet : https://www.maipoils.com/
Page Facebook : https://www.facebook.com/Maipoils/
* SURPRENANT, Marie-Eve. Manuel de résistance féministe. Éditions du Remue-ménage.
Elsa
Y a-t-il une erreur au début de l’article : « se raser » ou « ne pas se raser »?
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