Sexisme passif = bête noire sociale?
Il est 23 h, t’es en soirée avec un groupe de potes. Là, y’en a un qui lance un beer pong pour enfin démarrer le truc. Comme d’hab’, vous allez devoir faire des équipes, ça part en un classique filles/garçons. Puis ta pote Noémie se tourne vers toi, elle qui est abonnée à Code de meufs et porte un t-shirt girl power, et lance : « De toute manière, entre filles, on est mieux organisées ».
STOP.
JE T’ARRÊTE TOUT DE SUITE.
C’EST DU TOTAL BULLSHIT. C’EST NUL.
C’EST DU SEXISME PASSIF.
Sexisme passif/actif, qu’est-ce que c’est et d’où ça vient?
Le terme sexisme passif vient de l’étude The Ambivalent Sexism Inventory: Differentiating Hostile and Benevolent Sexism de Peter Glick et Susan T. Fiske. Les deux sociologues différencient ainsi deux formes de sexisme, qui forment le sexisme ambivalent :
Le sexisme hostile, actif, le plus identifiable, tend à dégrader le sexe qu’il caractérise : « Les meufs, c’est toutes des putes », « Les femmes se plaignent tout le temps » ou « Un homme sensible, c’est pas un véritable mec ».
Le sexisme bienveillant, passif, vicieux, car il valorise le sexe qu’il caractérise : « Les hommes sont forts », « Les femmes sont des êtres raffinés », « Les femmes sont plus intelligentes ».
Mais si le sexisme passif valorise, pourquoi parler de sexisme?
Car cela reste du sexisme, et justement, puisqu’il est valorisant, il est moins facilement décelable. Le sexisme est le simple fait de caractériser un individu en fonction de son sexe, qu’importe si cette attribution est bénéfique ou hostile à son égard.
C’est à partir de cette définition qu’il faut redoubler de méfiance : Bien que le sexisme passif semble être valorisant au premier abord, il ancre en vérité la séparation entre sexes et ramène à l’idée de binarité du genre.
Donc, bête noire?
Il est parfois tellement discret et intégré au sein de la société que l’on fait usage presque en permanence du sexisme passif. Pourtant il est tout aussi discriminatoire que le sexisme actif.
Je pense sincèrement que l’une des bases du féminisme, c’est de le déceler, car c’est un grand pas en avant : simplement se rendre compte des petites cases, pour briser leurs limites; accepter de ne pas être réductibles à un sexe, car nous sommes bien plus que ça.