Mais les hommes victimes de violence?
En Grande-Bretagne, les maisons et centres d’aide pour femmes victimes de violence doivent dorénavant servir aussi les hommes victimes, sous peine de perdre leur financement.
Cela me bouleverse, forcément, comme la lutte à la violence faite aux femmes est mon gagne-pain et la cause de ma vie.
Depuis les années que je travaille dans ce domaine, je n’ai jamais fait une présentation, que ce soit dans une école ou dans un évènement culturel, devant des groupes mixtes ou de femmes seulement, en anglais ou en français, qui n’ait soulevé cette question, souvent la première qu’on me pose :
« Mais les hommes victimes de violence? Que faites-vous pour eux? »
Rien, messieurs, mesdames. On ne fait rien. On les réfère aux quelques groupes qui existent qui leur offrent des services. Il n’y a pas assez de ces groupes? Je suis d’accord. En tant que gestionnaire d’un programme contre la violence faite aux femmes et aux enfants, est-ce mon problème? Hell no.
Primo, toutes les études le démontrent : les victimes de violence conjugale sont en écrasante majorité des femmes. Il y a plus d’hommes victimes que les chiffrent le démontrent parce que les hommes dénoncent moins? Soit. Les chiffres sur les femmes sont également plus bas que la réalité, et il n’y a de places dans les maisons d’hébergement que pour une infime partie des femmes qui vivent de la violence.
Deuxio, il est impératif que les services aux femmes victimes soient non-mixtes. On ne peut pas imaginer des gars intervenants ou employés dans les maisons d’hébergements, encore moins des maisons qui accueilleraient des victimes des deux sexes. Et ce n’est pas, contrairement à une croyance populaire, parce que dans les centres on s’adonne à des rituels anti-hommes. C’est juste que certaines de ces femmes sont des junkies, accros aux relations malsaines, et qu’elles ont besoin d’un endroit et d’un moment entre femmes pour s’en sortir.
Tertio, les services pour les femmes, contrairement à une autre croyance répandue, ne sont pas tombés du ciel. Ils sont le fruit de dizaines d’années de lutte et de revendications de la part des premières féministes. Ces femmes-là ont commencé en recevant les femmes victimes chez elles, au mépris de leur sécurité. Elles se sont regroupées, organisées, ont fondé des services à partir de rien pour être aujourd’hui un modèle. Saviez-vous que nos travailleuses sont réclamées dans le monde entier pour leur savoir-faire?
Les hommes doivent faire la même chose. Se regrouper, s’organiser, demander des fonds. Si mon soutien ou mes conseils peuvent leur être utile, je leur offrirai avec le plus grand plaisir. Mais ne me demandez pas de leur ouvrir les portes de mon programme : les besoins, de toute façon, ne sont pas les mêmes. Il y a une façon spécifique d’intervenir auprès des hommes victimes de violence, et nous ne sommes pas en mesure de le faire.
Il existe entre les deux une différence fondamentale : les hommes qui souffrent de violence conjugale vivent certes des moments difficiles et acceptent des situations inacceptables, mais en général ils ne craignent pas pour leur vie. Les femmes, oui.
Achille
La majorité des hommes sont maintenant très impliqué dans la famille. On est plus en 1940.
Les hommes revandiquent la sphère privé depuis un bon bout notamment par la dénonciation des discrimination systémiques que vivent les pères.
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Isabelle N.
Je suis d’accord avec Stephanie et Maude. En éduquant nos enfants en dehors des stéréotypes traditionnels (i.e. la publicité sexiste) nos filles seront assez fortes pour ne pas être des victimes et nos garçons sauront qu’il n’y a rien de mal à se regrouper pour s’entraider et pour parler de leurs émotions.
Le féminisme, qui lutte contre les stéréotypes, est donc la solution?
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Maude P.
@ Achille
Je me suis exprimée d’une façon généralisatrice, je révise donc : en effet, les pères sont de plus en plus présents dans la sphère familiale, beaucoup plus présents qu’il y a des décennies.
Le point qui me chicote, c’est le congé de parentalité d’un an. Ce congé peut être partagé entre l’homme et la femme ou pris par un-e des deux en totalité. Or, il est toujours mal vu qu’un père prenne ce congé. On lui répondra alors (autant les hommes que les femmes) qu’il va prendre des « vacances », que c’est la mère qui doit être présente, qu’il devrait plutôt nourrir sa famille en travaillant, etc. Comme si un père était moins capable de changer une couche ou de donner un biberon et faire faire son rot à l’enfant! Évidemment, les hommes ont la même capacité que les femmes et aiment autant leurs enfants, cependant la pression sociale fait que bien peu prennent ce congé.
Il y a aussi très peu d’hommes « pères à la maison », en proportion avec le nombre de femmes qui le font. Ce qui renforce l’idée que le devoir des femmes est de s’occuper des enfants, et que celui des hommes est de « pourvoir » aux besoins de la famille.
Je suis justement pour un partage équilibré des tâches familiales et financières entre les deux membres du couple.
Mais je m’écarte du sujet du billet… Vous m’excuserez, je voulais simplement rectifier ma pensée.
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Imace
J’aimerais faire un parallèle entre le droit et les conversations entre masculinistes et féministes. Le droit est un formidable outil de conceptualisation :p
Ce qui me chiffonne dans lesdites conversations, c’est que les mascus parviendraient presque à séduire certaines féministes, en utilisant des concepts chargés de sens et de valeurs qui sont au coeur de nos réflexions. Et pourtant…
Commençons la métaphore : chaque individu possède des droits. Il peut donc agir en justice pour les faire respecter. Pourtant, les juges sanctionnent l’exercice abusif d’un droit : il y a « abus de droit » quand un requérant détourne ce droit de sa finalité.
Exemple : le droit de recours. Il y a un double degré de juridiction, donc sauf exceptions, il est permis de faire appel. Mais une sanction sera prononcée contre celui qui fait appel dans le seul but de retarder l’exécution de la décision qui le condamne, alors qu’il n’a pas de moyen véritable pour soutenir son appel (on appelle cela « l’appel dilatoire »).
Eh bien quand un mascu brandit l’ « égalité », la lutte contre les « préjugés essentialistes », etc. il convient de se demander : quelle fin poursuit-il ? Si la réponse à cette question est « obtenir de l’aide », « rendre la société plus juste » ou encore « écorner un dangereux stéréotype », tout va bien.
Mais s’il veut sabrer un financement féministe, ou rendre inefficace une institution répondant à un besoin social pressant, ou simplement pourrir la conversation, il ne faut pas s’attacher au concept qu’il utilise. Le concept reste beau, mais il est instrumentalisé… son utilisation est abusive.
Et un mascu, même s’il fait joujou avec de jolis concepts, reste un mascu ^^
Pour le sujet, je ne vois absolument pas en quoi il serait choquant qu’une structure créée et financée pour venir en aide aux femmes victimes de violence se borne à venir en aide aux femmes victimes de violence. Il me semble que c’est précisemment ce qu’on attend d’elle :p
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Matantekifume
@imace
outre le fait que tu sors pas mal du sujet, ce qui offusque est justement de séparer femmes victimes et hommes victimes…d’autant plus que cela renvoie a l’idée que les femmes victimes sont encore plus faibles que les hommes victimes et doivent recevoir de l’aide en consequence. Pourquoi séparer les sexes dans un evenement malheureux pour n’importe qui?
Je ne comprends pas non plus pourquoi certaines personnes comme imace semblent trouver l’idée d’aider des hommes victimes de violence comme attaquant un principe du feminisme…on tombe dans les ideaux du type marxiste: un bourgeois NE PEUT PAS SOUFFRIR, voyons!!!
il ne faut pas confondre les victimes avec la notion de congé parental…les femmes allaitent de plus en plus et cette methode est beaucoup plus saine que le biberon. J’aimerais bien voir une mere qui prefere laisser un homme avec son enfant tout le tmeps et travailler. je trouve l’idée un peu saugrenue.
Je connais des peres qui ont recu un conge parental alors que leurs copines ne travaillaient pas…le cout social est extremement eleve pour tout le monde. De toute facon, il est tres clair qu’avec la population vieillissante, l’imposition de plus en plsu eleve, les jeunes qui sont dans des situations plus precaires que les generations precedentes, etc…l’état »providence » va disparaitre à plus ou moins long terme (on le voit en santé).
J’ai une amie qui se plaignait recemment que son copain voulait arreter de travailler, faire un enfant, l’éduquer a la maison pendant qu’elle travaillerait…elle l’a quitté.
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Imace
@ Matantekifume
Pour commencer, ayez l’obligeance de me vouvoyer si vous souhaitez une réponse.
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Isabelle N.
@matantekifume
Ce serait plutôt toi qui est hors-sujet: dans cette discussion, il se dégage plutôt un consensus contraire à ce que tu dis. Il est impensable de recevoir les hommes et les femmes victimes de violence au même endroit, point final. Je travaille dans ce domaine en Ontario, mais je sais que c’est la même chose au Québec: que les gouvernements essaient d’imposer la mixité dans les services et ils vont avoir une révolution sur les bras!
Ce n’est pas parce que les femmes sont faibles ou quelque niaiserie: c’est que les besoins sont différents. Les hommes victimes méritent d’avoir des services adaptés à leurs besoins, et j’encourage fortement la formation de groupes d’hommes comme le GAPI à Québec (qui vont aider les hommes violents à reconnaître leurs torts, non à blâmer la société pour leur violence).
Les personnes victimes de violence ont besoin d’un moment de répit, hors du monde, pour se réconcilier avec l’autre sexe et arrêter d’en vouloir à tous les hommes ou à toutes les femmes, un réflexe normal quand on a mangé une volée…
Et pour finir, je doute que des maisons d’hébergement à l’adresse confidentielle soient nécessaires pour les hommes. Ils ont beau avoir souffert, ils ont rarement craint pour leur vie! Les femmes, par contre, ont souvent passé proche de la mort avant de quitter leur conjoint violent. Et comme les statistiques le démontrent, tristement, partir n’est parfois pas suffisant pour leur sauver la vie…
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Imace
Clarification de ma métaphore pour ceux (et celles ?) qui la trouvent « hors sujet » :
Les détracteurs de l’auteure du post originel fondent leurs revendications sur l’égalité entre les sexes et la lutte contre les stéréotypes essentialistes (ex : femme/victime, homme/violent). Tous objectifs parfaitement louables. Et c’est là que réside le danger, leur propos paraît au premier abord séduisant.
Hélas, leur but ne semble pas être de favoriser l’égalité entre les sexes (dans ce cas, il demanderait *en parallèle* du financement des centres d’accueil pour femmes violentées des centres d’accueil pour hommes violentés) mais bien de sabrer le financement existant.
En tout état de cause, imposer la mixité dans lesdits centres reviendrait à en entamer sérieusement l’efficacité. Y compris par ailleurs, ce qui est délicieux, pour les hommes hébergés (cf. risque d’établissements de relations très malsaines, j’y ajouterai : manque d’attention à leurs besoins spécifiques faute de formation ad hoc).
Donc : beware ! Ne vous arrêtez pas au joli leit-motiv, une « égalité » qui vise à diminuer le budget des centres d’accueil me semble largement instrumentalisée.
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Stéphanie
@Imace
Je crois que vous avez bien cerné les motivations de certains hommes qui se cachent derrière de beaux principes pour s’attaquer aux resources adressées aux femmes. Je ne dis pas que c’est nécessairement le cas pour ceux qui sont venu ici mais c’est un discours connu.
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babeil
J’aimerais bien que Isabelle N. dise quels sont ces « besoins particuliers et différents » pour chacun des sexes, car elle en parle beaucoup mais sans jamais préciser ni entrer dans les détails. La logique voudrait qu’à violence égale sur un homme ou une femme, les répercussions psychologiques soient les mêmes, à moins de s’empétrer dans des théories différentialistes abstraites du style « une femme par nature plus fragile verra son équilibre mental plus atteint que celui d’un homme sous les coups et la violence », théories que vous prétendez rejeter sur ce site.
Je voudrais savoir aussi comment elle peut parler de besoins distincts selon les sexes, car si elle est bien placée en tant que militante de terrain pour connaître la réalité de la violence destinée envers les femmes, elle n’a en revanche pas l’expérience de celle subie par les hommes, et donc pas de moyen de comparaison.
Je suppose (et j’ai entendu dire également) que ces maisons d’hébergement n’accueillent pas que des personnes en danger de mort. Les profils sont différents, certaines femmes subissent davantage de harcèlement moral, d’autres viennent parce qu’elles sont devenues dépendantes de la drogue suite à ces violences et pas forcément parce qu’elles sont pourchassées par leur mari, quelques unes ont seulement besoin d’une thérapie ou de ne pas se retrouver seules, et pourtant les centres ne leur ferment pas la porte au nez. C’est donc bien que « craindre pour sa vie » n’est pas un critère obligatoire d’hébergement. Et puis il faut se dire qu’on ne peut préjuger des risques encourus par une personne battue selon son sexe, car du moment qu’elle est battue, elle est forcément plus faible que l’agresseur, que ce soit parce qu’elle se laisse faire ou parce qu’elle a moins de force. Et donc la probabilité d’être tué existe autant pour une femme que pour un homme.
Enfin, vous pouvez faire tous les procès d’intention que vous voulez, il y a probablement des personnes mal intentionnées qui espèrent réduire les aides pour les femmes, comme il y a certainement des ségrégationnistes qui ne veulent partager équitablement les aides et souhaitent que les hommes battus ne se relèvent pas, bref on peut tout imaginer. Mais franchement on se fiche de tout cela, car on ne transige pas sur des valeurs sous prétexte d’arrières pensées mesquines et sournoises des uns et des autres, en particulier lorsqu’on prétend défendre ces valeurs pour revendiquer la parité politique. Il faut être cohérent et s’en tenir à appliquer ses principes à tout le monde et jusqu’au bout.
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Isabelle N.
Nul besoin d’être si agressif (ve), Babeil, je me ferai un plaisir de préciser ma pensée (bien que je ne puisse qu’effleurer le sujet au risque d’écrire un roman).
Pour accepter l’idée que les besoins sont différents, il faut partir de la prémisse que l’égalité hommes / femmes n’est pas encore atteinte à tous les niveaux dans notre société. Dans ce contexte d’inégalité, les femmes victimes de violence partent avec un handicap supplémentaire : statistiquement, elles sont plus nombreuses à être sans emploi et à dépendre économiquement de leurs conjoints violents. La peur d’être sans ressources et sans-abris est d’ailleurs l’une des principales raisons pour lesquelles elles ne quittent pas la relation violente. J’ai comme l’impression, et si vous avez des études sur la question je serais intéressée à lire, que l’argument économique entre moins, sinon pas du tout en compte dans le cas d’un homme victime de violence (comme on sait que les ménages où la femme est le salaire principal sont assez rares.)
Un autre facteur clé est l’isolement : le conjoint violent fait souvent déménager sa conjointe loin de ses amis et de sa famille, en prétextant un nouvel emploi par exemple, de façon à ce que la femme se retrouve isolée et sans soutien. Je ne peux parler que pour Ottawa, car c’est ici que je travaille, mais on observe que ce phénomène particulièrement présent dans les cas des femmes issues de l’immigration : elles ont suivi leur conjoint au Canada, sont souvent parrainées par lui, ne parlent ni l’anglais ni le français et ne connaissent aucun de leurs droits. Elles subissent des menaces comme « si tu me quittes, je mets les agents d’immigration sur ton dos et ils vont te ramener au pays ». Encore là, j’imagine mal un homme confronté à ce type de situation.
Il y a d’autres facteurs et j’encourage mes collègues qui travaillent dans le domaine à compléter. Quelques ressources pour finir :
Sur les obstacles à quitter une relation violente
http://www.cybersolidaires.org/ameriques/docs/servicesviolenceqc.html
Signes avertisseurs de la violence
http://neighboursfriendsandfamilies.ca/fr/dlmaterials/purple-fren.pdf
Quant à me reprocher de ne pas connaître les besoins spécifiques des hommes victimes, je dis justement que je ne suis pas formée pour leur venir en aide, ni personne dans mon organisme, donc ne nous forcez pas à les aider, ce serait leur nuire!
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Raphaël
Des études fictives de Stats Canada, les préjugés masculinistes,l’approximatif des propos de ces derniers…
Ces gens ne convainquent personne, c’est rassurant.
Chapeau à Imace pour ses interventions. Vos explications ont le mérite d’être claires quant aux objectifs du concept masculiniste «d’égalité dans le financement». Ce qu’ils veulent, c’est de sabrer le financement des groupes féministes et s’ils le pouvaient, ils sabreraient directement dans les féministes (je trouve leur discours hargneux).
Mais bon…
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Maude P.
Je reste bouche-bée devant ce que je lis. Qui plus est, je me sens offensée et attaquée. Oui, j’utilise l’argument de l’égalité, car le féminisme, justement, ainsi qu’on me l’a appris, prône la démocratie et la justice sociale, et selon moi, cela inclut l’humanité entière, femmes ou hommes!
Je trouve ça très drôle et en même temps vraiment pathétique de me faire accuser d’être une mascu. Si seulement vous me connaissiez, vous comprendriez que la cause et les questions féministes sont au coeur de mes préoccupations. Je trouve dommage que le débat soit coupé aussi sèchement, et que l’étiquette de masculinisme arrive dès qu’on déroge de ce qui est accepté (peut-il y avoir plusieurs sortes de féminisme et autant de façon de concevoir l’avancement de la cause des femmes? je croyais que la troisième vague portait cet étendard, plutôt que celui du « si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes contre nous »…). Franchement, ça me sidère.
Pourtant, j’ai l’impression que ce blogue peut être le lieu de réflexions nouvelles et différentes. C’est bien pour ça que j’écris en ce moment d’ailleurs, pour ouvrir un dialogue.
Je n’ai jamais remis et ne remettrai jamais en cause que les femmes sont beaucoup plus victimes de violence que les hommes et que, par conséquent, elles ont besoin d’une aide plus grande. Par contre, c’est une réalité aussi que des hommes sont victimes de violence. Mon idée n’est pas de sabrer dans le financement aux centres pour femmes victimes de violence, ni d’exiger que les services soient offerts à 50-50. Pourquoi ne pas plutôt marcher au Parlement et exiger plus d’aide, pour les femmes ET les hommes?
Une conviction que j’ai est que si on veut atteindre l’égalité réelle entre hommes et femmes, c’est à dire faire tomber les barrières entre les uns et les autres, on doit s’attaquer non pas seulement aux défis des femmes, mais aussi à ceux des hommes! Si on veut briser le système patriarcal, il faut aussi montrer aux hommes qu’ils n’ont pas à se cantonner dans le rôle du « héros » pourvoyeur et (dans son côté « dark ») violent.
Avec des réflexions du genre « les hommes peuvent s’aider eux-mêmes », je trouve qu’on s’éloigne de la lutte anti-patriarcale. Parce qu’après tout, en laissant les hommes perpétuer le même rôle que depuis des siècles, en ne reconnaissant que ceux qui sont violents, en ignorant que certains souffrent, on laisse la moitié de l’humanité continuer dans un schéma patriarcal et le répéter. Pour moi, la lutte des femmes passe par le changement des stéréotypes chez les deux sexes. Ceci implique d’accepter que des hommes sont victimes, et de les aider.
Toutefois, je ne dis pas que c’est aux féministes de faire cette tâche. Selon moi, c’est une responsabilité à prendre collectivement. Mais disons que les féministes pourraient lancer le débat. En tout cas, moi, je le lance, au risque de me faire jeter des oeufs pourris virtuels. 😛
@ Isabelle N.
J’ai été déçue de lire, au sujet des ressources offertes aux hommes, l’exemple d’un centre pour hommes violents. En fait, ça renforce mon idée que les ressources pour les hommes victimes de violence sont casiment inexistantes.
Tu parles aussi de violence économique, et ce point est très intéressant, je n’y avais pas pensé et ça m’a éclairé. Cependant, je suis certaine que des hommes sont victimes de violence économique, bien qu’en nombre bien moindre. Est-ce qu’on va seulement aider le sexe qui obtient la plus haute statistique? Encore une fois, je ne voudrais pas être mal comprise, je ne parle pas d’une aide 50-50, mais au pro rata.
@ Imace et Isabelle N.
Vous parlez du danger de la création de relations malsaines dans des centres mixtes, et aussi du besoin d’avoir des centres pour prendre un « répit » des hommes ou des femmes. Je me répète : qu’en est-il femmes lesbiennes victimes de leur conjointe?
P.S.: Peut-on arrêter d’étiqueter les personnes sans connaître le fond de leur pensée? C’est irrespectueux et blessant et, franchement, ça décourage d’écrire. Si vous avez des doutes, posez des questions, demandez des éclaircissements, mais évitez les jugements à l’emporte-pièce.
Et rappelons-nous le mot d’orde d’un blogue : le respect.
Merci.
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Imace
@ Maude : confusion ; si jamais on peut me reprocher de vous avoir mise dans une case, ce serait dans celle des féministes séduites par les jolis arguments des mascus. Pas dans celle des mascus.
Ni moi ni l’auteure du sujet ne sommes opposées à l’idée de créer des centres d’hébergement pour les hommes victimes de violence conjugale. Même si je ne suis pas sûre, pour ma part, que je fonderai cet argument sur le principe d’ « égalité » : il n’y a en effet équivalence ni dans la fréquence, ni dans les modalités, ni dans l’intensité de la violence ; or, la CJCE nous dit que le traitement égal de situations différentes est une discrimination, au même titre que le traitement différent de situations égales. Je fonderai donc plutôt ma demande sur l’émergence d’un besoin nouveau.
Mon propos est de dire : si je suis favorable à l’émergence desdits centres, ce ne peut en aucun cas être au détriment des centres pour femmes existants ou de leurs subventions !
Quant à votre exemple sur les lesbiennes victimes de violence, vous avez en partie raison. Il est probable que la ressource existante ne soit pas pleinement adaptée à leurs besoins. Créer une troisième catégorie de centres alors ? Je n’irai pas jusque là, faute de mieux elles peuvent être prises en charge par ceux-ci. Pourquoi pas les hommes victimes alors ? Parce que les situations ne s’alignent pas complètement : l’argument relatif à la reproduction de relations malsaines n’est pas le seul, loin s’en faut, qui sous-tende les réticences.
Que faites-vous en effet de l’argument tiré de la construction sociale des sexes (les genres, i.e. identités assignées en fonction du sexe, et leurs différences qui sont au coeur des problématiques de violences conjugales) ? Exemple pragmatique :
– Il faudra expliquer aux femmes victimes de violence que non, les hommes n’ont pas de « pulsions incontrôlables » qui octroieraient à leurs compagnes la responsabilité de veiller à ne pas les contrarier.
– Il faudra expliquer aux hommes victimes de violence que non, le fait qu’ils soient assignés « hommes » ne les immunisent pas automatiquement de la violence de leur conjoint(e) et qu’il n’y a pas de honte à – en tant qu’homme – être victime (cf. posts de Marc et Stefan, d’où il ressort deux points : honte et violence de nature psychologique plutôt que physique).
A identités (construites, mais néanmoins réelles) différentes, besoins différents et traitements différents. Je gage qu’il existe une corrélation forte entre soumission aux stéréotypes de genre (essentialisme si vous préférez) et violence conjugale (je m’appuie ici sur les théories du sociologue Welzer-Lang).
Que faites-vous également du risque d’ « introduction » d’un conjoint violent se faisant passer pour victime afin de pénétrer lesdits centres pour assouvir une vengeance ? (cf. affaire Marcel Samson)
Que faites-vous enfin des sentiments des victimes de violence voyant (à tort, mais telle n’est pas la question) un agresseur potentiel dans chaque homme ? (cf. post de Vero)
Je n’ai jamais mis en doute votre bonne foi. Ni celle des nombreuses féministes qui en viennent à soutenir les propos des mascus car les concepts d’égalité et d’universalisme leur sont très chers. Je crois néanmoins que vous vous faites manipuler. Et tant pis si cet aveu va m’attirer vos foudres…
NB : Cette discussion peut être rapprochée du fil sur l’affaire Daigle (dans Loi & Ordre) avec la mise en contexte des revendications du père.
NB2 : A force d’entendre parler de symétrie et d’égalité, une autre chose me vient à l’esprit : avez-vous lu le livre de la sociologue S. Hite sur le harcèlement moral ? A propos du harcèlement sexuel, elle montre comme les hommes et les femmes se plaignent également. Mais quand on leur demande de décrire le « harcèlement » qu’ils subissent, les femmes décrivent des faits de violence qui en fait s’apparentent plus à des agressions sexuelles voire à des viols… et les hommes décrivent des manœuvres de séduction, parfois effectivement pénibles, mais qui ne sont pas suivies de menace sur leur emploi ou de dégradation de leurs conditions de travail par le recours à l’humiliation, donc n’entrent pas dans le champ juridique du harcèlement. Un même terme, deux réalités nettement différentes.
Ah, et détrompez-vous Stefan : si la violence des femmes est majoritairement psychologique, la violence psychologique n’est pas majoritairement le fait des femmes. Dans 80% des dossiers de harcèlement moral qui ont fait l’objet d’un traitement judiciaire en France, le harceleur était un homme et sa victime une femme (source : même ouvrage). Désolée.
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babeil
Isabelle N.,
Je n’ai pas été agressive, je posais de simples questions et répondais aux accusations portées par Imace sur les motivations de celles et ceux qui défendent la mixité dans ces lieux, sachant que ces motivations sont souvent diverses.
Je ne songeais pas à ce genre de « besoins matériels » (manque d’argent et d’aide familiale) lorsque je vous interrogeais sur les besoins propres aux femmes et aux hommes, même si maintenant que j’y réfléchis, cela me semble logique. Je pensais plutôt à des besoins en rapport avec la reconstruction de la personnalité des victimes. Mais puisque vous abordez cet aspect du problème, discutons en.
Tout d’abord, ce n’est pas parce qu’un homme est seul à entretenir sa famille qu’il est forcément riche, et que ces ressources sont suffisantes pour subvenir à ses propres besoins s’il doit quitter d’urgence son domicile suite à des maltraîtances. Il n’a donc peut être pas les moyens de payer un second loyer s’il veut échapper aux violences de sa ou son conjoint. De plus, même si vos statistiques sur le salaire unique au sein des foyers se vérifient, ce dont je ne doute pas, il n’en demeure pas moins qu’on ne peut prendre la décision de séparer anti-démocratiquement femmes et hommes sur la base de généralisations. Nous en revenons donc au point de départ. Quand des femmes agressées vous confient leurs souffrances, soit vous les croyez sur parole, et par conséquent, il n’y a pas de raison de douter davantage d’un homme qui dit en subir autant, soit vous étudiez leurs dossiers personnels, médicaux, procédures judiciaires, afin d’être sûre que les présumées victimes ne souffrent pas du délire de persécution ou qu’il ne s’agit pas d’agresseurs à la recherche de son ou sa compagne. J’avoue une fois encore manquer de repère sur les démarches des femmes gérant ces maisons, mais si des hommes ne remplissent pas les conditions sociales, psychologiques et physiques d’hébergement gratuit, il ne sera pas trop tard pour les orienter vers les services de police compétent. Il est inutile d’autoriser une ségrégation d’emblée, quand on peut décider au cas par cas de celles et ceux qui méritent d’être aidés sans tenir compte du fait que la victime est une femme ou un homme.
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Achille
L’auteure induit le lecteur en erreur quand elle dit que tout les études disent les femmes sont en écrasante majorité les victimes de violence conjugales. C’est faux et elle le sait.
Au contraire, les études qui prouvent que la violence est symétrique entre les deux sexes se multiplient en occident. Dernièrement, un congrès international s’est déroulé en Californie avec des chercheurs hommes et femmes sur la violence conjugale et tous affirmait que la violence est symétrique.
Au canada, l’institut de la statistique du Québec l’a démontré dans une étude en 1999. Une énorme étude a aussi été réalisé par statistique canada auprès de centaines de milliers d’hommes et de femmes. Résultats: les deux sexes ont rapporté de façon symétrique avoir été victime de violences conjugales.
Le documentaire sur la violence conjugale »Pieds de biche » réalisé par deux femmes au Québec parle aussi de symétrie.
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Achille
Je comprends que les maisons d’hébergements pour femmes veulent rester non-mixte. Je suis d’accord. La solution est d’offrir des services d’aide dédié aux hommes.
Mais comme on l’a vue avec le rapport Rondeau qui a fait justement cette recommandation, les féministes radicales s’y opposent.
En passant Raphael, l’étude de statistique canada est loin d’être fictive car très rigoureuse. D’ailleurs, elle a été accepté officiellement pas le gouvernement libéral à l’époque. Les médias en avaient fait grand bruit aussi.
C’est la même chose en occident, rare ceux qui accordent encore de la crédibilité aux études faites par des chercheures ouvertement féministe. Ce sont les études comme celle de l’ISQ et statistique canada qui sont les plus médiatisé. Heureusement, les mentalités ont changé.
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Stéphanie
@Achille
« …rare ceux qui accordent encore de la crédibilité aux études faites par des chercheures ouvertement féministe »
Deux paragraphes d’avant vous parlez des féministes « radicales » qui s’opposent aux ressources pour hommes violentés. Personnellement, si elles s’y opposent réellement, je ne comprend pas pourquoi mais si ce ne sont que les radicales que vous n’aimez pas, auriez-vous l’obligeance de mentionner ce détails chaque fois que vous parler des féministes? À ce que je sache aucune des blogueuses d’ici ne s’opposent à ce qu’on vienne en aide les hommes violentés.
Être ouvertement féministe n’entame en soi aucunement la crédibilité. Les hommes n’ont jamais eu à prouver qu’ils respectaient l’égalité des sexes pour qu’on leur accorde de facto une crédibilité qu’ils ne méritaient pourtant pas tous.
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Achille
Je me fais toujours un devoir de faire la distinction entre féministe et féministe radical par respect pour les féministes modérées qui ne sont pas en guerre contre les hommes.
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Feministan
Ça c’est de l’égalité! Bravo aux anglais! L’argent PUBLIC doit servir à TOUT le monde sans distinction de race, d’âge,de sexe ou d’orientation sexuelle. Tout autre point de vue relève à mes yeux de la ségrégation.
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olive
La vc s’inscrit dans un contexte de domination par la gente masculine des sphères de pouvoirs en société. Politique, publique, économique, (physique, peut-être).
La vc est construite d’un cycle qui se reproduit encore et encore et qui est présent dans l’histoire de (presque) toutes les femmes en maison d’hébergement.
Qu’on ne me parle pas de symétrie de la violence, qu’on ne me rabache pas les oreilles avec ces histoires de femmes qui auraient poussé/battu/frappé/dénigré leur conjoint pour les pousser à être violent.
Ces hommes violents se sente légitime de leur violence. Il ne sont victime de rien. Ils utilisent simplement le pouvoir qu’ils jugent avoir.
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