Mars et Vénus ou la longue vie des stéréotypes

Cet été, au Théâtre Marcellin-Champagnat à St-Vincent-de-Paul, est présentée une comédie de Sylvain Larocque et Stéphane E. Roy intitulée « Mars et Vénus », produite par SYNCHRO Productions et mise en scène par Philippe Lambert. La pièce met en vedette Pierre-François Legendre, connu entre autres pour son rôle du pauvre Carlos dans les Invincibles, et Catherine Lachance, la Judith d’Histoires de filles. Cette production se veut interactive et est animée par un « maitre », rôle assuré par Philippe Provencher de SYNCHRO Productions, qui a fait plusieurs apparitions dans différents téléromans québécois, dont Roxy et Rumeurs, pour ne nommer que ceux-là.

Cette pièce de théâtre d’été se veut contemporaine, à l’humour punché, relatant les relations hommes-femmes, sujet indémodable et intarissable, selon les producteurs Philippe Provencher et François Legault. Or, de prime abord on sent bien que cette pièce s’adresse à un public particulier : québécois, hétérosexuel, de classe moyenne et en couple. Elle traite d’une relation homme-femme, du début à la fin, en faisant état de tous les stéréotypes possibles et imaginables. Tantôt les hommes riront aux éclats (de ce qui les énervent tant chez leurs conjointes) et plus tard, celles-ci savoureront leur vengeance (en réalisant qu’elles ne sont pas les seules à éprouver certaines frustrations de couple).

Certes, les auteurs laissent transparaitre une critique de ce que les hommes et les femmes cherchent dans la cruise, ce qui provoque beaucoup de rires, reste toutefois que l’ont joue énormément avec les stéréotypes les plus admis. On relate les classiques du genre le « one night », si mal vu pour une femme et si normal pour un homme (malheureusement, on ne se demande pas avec qui ces hommes font ces expériences !)! On passe alors de l’oubli des dates importantes, à la peur de l’engagement, en passant par le complexe d’infériorité et la définition de ce qu’est un vrai mâle, selon le Robert (2010) : Individu appartenant au sexe doué du pouvoir de fécondation ( !). S’en suit alors l’échange classique sur la définition de la fécondation et de la puissance, se terminant par l’invitation de la conjointe à explorer ledit Robert sur la définition des mots divan et masturbation. Les auteurs ont créés des grande catégories, ainsi le « nous » femmes et le « nous » hommes sont chose courante et énoncés en vérité.

En somme, si j’ai d’abord été quelque peu choquée par les propos stéréotypés de cette pièce, je me suis quand même laissée aller et je n’ai pas boudé mon plaisir. Si les auteurs avaient tenté de dresser un portrait réaliste des relations hommes-femmes au Québec, je pourrais alors dire qu’ils ont raté leur cible. Toutefois, leur but était d’établir un style de théâtre d’été, léger et divertissant, ce qu’ils ont accomplis ! On repassera par contre pour l’inclusion des formes alternatives de sexualité…

En terminant, j’aimerais bien vous entendre sur cette idée énoncée par le gars qui veut que les filles aient une photo du bonheur préétablie où il y a un pointillé à la place de l’homme et qu’elles tentent de modifier n’importe quel homme pour le faire fitter dans cette image ! Nonobstant la critique de ce stéréotype qu’on puisse faire, n’y a-t-il pas matière à se questionner sur l’éducation qu’on reçoit, et qu’on retransmet à ses enfants ? Avons-nous toutes un plan de vie ? Devrions-nous nous ouvrir plus largement aux différentes opportunités ?

Pour d’autres critiques, c’est ici!

9 Comments

  • Sophie Sexologue
    17 août 2010

    Je crois en effet que beaucoup de personnes, et plus de femmes que d’hommes, ont des plans de vie et cherchent une personne qui leur permettra d’atteindre ces plans de vie, au lieu de vivre, de faire des rencontres et d’éventuellement trouver une personne avec qui elles s’entendront bien, pour ensuite faire des plans de vie.

    Les gens se projettent beaucoup dans l’avenir et oublient souvent de vivre le présent et ça a des impacts.

    Plusieurs personnes idéalisent ce que pourrait être la petite vie du modèle familial qu’on connait bien (mari-femme, maison, enfants, animaux domestiques et voyage dans le sud l’hiver).

    Les gens se définissent plus par ce qu’ils font que par ce qu’ils sont.

    Et surtout, rêver est moins impliquant que vivre; on ne peut pas se tromper dans nos rêves, alors que parfois, on fait de mauvais choix de vie.

    C’est dommage. Pour sortir de ça, il faut être bien avec soi-même, avoir une solide estime de soi et confiance en soi. Malheureusement, ce n’est pas le cas de la majorité et rêver aux modèles, c’est plus sécurisant.

    Le défi est de trouver l’équilibre entre « avoir des buts dans la vie et mettre en place les choses afin d’y arriver » et « rester l’esprit ouvert afin de dire « oui » aux imprévus ». Il n’y a pas de recette magique et cet équilibre ne sera pas le même pour tout le monde. C’est par essais et erreurs qu’on apprend, mais surtout en étant capable de trouver ce qu’il y a de positif dans les situations plus difficiles.

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  • Joëlle
    18 août 2010

    « …j’aimerais bien vous entendre sur cette idée énoncée par le gars qui veut que les filles aient une photo du bonheur préétablie où il y a un pointillé à la place de l’homme et qu’elles tentent de modifier n’importe quel homme pour le faire fitter dans cette image ! »

    Lol! C’est vrai qu’on l’entends souvent celle-là! L’homme, lui, n’a pas d’attentes…! :-)) Pourtant, on entends dire chez des hommes d’un certain âge, qu’ils s’attendent à ce qu’on garde notre apparance jeune, qu’on reste mince, active sexuellement et à la fréquence de leurs désirs!

    S’ils ne le disent pas ouvertement, nous on le sait, c’est sournois… Ce n’est pas pour rien qu’ils se vendent autant de pots de crème et de teinture à cheveux, on s’oblige nous-même à fitter dans le cadre pointillée, ils n’ont même pas à nous le demander! demander!

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  • Stéphanie
    18 août 2010

    Le pire c’est que le reproche de vouloir changer l’autre est asséné exclusivement aux femmes! Je n’approuve pas le fait de vouloir changer un homme, on est sûrement plus heureux en couple lorsqu’on choisi un compagnon ou une compagne qui correspond déjà à ce qu’on recherche mais pourquoi ce serait plus acceptable de demander aux femmes de changer?

    Ce ne sont pas tout les hommes qui demandent à leur amoureuse d’être parfaite et bien des femmes font des efforts pour gommer des défauts que leur amoureux n’aurait pas remarqué avec une loupe! Il est parfois ardu d’apprendre à accepter un compliment et surtout à le croire sincère!

    Cependant, notre culture encourage les femmes(c’est un euphémisme!) à s’astreidre à une lutte sans fin pour atteindre la perfection physique, sociale, maternelle et sexuelle. Tout ce temps dépensé pour lutter contre le vieillissement, la force de gravité, la prise de poids ou la baisse de désir n’en laisse malheureusement pas beaucoup pour la lutte pour l’égalité des sexes…

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  • Jubatus
    18 août 2010

    Les hommes désormais sont comme les ouvriers qu’on engage chez soi pour faire des réparations ou construire un garage: ils sont toujours utiles mais on ne va pas les inviter a diner, encore moins en faire notre compagnon. Ils fraudaient que les hommes comprennent qu’ils n’ont plus aucune chance dans cette société-ci quant à une hypothétique continuation de domination (qui était réel jusqu’à l’époque industrielle). Mais tant mieux : on va enfin pouvoir être de vrais hommes et non pas des tyrans alcoolisés ou des homosexuels réprimés. Qui dit mieux?

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  • Joëlle
    19 août 2010

    Le premier prince charmant des petites filles, souvent, c’est papa! Avant que les livres et les jouets sexués rentrent dans sa vie, l’enfant s’est d’abord identifié à l’un ou l’autre des parents, puis tends à l’imiter.

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  • Stéphanie
    19 août 2010

    Le mythe du prince charmant a encouragé des générations de femmes à adopter un rôle passif envers les hommes, seuls capables (traditionnellement) de les « sauver » et de les sortir d’une position sociale inférieure.

    Dans les contes de « Blanche-Neige », « Cendrillon » et la version Disney de « La Belle au bois dormant », le personnage féminin principal ne vit pas comme une princesse mais comme une servante (ou une villageoise dans le cas d’Aurore).

    Dans les contes comme « La petite sirène » et « La Belle et la Bête » par contre, c’est au personnage féminin de surmonter des épreuves pour pouvoir sauver la situation. Dans « Le Prince grenouille », c’est la princesse qui permet au prince de retrouver sa vraie forme.

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