Indépendantes, féministes et fières de l’être
Nous répondons à la lettre d’opinion de Caroline Marcotte, La Presse : « Le goût amer de l’indépendance
Fières de notre indépendance, nous le sommes parce que des générations de femmes ont lutté avant nous pour nous donner cette liberté que vous trouvez «amère». Nous continuerons à revendiquer plus de justice sociale, de solidarité et de liberté pour un plus grand nombre d’individus tant et aussi longtemps que des clichés sexistes seront véhiculés dans la société. Nous sommes conscientes que la situation que vous vivez est réelle, concrète et vécue par des milliers de femmes au Québec. Nous la dénonçons totalement. Nous croyons néanmoins que les solutions que vous proposez ne sont pas créatrices de justice sociale.
À une argumentation préhistorique : les hommes, les mammouths, la chasse -quel argument moderne!- nous répliquons que la liberté est un effort collectif qui englobe et dépasse nos vies et tumultes individuels. La vie que vous menez a de quoi en épuiser plusieurs, effectivement. La question demeure : est-il possible d’étudier et de s’occuper seule de ses enfants? Si en plus vous devez travailler pour subvenir à vos besoins, la question demeure donc un enjeu hautement social, surtout en ce moment où les mouvements étudiants militent pour l’accès aux études post-secondaires pour toutes et tous. Choisir entre étudier, travailler à plein temps ou s’occuper de ses enfants ne devrait pas se poser et la solution n’est certainement pas dans une quelconque nature des femmes, ni dans un retour de ces dernières à leur foyer. Dans une société égalitaire où la répartition des tâches domestiques serait répartie équitablement, où il y aurait plus d’entraide communautaire, familiale, collective, nous croyons que la question ne se poserait plus.
Vos propos sur le fait que les hommes devraient se contenter de la place de pourvoyeurs est une insulte à tous ces hommes qui tentent, eux aussi, de dépasser les stéréotypes que vous réitérez, en s’occupant de leurs enfants avec un plaisir que vous ne semblez même pas imaginer. Oui, des hommes peuvent physiquement s’occuper des tâches domestiques et des enfants, tout comme des femmes peuvent aujourd’hui être soldates, mécaniciennes ou politiciennes, cela relève de la socialisation.
Si cette liberté ne vous épanouie pas individuellement, elle ne vous permet pas pour autant de dicter à l’ensemble des femmes que «l’ordre normal des choses» doit se trouver dans la maternité et dans l’hétérosexualité. L’ordre naturel auquel vous faites référence, à nos yeux, n’existe pas, les individus sont socialement construits afin de répondre aux stéréotypes historiques et culturels. Cette vision traditionnelle et monolithique de la famille ne met pas en lumière les différentes réalités vécues par les familles immigrantes, autochtones, les femmes célibataires -et heureuses de l’être- ou encore les homosexuelles. De plus, croyez-le ou non, il existe des femmes qui ne désirent pas enfanter et elles s’en portent très bien, en plus de contribuer activement à l’avancement de la société québécoise. Les rôles sociaux de sexe que vous décrivez, l’«homme-droit-et-carré» et la « femme-toute-en-rondeur», sont loin de représenter la majorité de la population, car les identités sexuelles sont beaucoup plus complexes dans la réalité et ne correspondent pas à la société dans laquelle nous évoluons. Nous avons heureusement la chance de ne plus avoir à tuer de mammouths pour nous nourrir, ni de construire de cabanes dans les arbres pour survivre.
«L’équilibre naturel» dont vous pleurez la disparition n’a jamais existé, car c’est un mythe que de catégoriser les êtres humains selon leurs hormones et organes génitaux. L’histoire nous a prouvé à maintes reprises que les femmes sont tout autant aptes à aller à l’université, à être avocates ou médecins, métiers que l’on croyait, il y a moins de 150 ans, incompatibles avec les hormones des femmes. Les critères de virilité et de féminité que vous décrivez dans votre lettre d’opinion sont dignes du 19e siècle : ils idéalisent les rôles sociaux et ne décrivent pas la complexité actuelle des êtres humains. Et non, «les femmes et les enfants d’abord», ce n’était pas du respect, c’était considérer les femmes comme des matrices, sans prendre en compte leur entièreté d’être humaine.
Notre réponse à votre article n’a pas pour intention de dire que la maternité est un mal en soi, mais nous croyons qu’il serait plus juste de nous questionner sur les impératifs économiques et sociaux qui imposent aux femmes un rythme si effréné. Une meilleure répartition des tâches et une reconnaissance sociale du travail invisible que produisent jour après jour les femmes dans le monde entier feraient peut-être que nous aurions un monde plus équilibré et plus juste. Il est important de mentionner que sans le travail acharné des féministes pionnières telles que Léa Roback, Marie Gérin Lajoie, Madeleine Parent, vous n’auriez pas accès à la citoyenneté, ni à l’éducation, ni à la propriété, bref à l’autonomie. Vous ne pourriez même pas vous plaindre d’une liberté à laquelle vous n’auriez même pas accès!
Les femmes, gâtez-vous et revendiquez une société plus juste, dans laquelle la division sexuelle des tâches est égalitaire. Gâtez-vous et prenez votre indépendance.
—
Marie-Anne Casselot, bachelière en philosophie de l’UQAM et militante féministe
Émilie Beauchesne, candidate à la maîtrise en science politique, UQAM
Marilyn Ouellet, candidate à la maîtrise en sociologie, UQAM
marilyn
La réalité demeure, mais les causes (le féminisme)et les solutions qu’elle propose ne sont pas les bonnes.
C’était la Presse, il était difficile de nommer explicitement la division sexuelle du travail! ; )
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Guillaume
‘C’était la Presse, il était difficile de nommer explicitement la division sexuelle du travail’
Pouriez-vous clarifier votre point de vue et penser vous que la Presse est sexiste( Je lis peux les médias Quebecois)?
Merci
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Valérie
Encore une fois, d’un côté comme de l’autre, je ne me retrouve pas dans les discours affichés. Pour ce qui est de l’article de madame Marcotte, une question me vient en tête, et elle me semble très important : OÙ EST LE PÈRE. Pour moi, la famille, ce n’est pas le l’homme + la femme et les enfants. C’est l’homme et la femme + les enfants. Je serai épouse avant d’être mère, et je ne cherche pas un homme POUR qu’il m’engrosse. Et il est clair qu’avant de m’engager, je vais m’assurer que la conception de la paternité de mon homme ne se limite pas à la tâche de pourvoyeur…
Je ne suis pas une fervente adepte du discours individualiste qui place l’autonomie au coeur des valeurs à prôner. Je pense qu’en bout de ligne, nous sommes tous dépendants les uns des autres, et que cette dépendance est au fondement des sociétés humaines. MAIS. Il y a différentes manières de partager les responsabilités. Et je pense que chaque personne a avantage à développer toutes les dimensions de sa personne.
« L’homme n’est pas fait pour être un toutou de salon qui fait couler un bain à sa femme en lui massant les pieds. Il est fait pour chasser le mammouth, bûcher du bois et aller au front. »
Il me semble que le problème de son surmenage se trouve clairement à la source de cette conception de la masculinité. Si son mec est toujours dehors en train de chasser le mammouth, normal qu’elle soit débordée! Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce ne sont pas toutes les écoles de sagesse, même les plus conservatrices, qui véhiculent cette conception du bonheur masculin!
Le Christianisme, par exemple, religion patriarcale, dit : ‘Heureux les doux ». Il ne dit pas « Heureux les brutes qui quittent leur famille pour aller se battre pour aller chasser le mammouth’.
J’ai l’impression que madame tente de rationnaliser sa mauvaise situation (mécanisme de défense) au lieu d’accepter que tout cela relève de sa propre vision des choses.
La vie offre beaucoup plus de possibilités que ne le laissent croire ces deux articles! Soyons-créatives, pardis!
Suis-je la seule à imaginer que lui comme moi travaillons à temps partiel, ce qui nous laisse à chacun le temps nécessaire pour s’engager dans la vie familiale ?! À imaginer des structures communautaires qui permettent aux familles de partager le poids des responsabilités?
Pour élever un enfant, ça prend un village.
Pas juste une mère.
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Valérie
Une amie a partagé cette image. Pourquoi devrions-nous nous opposer au droit de votes des hommes. Une parodie de discours mille fois entendus, discours auxquels s’enracine celui de madame marcotte.
http://26.media.tumblr.com/tumblr_m0jhexOosy1r6001po1_500.jpg
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Valérie
Sérieusement, plus je relis cette article, force est de constater que le manque d’équilibre semble d’abord ancré dans son couple!
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Valérie
Confirmation par l’auteure : elle est plutôt monoparentale. Je crois que cela explique en grande partie ses propos. Élever des enfants seules, c’est vrai que cela doit représenter tout un défi!
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Émilie (17 ans)
Lorsque j’ai lu cet article de Caroline Marcotte, mon coeur battait à toute allure de frustration. Je lis tellement souvent des femmes qui ont ce genre d’idées! Nous les féministes nous nous battons depuis des siècles contre les stéréotypes et voilà que des femmes affirment vouloir retourner en arrière pour servir leur mari! C’est désolant de voir à quel point les gens ne connaissant pas la signification réelle des féministes: on nous voit comme des femmes qui détestent les hommes, et l’on nous dit soit que nous avons échoué dans la lutte ou on nous demande pourquoi être encore féministe en 2012. Les stéréotypes et le mythe de l’égalité atteinte sont bien trop présents dans notre société pour que l’on cesse de se battre. Je suis fière qu’il existe autant de femmes qui ont du bons sens et la volonté de lutter en tant que féministes pour compenser.
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Luce Thibodeau
Je suis une « vieille » de 60 ans et je sais ce que veux dire « le féminisme » pour l’avoir vécu… je ne hais pas les hommes: j’en ai marié 2! Donc, on se comprend bien: féministe ne veux pas dire qu’on déteste les hommes! Par contre, lorsque j’étais jeune fille, c’était difficile comme ambiance: l’avortement: pas le droit, lorsque ma mère votait le contraire de mon père, c’était l’enfer! Ma mère ne pouvait se servir de la voiture sous peine de se voir accuser de la moindre égratignure… elle devait faire des miracles pour nous nourrir avec un buget réduit… bref, j’ai grandi dans un milieu macho! A l’adolescence, j’ai compris que nous pouvions prendre notre vie en main, que nous n’étions pas juste des servantes, qu’on pouvait étudier, vivre notre vie, de faire les enfants que nous voulions… Nous avons le choix de notre vie maintenant! Personne ne peut vous dicter ce que vous devez faire et penser! Et cela ne veut pas dire que vous détestez les hommes! Si jamais un homme ou une femme, peu importe, vous dicte votre conduite: FUYEZ! Vous être libre de votre vie, SI VOUS LE DECIDEZ! Bon courage à toutes mes soeurs qui se battent pour nos droits et pour les droits de tous les êtres humains, peut importe le sexe, la couleur, la religion!
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Jodie
Bonjour.
Je ne savais pas où déposer mon intervention, cette file me semble peut-être la plus appropriée. Je crois être féministe pour autant je me pose une quetions existentielle quant au résutat des luttes féministes.
Je me suis rendue compte, lors d’une soirée débat entre amies, qu’aucune de nous n’avait jamais incité ses propres filles à s’orienter professionnellement vers un métier manuel considéré comme typiquement masculin. Pire, l’une d’entre-nous a même reconnu avoir dissuadé sa propre fille qui justement hésitait à se lancer vers une telle voie professionnelle (elle pensait à être soudeuse).
La question que je me pose est la suivante : sommes-nous vraiment capables, en tant qu’êtres humains, de nous appliquer à nous-mêmes les dogmes de la révolution sociétale que nous menons ?
Merci de vos avis.
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complémentaire santé
C’est encore une fois une joie de vous lire, j’attends les suivants avec impatience !
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2efficient
3lukewarm
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