Sexisme ordinaire ou ignorance?

J’aime la Première chaine de Radio-Canada. En fait, j’écoute pratiquement toutes les émissions de cette radio et quand je manque mes émissions, je les écoute en ligne. C’est d’ailleurs en écoutant la Première chaine lors de mon premier voyage au Mexique en 2008 que j’ai entendu parler de ce blogue. Marianne était l’invitée de Franco Nuovo à la défunte émission Je l’ai vu à la radio et elle avait « pluggué » le blogue Je suis féministe.com

Lors de cette entrevue, Franco Nuovo avait eu comme réaction au titre du blogue un commentaire se demandant si c’était vraiment nécessaire… Le féminisme est-il encore nécessaire? Ça m’avait alors dérangé, mais j’avais trouvé l’attitude de Marianne tellement bonne, puisqu’elle a seulement continué la promotion du blogue tout en ignorant la question, que j’ai simplement commencé à bloguer!

Mais, voilà qu’en ce matin de dimanche 9 septembre, lors de la première heure de sa nouvelle émission Dessine-moi un dimanche, Franco Nuovo pique ma fibre féministe encore une fois. Abordant l’édition de Châtelaine dédiée à l’élection de la Première première ministre du Québec, Pauline Marois, l’animateur souligne que selon lui, on en fait trop pour souligner l’élection de Mme Marois. Il ne comprend pas pourquoi on s’extasie de l’élection d’une femme Première ministre. Sur un ton désabusé, il signifie son mécontentement, son incompréhension. Ses coanimatrices s’étonnent: pourquoi? c’est la première pourtant? Et lui de répondre que non, il y a eu Margaret Thatcher et Angela Merkel et plusieurs autres Premières ministres dans des provinces du Canada. Et l’une de ses coanimatrices, spécifiant qu’au Québec c’est la première, de lui poser la question sur le fait qu’on a fait grand cas de l’élection de Barack Obama et qu’il ne s’en était pas formalisé. Ce à quoi il répond que : « Lui, c’était le premier! » Ah bon… l’Afrique du Sud n’a jamais élu Mandela? Et tous les pays d’Afrique, n’ont jamais eu de Présidents noirs? Ah bon!

Puis, en fin d’émission (ma partie préférée!) les sophismes, les philosophes abordent différents sophismes entendus pendant la semaine. On y aborde le sujet de l’égalité femmes-hommes. Je constate qu’il est plus facile de dénoncer un candidat qui réduit sa défaite face à un candidat de 20 ans, en qualifiant les résultats d’une élection académie, que de saluer l’arrivée au pouvoir de la Première Première ministre. Aussi, la tendance à blâmer les (sic!) féministes de tous les maux, m’est insupportable. On peut être féministe et ne pas être en accord avec les idées d’une femme, qu’elle soit cheffe de Parti ou non. M’enfin…

Qu’en pensez-vous? Après avoir écouté les différents extraits, est-ce la faute aux (sic!) féministes si Mme Marois n’a pas eu sa majorité? Est-ce que j’ai raison de trouver que cela relève du sexisme ordinaire que de ne pas reconnaitre tout le chemin parcouru? Ou est-ce simplement de l’ignorance de la part de certaines personnes qui croient, à tord, que « l’égalité-est-déjà-là »? Que peut-on faire pour contrer ces idées préconçues?

7 Comments

  • Chantal Locat
    10 septembre 2012

    Pour moi, ce n’est pas du sexisme ordinaire mais bien du sexisme chronique. Les remèdes les plus efficaces sont l’éducation et la formation.Prescription: appliquer un peu tous les jours jusqu’à la disparition complète des symptômes. Répéter au besoin par la suite…

    Ce n’est pas parce qu’une personne anime une émission de radio ou de télévision qu’il ou elle a le savoir lié au développement social, à la compréhension des discriminations et des luttes des différents groupes sociaux. Mais elle devrait avoir la responsabilité de s’informer, de questionner pour mieux comprendre ou tout simplement de se taire quand elle ne connaît pas les enjeux. Au Québec, c’est après 72 ans de l’obtention du droit de vote que nous avons élu, et non sans commentaires chroniquement sexistes, le 4 septembre 2012, une première ministre. C’est une première dans notre histoire au Québec et ça ne vaudrait pas la peine d’en parler ?

    La représentation politique à l’Assemblée nationale n’est pas le reflet de la société, les femmes ne sont pas représentées équitablement.

    Ce n’est pas parce que la société évolue et qu’il y a eu des grands pas de faits pour l’avancement des droits des femmes, que l’égalité est atteinte, et ça, ne pas le reconnaître, c’est plus que du sexisme ordinaire !

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  • Julie Chateauvert
    10 septembre 2012

    Si c’est chronique, c’est que l’exposition à de la sensibilisation, que l’éducation ne suffit malheureusement pas. Nuovo est invité dans diverses émission pour commenter le sujet depuis des années,il est généralement invité pour incarner cette attitude. il le fait également dans ses propres chroniques… Ce n’est pas qu’il ne s’informe pas, c’est qu’il a une réflexion qui va dans le sens d’une idéologie. Celle-ci, elle a toute l’inertie de toute la longue histoire du patriarcat pour lui donner de l’assise. Face à ça… la lutte, j’crée ben… un peu comme on fait depuis pas mal de temps… y’en a toute une généalogie toujours à compléter de cette lutte. C’est en effet plus que du sexisme ordinaire. Enfin… c’est aussi ça, le sexisme ordinaire. C’est aussi plus que chronique parce que c’est pas juste récalcitrant, durable, c’est aussi actif.

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  • Chantal Locat
    10 septembre 2012

    Je suis d’accord en partie avec les propos de Julie, je suis d’accord que c’est l’expression du patriarcat, que Nuovo est invité pour ce genre de propos. Mais, c’est faux de dire qu’il y a de la sensibilisation tant que ça et que l’éducation ça ne suffit pas parce que, de l’éducation avec analyse et du long terme, il n’y en a tout simplement pas ou si peu…
    Et, comme dans bien des domaines, il faut toujours recommencer et c’est parfois ce que nous oublions comme féministes. Si quelqu’un peut me dire combien d’heures pas semaines les jeunes reçoivent une éducation sur les rapports égalitaires, contre le sexisme, l’homophobie, la lesbophobie ou le racisme, avec des retours et des discussions, des critiques et des projets spécifiques? J’aimerais savoir où se donne cette éducation. Surement pas dans les médias. À l’école ? Dans l’ensemble des familles ? Ce sont les jeunes qu’il faut éduquer et pour y arriver, éduquer les personnels de l’éducation, de la santé et des services sociaux et de la petite enfance.

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  • Marcelle
    14 septembre 2012

    Du sexisme ordinaire? Peut-être. Ou le reflet d’un sexisme ordinaire. Ultimement, je ne crois pas que le monsieur soit bien méchant. Il me fait moi aussi l’effet d’un vieux mon’oncle qui parle du bout de sa table. Il est bien placé, mais bon. Il ne m’impressionne pas. De par sa fonction médiatique, il est le véhicule d’une idéologie, sans doute. On croira sans doute bon de combattre cette ‘idéologie sexiste’ par une ‘idéologie féministe’. Je pense qu’au jour le jour, ce qui nous anime, ce qui nous pousse à agir, à nous engager auprès des autres, c’est davantage que de l’idéologie. C’est beaucoup plus complexe que ça. C’est pas plus de féminisme qui va faire en sorte que Franco Nuovo va faire preuve de davantage de bonne foi.

    À mon travail, une collègue rechignait sur Pauline Marois. Elle connaissait quelqu’un qui avait travaillé avec elle.  »À ce qu’il parait, elle est pas mal Gère-mène ». J’ai cru bon de souligner que je m’attendais à un minimum de leadership de la part d’une chef d’État…

    Il est commun d’entendre des groupes réclamer une éducation ‘égalitaire contre le sexisme, l’homophobile etc’. Dans le monde contemporain, le féminisme est une idéologie dominante. Pensez-y. Il y a des organisations féministes au sein du gouvernement. Chaque centrale syndicale s’appuie sur des principes féministes qui sont incarnés par la vie des comités-femmes. Dans les universités, on trouve des programmes d’études féministes. Y’a un nombre considérable de bourses pour les femmes. Les militantes féministes sont inscrites dans les livres d’histoire du secondaire (dont les animateurs de la radio de Québec invitent à déchirer les pages…). C’est là, dans nos structures.

    Ce qui me dérange, dans cette histoire, ce n’est pas tant de savoir si l’on a assez souligné la spécificité de madame Marois. Elle a beau y être, le poste ne m’apparait pas plus accessible. Il est clair qu’on ne devient première ministre qu’après de nombreuses années de dur labeur. Pour y arriver, il faut soit avoir beaucoup d’argent (pour payer les frais de garde des enfants), soit avoir un partenaire qui est prêt à s’investir davantage dans la vie familiale. Ou qui se n’est pas complexé à la vue d’une femme qui occupe une position plus importante que la sienne.

    V’voyez, madame Marois est mariée à un homme d’affaire prospère.

    Faudrait pas qu’à force de se lancer des fleurs on finisse par se jeter de la poudre aux yeux.
    Mme Marois et Mme Marcelle, c’est vrai-ment pas la même chose.
    Mon frère, mon coloc et mon petit amis me sont davantage égaux que cette femme-là.

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  • Berenice
    15 septembre 2012

    @ Bob, vous n’en voyez pas l’intérêt, abstenez-vous de commenter alors… Il y en a que ça intéresse, moi, par exemple. Un petit conseil; allez donc commenter sur des sites qui vous intéresse, ça vous évitera de perdre votre temps 🙂

    @ Guillaume, vous êtes mauvaise langue, car votre commentaire et le précédent sont toujours là…

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  • Marie-Élaine
    20 septembre 2012

    @Berenice: j’aurais très bien pu effacer les commentaires de Guillaume et de Bob, mais votre réponse me les a fait garder. bien envoyé 😉

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  • Marie-Élaine
    21 septembre 2012

    Lâche pas toi non plus! Continue de troller ici et de perdre ton temps!

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