#FPCon
Je suis super excitée (le mot est bien choisi…) d’être à Toronto en fin de semaine pour la toute première Feminist Porn Conference! D’une durée d’une journée, la conférence rassemblera autant des théoriciennes féministes que des créatrices et productrices de porno féministe, de même que des militantes pro-sexe et des amatrices du genre.
L’événement se tient dans la foulée des Feminist Porn Awards dont la 8e édition a lieu ce soir au Capitol Theatre. C’est organisé par Tristan Taormino et les co-directrices de l’ouvrage The Feminist Porn Book paru en novembre dernier, qui comporte des textes d’académiciennes tout comme de « performeuses » de l’industrie du divertissement pour adulte, dans une perspective féministe.
Mais de quossé, la porno féministe? Est-ce que ça peut même exister?! Ben oui! Et en voici les principales caractéristiques, selon le site Web de la boutique Good for Her (traduction libre):
- Des femmes et/ou des personnes traditionnellement marginalisées ont été impliquées dans la réalisation, la production et/ou la conception de l’œuvre.
- Les personnes devant la caméra – tout particulièrement les femmes et les personnes traditionnellement marginalisées – y démontrent du plaisir, de l’agentivité et du désir authentiques.
- L’œuvre souhaite élargir les représentations de la sexualité au cinéma, défier les stéréotypes, en présentant une vision qui contraste avec la majorité de la porno mainstream. Ceci peut vouloir dire le fait de montrer une diversité de désirs, de types de personnes, de corps et de pratiques sexuelles à l’écran, ou encore, le recours à un cadre antiraciste ou antioppression pendant la production.
Si le sujet vous intéresse, je vous invite à me suivre sur Twitter @marie3laine où je vais live-tweeter la conférence toute la journée de samedi sous le hastag #FPCon.
D’autres suggestions de comptes à suivre:
Et pour en savoir davantage sur la porno féministe et la conférence elle-même, je vous invite à écouter un des plus récents épisodes de la balado Fucking While Feminist de Jaclyn Friedman où les quatre co-directrices de l’événement étaient invitées. Une excellente intro en la matière.
Bon sexe! 😉
Géraldine
Moi je suis contre la pornographie et je ne comprends pas comment des femme sont amatrice de ce genre !!
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Valérie
Géraldine,
Difficile de deviner pourquoi chacune des femmes qui aime la porn aime ça. Mais je crois pouvoir avancer un élément de réponse sans crainte de me tromper: je suis à peu près certaine que la plupart aiment ça, tout simplement, parce que ça les excite. Moi, en tout cas, c’est ce qui m’attire dans la porn. Cela dit, je n’aime pas non plus regarder n’importe quoi et je trouve qu’il est la plupart du temps difficile de trouver des productions avec lesquelles je suis confortable (par exemple, qui montrent une sexualité qui me paraît épanouie et non pas forcée, peu importe dans quel sens) – et c’est pourquoi je trouve intéressant que la porn féministe existe. En plus d’élargir l’éventail des productions disponibles, elle introduit au sein de ce genre cinématographique une réflexion sur le genre sexué, la sexualité et les relations de pouvoir. C’est donc aussi quelque chose qui m’intéresse en tant que féministe.
Mais toi, au juste, pourquoi es-tu contre la pornographie? Et pourquoi cela te semble si invraisemblable que des femmes puissent aimer ça? J’aimerais comprendre… Merci!
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Marie-Élaine
Ne pas aimer la porno, soit. Ne pas comprendre pourquoi d’autres femmes aiment ça, soit. Mais y’a du monde qui aime ça et qui en produit, et ces personnes ont le droit de faire entendre leur voix!
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Imace
Bonjour,
Je ne suis pas tout-à-fait d’accord avec ce dernier commentaire. En effet, la tolérance et le relativisme se confondent parfois.
S’il ne s’agissait que d’un goût, en effet, la personne qui n’aime pas une chose pourrait difficilement prétendre imposer son dégoût à une autre.
Toutefois, en matière de pornographie, il ne s’agit pas uniquement de goûts individuels. Nonobstant le fait de savoir si on trouve cela « dégueulasse » ou « excitant », il existe d’autres enjeux derrière.
Voulons-nous faire du sexe une marchandise ?
Est-il socialement acceptable que le métier de certaines personnes consiste à baiser sur les instructions d’un metteur en scène, instructions qui recouvrent le lieu, le ou les partenaires, les modalités de l’acte, etc. ?
Avoir envie de prendre son pied devant une vidéo justifie-t-il d’injecter de l’argent dans un marché connu pour exploiter des personnes vulnérables, parfois d’une manière odieuse ?
Le féminisme se targue de ne connaître aucune barrière moralisatrice : féministe pro-sexe, pro-porn, pro-prostitution, etc. Il me semble qu’il s’agit de sa pire défaite. Personnellement, je me moque qu’on me pointe du doigt en m’accusant de ne pas être « fun » ou d’être « coincée ». Je considère l’être humain comme sacré et je n’adhérerai jamais à un système qui le réduit (ou qui plus précisément réduit des populations vulnérables) à l’état de marchandises pour le bénéfice d’une fraction de population que ses privilèges ont rendu aveugle à la souffrance d’autrui, capricieuse et irresponsable.
Désolée si ce message doit déplaire, mais je revendique le droit de croire que le féminisme reste incompatible avec certaines extrémités. Si l’on peut être féministe et pro-n’importe-quoi, alors l’étiquette « féministe » ne correspond plus à mes convictions.
En effet, à mon sens, un féminisme qui se réduirait à une égalité formelle avec les hommes, y compris dans les processus d’exploitation et de négation d’autrui, n’a strictement aucun intérêt. Ça transformerait un humanisme magnifique en simple mouvement de lobbying.
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Marie-Élaine
Veut-on faire du sexe une marchandise? Ben… premièrement c’est déjà fait, et deuxièmement… tout se vend dans une société capitaliste. Faque forcément le sexe aussi. Ça prend plusieurs formes: livres érotiques, jouets, échange de services sexuels, porno…
Les livres érotiques c’est sûr ça choque moins. Et vous allez me dire que y’a moins d’intermédiaires, moins d’hommes, moins de problèmes…. Oui, d’une certaine façon, mais alors que pensez-vous de la situation des femmes dans le monde de l’édition? Je ne crois pas qu’on puisse dire qu’une femme qui écrit des romans érotiques est moins exploitée qu’une actrice porno, juste parce qu’elle enlève pas ses bobettes pour aller travailler. Peut-être que ton actrice porno, elle travaille sur un plateau de tournage où il y a beaucoup de respect, elle prend son pied et elle encaisse son chèque de paye avec le sourire, pis que ton auteure de livres érotiques, ça fait quatre maisons d’édition qui lui refusent son nouveau manuscrit pis elle deale avec des éditeurs super paternalistes. Pour des revenus beaucoup moins intéressants.
Mais j’aimerais quand même revenir au but de l’article, qui n’était pas de dire OMGLAPORNMAINSTREAM TEEELLEEEMENT COOOL AUCUN PROBLÈME VOYONSDON BRINGIT OOOONN!!! Mais qui était de présenter une autre façon de faire de l’*art* masturbatoire: la porno alternative, la porno féministe.
Imace, c’est comme si j’avais écrit un article sur le slow food et que vous m’aviez dit, « mais là!! y’a plein de problèmes dans l’industrie d’élevage!! » Ben oui, justement. Je voulais présenter une *autre* façon de faire les choses, en parallèle du gros système. Pas faire l’apologie du gros système.
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Catherine
Je crois qu’il y a une différence entre un relativisme qui dirait que tout est parfait et que tout est beau, et le fait de reconnaître que plusieurs courants de pensée forment le féminisme. Les féminismes, plutôt. Je reconnais qu’il est parfois difficile d’accepter certains courants du féminisme avec lesquels ont est pas d’accord.
Par contre, je suis automatiquement irritée par des discours qui en rejettent d’autres du revers de la main. Je crois que la réflexion autour de la pornographie féministe est tout à fait légitime. Tout comme une réflexion sur son existence même peut l’être.
Je crois qu’il faut faire attention à ne pas taire la voix de certaines femmes qui ont un discours qui ne rejoint pas le nôtre. Pour moi, le féminisme, c’est ça : donner la parole.
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Imace
Vous ne répondez à aucune de mes questions.
Il n’y a pas une ligne, dans ce sujet et ses commentaires, sur les conséquences de la consommation de pornographie sur celles qu’on nomme pudiquement les « actrices ».
Uniquement le point de vue des consommatrices. Fières d’être traitées comme des consommateurs lambda.
Vous restez dans le leitmotiv « toutes les opinions ont le droit d’exister ». Et c’est votre unique argument contre toute critique systémique de la pornographie en tant que telle, quel que soit le sexe de la part de marché que cible son producteur.
Ce leitmotiv vous permet de vous présenter comme la personne tolérante et ouverte, tout en vous déresponsabilisant complètement par rapport aux questions gênantes qu’on peut vous poser. Plus aucune culpabilité et l’image d’une personne so « open-minded ». Tellement confortable, n’est-ce pas ?
Je suis lasse des articles « féministes » qui promeuvent la pornographie, la prostitution, qui condamnent l’avortement, qui prône la réappropriation de la féminité mainstream. Et on fait table rase de décennies de recherches et d’analyses féministes.
La victoire du politiquement correct « toutes les opinions doivent pouvoir s’exprimer ! » sur la réflexion critique.
Si pour vous, le féminisme se réduit à « donner la parole » à toutes les idéologies, alors vous défendez la liberté d’expression et non pas un monde libéré des rapports de domination fondés sur le sexe. Dans ce cas, pourquoi vous appropriez un mot en « isme » construit spécialement pour désigner un mouvement d’émancipation ?
Votre définition est en effet la première définition du féminisme que je lis dans laquelle le mot « femme » n’apparaît même pas.
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Marie-Élaine
Heille! On parle de porno féministe dans l’article! Je ne me suis pas attardée aux problèmes de la porno mainstream parce que 1) y’a déjà ben du monde qui le font; 2) je ne suis pas dans un féminisme qui démonise la porno, une industrie parmi tant d’autres dans une société sexiste et capitaliste. Pour moi, ce sont ces systèmes en place qui sont le problème; ils ne sont pas inhérents à la porno.
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Catherine
J’ai toujours cru qu’il y avait dans le féminisme une volonté pour les femmes de reprendre le contrôle de leur corps et de leur sexualité. Si dans ce contexte on ne peut pas réfléchir à de la pornographie féministe, je ne sais pas où on pourra le faire.
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