One night-stand

Des hommes, des inconnus, j’en ai rencontré plusieurs. Au moins une douzaine en deux mois. Des pervers. Des bourgeois. Des romantiques. Des womanizers. Des pervers. Des féministes. Des cultivés. Des gentlemen.

Je suis féministe et je me suis inscrite à quatre sites de rencontre en ligne. Pour différentes raisons et à différents moments. Je sais, ça ne fait pas très féministe que de mettre un photo de soi en ligne, le rouge aux lèvres, de rendre son profil aussi attrayant que possible pour que la personne like ou envoie un message.

Fleur bleue, je me suis inscrite à eHarmony pour y trouver l’amour. Matérialiste, je me suis inscrite à Seeking Arrangement pour y trouver de quoi payer mes fins de mois. Hypersexualisée, je me suis inscrite à Badoo pour y trouver un one night-stand. Bi-curieuse, je me suis inscrite à Tinder pour y trouver une femme.

Même si les sites de renconmadonnamunchtre en ligne sont répandus, ils n’en sont pas moins tabous. Surtout dans les milieux féministes. Et certains sites plus que d’autres.

Si eHarmony est un site de drague classique (celui-ci a constitué mon baptême de feu), Seeking Arrangement se veut beaucoup plus controversé. En effet, ce site est un endroit où de jeunes femmes peuvent trouver un sugar daddy pour prendre soin d’elles. En fait, si on lit entre les lignes, il s’agit d’une forme de prostitution légale. N’ayant trouvé le bon suggar daddy (ou plutôt, ceux qui m’intéressaient étaient déjà pris), j’ai supprimé mon compte. Pourtant, je me suis bornée pendant longtemps à me dire qu’il devait forcément y avoir des hommes bien sur ce site, et pas seulement des tordus.

Badoo et Tinder se veulent les plus addictifs des sites de rencontre. Ceux-ci permettent de rencontrer presqu’instantanément des célibataires à partir d’une application sur son téléphone. C’est qu’après le fast food, il y a le fast dating. Il n’y a qu’à se connecter, qu’à activer la géolocalisation pour voir les célibataires se trouvant à proximité. Deux applications parfaites pour les relations sans lendemain.

N’empêche, tel que le souligne Pascal Lardellier dans un article paru dans les Inrocks, « [m]ême si elles sont libérées, ces relations sont le reflet des grands principes de l’économie de marché : marquées par l’efficacité et l’attractivité, la performance et la rentabilité. » Bref, on dévore sa proie et on passe à la suivante.

De là mon questionnement, puis-je être féministe et participer à cette économie de marché des relations amoureuses? Puis-je être féministe et être addict aux sites de rencontre en ligne?

Ne serais-je pas entrain d’arborer une burqa de chair pour reprendre l’expression de Nelly Arcan? Parce que la burqa de chair, qu’on la revêtisse ou qu’on l’enlève, les conséquences seront toujours aussi douloureuses.

2 Comments

  • soflirt
    28 octobre 2013

    Hello,

    Article et sujet intéressant.

    Mais bon je te rassure, tu ne participe pas autant que les hommes à ce marché. En effet, les sites de rencontre sont en général 100% gratuits pour les femmes. Se sont les hommes qui doivent mettre la main à la poche.

    Sinon, en parlant de fast dating, petit lien pour partager quelques visuels qui prennent en dérision les site de rencontres :

    http://www.soflirt.com/fr/humour-la-derive-des-sites-de-rencontres-specialises

    A plaisir de vous relire 🙂

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  • Francis J
    16 novembre 2013

    Pour le message précédent, c’est faux… Sur réseaucontact, les femmes doivent aussi payer 🙂

    Ceci dit, je ne vois pas pourquoi il serait « anti-féministe » d’aller sur des sites de rencontres. Si on cherche l’amour, l’important c’est de le trouver, peu importe que cela se passe par un site un rencontre, une balade dans le parc ou à l’église !

    Francis 😉

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