Vos témoignages #agressionnondénoncée (6)

#agressionnondénoncée JSI+JSFIl y a quelques temps, je vous partageais quelques réflexions sur « la chance » de ne pas avoir d’#agressionnondénoncée et vous offrais la possibilité de laisser vos témoignages. Nous avons reçu plusieurs témoignages que je partagerai avec vous en 7 billets au cours des prochaines semaines. Merci à toutes de vos partages et de votre confiance.

ATTENTION: Considérant le caractère très cru, direct et, parfois violent, de certains témoignages, ils pourraient occasionner de l’inconfort chez une partie du lectorat.

Les billets seront également partagés par Je suis indestructible dans un partenariat spécial créé pour #agressionnondénoncée


 

Guerrière:

Témoignage: « J’ai vécu l’abus sexuel sous plusieurs formes. Inceste avec mon père durant les 3 premières années de ma vie. Abus sexuel avec un cousin de ma mère de 7 à 18 ans. En plus de m’abuser, il m’obligeait à faire de la pornographie juvénile, avec la complicité de ma mère. J’ai porté des accusations criminelles contre lui mais les enquêteurs m’ont dit que je fabulais. Heureusement que le procureur m’a cru, mais faute d’un minimum de preuves, on n’a pas poursuivi. Une vingtaine d’années de thérapie plus tard je survis et j’ai pu me rendre à ma retraite. Je ne lâche pas, je crois en ma complète guérison. Je ne baisse pas les bras, ce serait donner raison à ces salauds. Merci de me permettre de m’exprimer. »

Anonyme

Témoignage: « J’étais au cégep. À la fin d’un party, j’ai été violée par trois gars que je connaissais. Je n’ai pas porté plainte, je n’en ai parlé à personne. Ni à mes parents, ni à mes amies. J’ai fait, ou voulu faire, comme si rien n’était arrivé. Je ne voulais pas que ce soit arrivé. J’ai pris toute l’énergie que j’avais pour me reconstruire, passer à autre chose, avancer.

Aujourd’hui, je suis scolarisée, bien entourée, féministe, mariée et mère de deux enfants. Et à part mon conjoint, personne n’est au courant. Je n’en ai jamais parlé. Pourtant, je n’ai pas honte, je sais que ce n’est pas de ma faute, mais je n’ai pas envie d’en parler. Pour moi, le silence n’est pas un poids, mais une protection. Il me protège de la douleur que cette parole provoquerait chez moi et chez mes proches. Il me protège du jugement des moins proches, évite les commentaires du genre : « comment est-ce possible ? » et « pourquoi n’as-tu pas dénoncé ? »… Pour être bien honnête, je n’ai aucune envie d’affronter la vague que cette prise de parole ne manquerait pas de susciter. La dernière chose dont j’ai besoin, c’est de faire face à des commentaires de la part de collègues ou d’imbéciles sur Twitter.

J’ai donc un très grand respect pour celles qui osent parler publiquement de l’agression dont elles ont été victimes. J’approuve sans réserve ce mouvement de prise de parole, même si je ne souhaite pas y participer. Et je suis heureuse de cet espace anonyme que vous me donnez car il me permet de remercier celles qui ont choisi de dénoncer. Celles qui risquent d’avoir à affronter la peine, les commentaires, les jugements et l’incompréhension que je veux éviter. Leur prise de parole me fait du bien. Je me sens moins seule et j’ai espoir que ce mouvement va susciter, au delà d’une prise de conscience, un véritable changement. » 

Micheline

Témoignage: « moi j’ai dénoncer mon agresseur, le harcèlement psychologique et sexuel et le viol (6 ans) à mes supérieurs, ils m’ont dit qu’il y avait eu un manquement de sa part, que j’étais une très belle femme alors c’était de ma faute. Un manquement, moi j’ai manquer mourir (il disait que j’étais en amour avec lui, je n’ai jamais, de ma vie, haïs une personne comme ça)! Je l’ai emmené aux normes du travail, ce qui na pas donné grande chose: il n’a jamais perdu son travail, ils ont continué à le payer, ça lui donnais la permission de continuer. J’ai été 3 ans sans travailler, j’étais incapable. J’ai perdu toute confiance, je suis complétement détruite: monétairement j’en ai arraché pendant des années, pendant ce temps-là, lui, gagne très bien sa vie encore à la même place. Ça fait 14 ans cette semaine et je ne m’en suis jamais remis de cette injustice. Face à cet homme – qui était mon supérieur -, l’institution Bancaire a étouffé la plainte comme si de rien n’était, elle n’a pas voulu perdre la face et de grosses sommes d’argent. Je n’en valais pas la peine, je suis une FEMME. PS: sa sœur s’est suicidée et sa mère était à l’asile alors, moi aussi il fallait qu’il me détruise. »

 

Anonyme

Témoignage: « Des « épisodes », je ne les compte plus… moi non plus. Un dénominateur commun : la surprise. Être « plottée » par surprise, être agressée par surprise, taponnée par quelqu’un d’la famille qu’on aurait jamais soupçonné et qui nierait tout bien sûr si on osait dénoncer, apostrophée par un pénis, agressée par des doigts, avalée par un regard… Ce regard qui me donne à penser que j’aurais surtout pas voulu m’retrouver face à face avec ce mec-là dans une ruelle le soir… des gens connus, de la famille proche, des proches et des parfaits inconnus. La panoplie d’agressions: les mains baladeuses du mon’oncle cochon à l’enfance, l’exhibitionniste dans son char qui s’branle devant moi à l’adolescence à l’arrêt de bus un samedi désertique à 7 h du mat’, les proches qui se disent massothérapeutes et qui s’imaginent qu’un massage de mal de dos est une carte de visite à ma vulve, un pénis en érection s’enfouissant dans ma jupe par derrière dans une foule du festival de jazz à Mtl… mais encore, si seulement ça pouvait s’arrêter là!

C’est qu’en plus, y’a la honte qui vous bouffe, des années durant: être jolie à Noël en famille vous expose au danger! Avoir pris un verre de trop dans un party, danger! Côtoyer quelqu’un de la famille sans le reste du groupe: DANGER! Se retrouver dans une pièce sans témoin durant un party, encore danger… et quand, enfin, la marmite saute et qu’on en parle, se voir « punie » parce que les proches vous désertent ne sachant comment vous accompagner dans cette quête de réparation (trop d’trouble, et en plus le mec, il est pourtant si gentil…). Dévoiler ça au grand jour ferait des dommages collatéraux… c’est ça, c’est ça, alors on sacrifie la victime. Trop nombreux sont ceux et celles qui préfèrent discréditer la victime parce qu’elle a attendu trop longtemps ou parce qu’elle devait bien avoir des torts, peut-être avait-elle provoqué (allumé) l’agresseur… cet agresseur charmant, populaire, homme public, père de famille, qui se place toujours au dessus de tout reproche, qui se gargarise de son statut ou de son charme ou des deux… et pis pour tout accompagnement l’on vous dira : « ça ne me regarde pas », ceux et celles-là même qui continueront à s’faire à croire que tout va bien à Noël, en famille, ou entre amiEs… On entourera l’agresseur et l’on cessera d’inviter la victime, cela va d’soi. »

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