Vos témoignages #agressionnondénoncée (7)

Il y a quelques temps, je vous partageais quelques réflexions sur « la chance » de ne pas avoir d’#agressionnondénoncée et vous offrais la possibilité de laisser vos témoignages. Nous avons reçu plusieurs témoignages que j’ai partagé avec vous en 7 billets au cours des dernières semaines. Merci à toutes de vos partages et de votre confiance.

ATTENTION: Considérant le caractère très cru, direct et, parfois violent, de certains témoignages, ils pourraient occasionner de l’inconfort chez une partie du lectorat.

Les billets seront également partagés par Je suis indestructible dans un partenariat spécial créé pour #agressionnondénoncée

#agressionnondénoncée JSI+JSF

Recyclage:

Témoignage: « Première agression: Février 2009

Je me rendais à l’université pour étudier avec des amis, un homme m’a suivie jusque devant la porte de la bibliothèque qui n’était pas encore ouverte. Il m’a demandé de le sucer, j’ai dis non, je me suis mise à courir. Il m’a attrapée et jetée par terre. Il m’a menacée d’un couteau, m’a mis son pénis de force dans la bouche, l’a retiré et m’a bloqué la bouche avec mon foulard pour m’empêcher de crier, puis a éjaculé sur moi. Il m’a laissée là, mon amie m’a trouvée. j’ai porté plainte. Mon agresseur a été retrouvé 3 ans plus tard et a plaidé coupable aux accusations. Il a été condamné à 4 ans de prison.

Deuxième agression: Mars 2013

À la fin de la manifestation, 2 policiers m’ont amenée car ils disaient vouloir me fouiller. Ils m’ont couchée sur le siège arrière de leur auto patrouille, m’ont attachée avec des tie wraps et m’ont violée à tour de rôle. Pendant qu’un me violait, l’autre m’empêchait de crier et de me débattre en me pointant son arme sur la tempe. Je pensais mourir. Ils me traitaient de salope, de pute, me disaient que je j’avais l’air d’aimer ça. Ça a duré environ 30 minutes je pense, mais j’ai l’impression que ça a duré des heures.

Troisième agression: Avril 2014

Agressée au travail par un patient dans une chambre isolée. Il m’a fait des attouchements, il me menaçait avec une paire de ciseaux qu’il a finit par me planter dans la poitrine en surface. J’ai pleuré, mais j’ai quand même terminé mon quart de travail. »

Dany:

Témoignage: « En solidarité.

Le 11 septembre 2001… nous nous souvenons tous des tours du World Trade Center qui s’effondraient alors que moi j’ai en mémoire le mur de ma honte qui s’effondrait car ce fût ce jour où je mallais une lettre au principal agresseur du viol collectif qu’on m’avait fait subir 25 ans plus tôt. J’avais 17 ans. J’utiliserai un résumé de cette lettre en guise de témoignage que je veux solidaire de ce mouvement collectif d’envergure qui incite les victimes d’agressions sexuelles à dénoncer.

« […I]l faut que tu saches tout le mal que tu m’as fait subir. Il faut que tu saches que l’enfant en moi est encore écorchée après 25 ans… Que d’efforts j’ai dû mettre pour refouler toutes ces horreurs. J’ai réussi à amnésier cette rencontre dégueulasse. C’est merveilleux le cerveau, il a su me protéger en me permettant d’enfouir dans un tiroir de ma mémoire toutes ces paroles, toutes ces douleurs, toutes ces frayeurs ! ….mais le fil des années a fait que ce qui me protégeait un jour était en train de me tuer. J’ai dû laisser monter ces souvenirs à ma conscience. Comme j’ai eu mal en dedans, comme j’ai eu peur de devenir folle… .ma première expérience sexuelle fut ce viol collectif. Peux-tu t’imaginer ce que j’ai pu vivre à ce moment? Peux-tu t’imaginer ce que je vis présentement? Ma vie sexuelle est toute de travers parce que je revois des images de violence quand mon chum me transmet amour et douceur. J’ai si mal ! Ça brûle en dedans de moi. J’ai si mal, je hurle comme un loup! Il faut que tu le saches. Il faut que je me libère de ces ressentiments, cette colère, cette haine! Qui t’a fait si mal que tu deviennes cette bête à visage d’homme? …je lutte depuis plusieurs semaines. Je veux me libérer de toute cette merde. Si j’ai dénoncé à la police cet événement c’était pour neutraliser la vengeance de mon chum… (et cela a fonctionné). Tu as manqué une belle chance de faire la vérité… C’est ton choix, le mien c’est de te faire savoir les conséquences de tes actes. Il faut que tu saches que mon utérus était si irrité que j’ai eu du mal à avoir un enfant. J’ai failli le perdre… j’ai dû être alitée le reste de ma grossesse en me faisant répéter à chaque semaine que j’allais sans doute le perdre. Mais comme j’avais appris à me couper de ce qui faisait trop mal, je me suis coupée de cet enfant. J’ai pris conscience de lui que 3 semaines plus tard. Heureusement que le père était un vrai homme, celui-là. Par la suite, je n’ai plus été capable d’enfanter; on a dû me retirer l’utérus. Il y a un peu de toi là-dedans! Il faut que tu le saches… Quelle enfance as-tu eu pour devenir aussi irresponsable et méchant? Que de peurs inconscientes j’ai traîné toute ma vie. Chaque ami que je rencontrais et qui voulait un peu d’intimité, mettait par le fait même, fin à la relation. J’ai encore des « flashs » qui reviennent à ma mémoire…. j’ai si mal! Même des douleurs physiques se sont jointes aux images… Comment as-tu pu être aussi insensible? Je te faisais confiance moi… Tu m’as utilisée comme un vulgaire « toutou ». Tu m’as même passées à tes chums. Comme tu as été bas. ….Il faut que tu le saches… J’ai eu si peur de mourir, t’en souviens-tu ? Je vis encore des crises de frayeur et mon mari me sécurise comme il le peut. Il faut que tu le saches… »

Cette lettre fût des plus libératrice car je venais de transférer mes peurs au principal responsable! Malgré une dénonciation en règle, il n’y avait pas suffisamment de preuves pour la procureure. C’est bien certain car 25 ans plus tard, ça aurait pris des aveux de l’un des agresseurs. J’avais été mal renseignée car seulement 20% des agresseurs avouent et non pas 80%. Ce ne fut pas le cas. Au contraire! J’ai reçu une mise en demeure du principal agresseur. Il voulait me poursuivre car je nuisais à sa vie et il recevait des menaces… Évidemment j’ai refusé de me rétracter et jamais il n’a donné suite… étrange tout de même pour un innocent… Aujourd’hui, près de 40 ans plus tard, je suis demeurée très fragile. Une santé précaire tant au niveau physique que psychologique, mais j’ai tout de même réussi mes études, j’ai enseigné pendant plus de 30 ans, j’ai une belle vie de couple et j’ai réussi à mettre au monde un bel homme digne de ce nom! Notre société m’a apporté beaucoup d’aide par l’entremise d’IVAC, mais il semble que ce soit une rare opportunité que j’aie pu en profiter ainsi. Alors je vois d’un bon œil l’effort des regroupements travaillant à l’élimination de la violence envers les femmes, qui revendiquent la création par l’Assemblée nationale d’une Commission itinérante spéciale portant sur la violence à caractère sexuel. Avec beaucoup d’aide et de soutien je peux encore vivre. »

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