Plaidoyer pour une littérature jeunesse plus diversifiée

Avec les récentes tentatives, petites mais notables, d’insérer des personnages s’identifiant à la communauté LGBTQ+ au cinéma s’adressant à la jeunesse, j’en suis parvenue à me demander quel état l’état des choses dans d’autres domaines artistiques. Puisque le cinéma semble être une bonne voix pour insérer davantage la culture LGBTQ+ et la normaliser auprès des plus jeunes, qu’en est-il du monde de la littérature? Je me suis alors questionné sur l’état des choses dans le monde de la littérature jeunesse au Québec.  Le constat, vous vous en douterez, était bien triste. En effet, en explorant le panorama des lectures offertes au jeune public, on se rend bien vite compte que les personnages des séries jeunesses sont tous cisgenres, hétérosexuels, et pour la grande majorité, blancs. Il y a une réelle problématique dans le fait d’ignorer une partie de la population de jeunes qui cherchent à s’affirmer, une population qui, de plus, est davantage fragile aux problèmes d’anxiété et de dépression. S’adresser à un jeune public, c’est s’adresser aux plus vulnérables, mais aussi aux plus influençables. Les auteurs et autrices de séries jeunesses ont le devoir de représenter les communautés minoritaires. La lecture à cet âge est un loisir précieux qui sert à l’entrée au monde de la littérature, et si le public n’a accès qu’à des personnages unidimensionnels qui représentent une majorité écrasante cisgenre et hétérosexuelle, il y a un problème. Cela est critique quant aux livres parlant d’amour, où l’hétéronormativité est flagrante. Cependant, les autres genres littéraires ne sont pas épargnés. À quand une série d’aventures impliquant deux personnages gais? Cela semble bien loin pour le moment.

En explorant le panorama de livres offerts, il y a aussi quelque chose d’inquiétant dans la ligne très marquée entre une littérature « pour les filles» et une autre qui serait « pour les garçons ».  Combien de fois lit-on sur la quatrième de couverture un titre comme « un livre 100% filles ». Cette présentation très genrée des romans offerts démontre qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire quant à l’acceptation et la représentation de la communauté LGBTQ+.

Peut-être que les auteurs et autrices jeunesses ne pensent tout simplement pas à raconter des histoires impliquant des personnages qui ne sont pas cisgenres et hétérosexuels parce que cela n’a pas été leur réalité, mais cela reste tout de même décevant.

Une seule collection de livres s’adressant aux jeunes s’est donné la mission d’être complètement ouverte sur le sujet, et il s’agit de la collection Tabou. On peut souligner l’effort de la série, mais il y a encore quelque chose de problématique avec un titre comme celui-là. Ces sujets ne devraient plus être tabous. Faire une collection sur les différents « sujets crus », du viol à l’homosexualité, c’est marquer une différence entre « les normaux » et « les autres ».

J’invite les auteurs et autrices de livres jeunesses à réfléchir sur la portée des histoires qu’ils racontent. Ignorer une minorité identitaire ou sexuelle, c’est un sous-texte impliquant que cette minorité n’existe pas. Quand on s’adresse à un jeune lectorat en apprentissage de sa sexualité et de son identité, on se doit d’être le plus ouvert et représentatif possible.  Je crois fermement que des changements s’imposent, et cela pour le mieux du public jeunesse. Si les auteurs et autrices portent autant à cœur la jeunesse qu’ils font rêver, je pense qu’ils seront prêts à s’ouvrir un peu plus et à faire les efforts nécessaires pour une littérature plus diversifiée.

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