Les 9 et 10 juin à Montréal : le Festivulve met les vulves à l’honneur!

Festivulve!

 

Vulve

Vuuuullveeee

VUUUULLLVEEEE

 

Ça fait un bien fou de le dire ce mot. De se le réapproprier. On a tous et toutes grandi dans le grand bordel lexical des mots pour désigner la vulve : plotte, minou, chatte, noune, minette et bien plus encore; chez certaines familles, on a pu entendre « là où va l’homme ».

 

Cet obscurantisme et les lacunes de savoir collectif autour de la vulve ont inspiré Mel Goyer, la femme derrière l’organisme Vagin Connaisseur, à créer le Festivulve grâce à sa sueur et à celle d’une petite équipe déterminée à secouer nos acquis en matière de sexe, sexualité et sexologie : qu’on ait une vulve ou qu’on n’en ait pas, chacun et chacune a le droit de savoir ce qui s’y passe et les potentialités qu’offre cet organe complexe et visiblement source de beaucoup de questions non répondues.

 

 

Festivulve part d’un constat simple : nous sommes nombreux.ses à confondre le vagin (qui est l’intérieur du sexe des femmes cisgenres à la naissance et des femmes transgenres ayant vécu une opération de réassignation de genre) et la vulve (qui est la partie externe de l’appareil génital et est reconstructible, notamment pour les femmes trans ou pour celles ayant subi l’excision). À partir de là, Mel Goyer alias Vagin Connaisseur décide de se lancer à la recherche de la vulve, ou en tout cas de s’aventurer vers une meilleure compréhension de celle-ci afin de dédiaboliser et d’ouvrir l’échange à ce propos.

 

En ce sens, le festival qui se tiendra les 9 et 10 juin prochains à l’espace Cormier rassemblera une quarantaine d’intervenant.e.s décidé.e.s à mettre en lumière ce qui reste caché de la vulve et des sexualités y étant associées.

 

Depuis la médiatisation du festival, il a été associé à plusieurs discours féministes et mouvances allant vers le changement des mentalités et la destructions d’idées hétéronormatives qui n’aident pas les femmes cis et trans à assainir le rapport avec la vulve.

 

Tantôt accusée de transphobie tantôt traitée de « féminazie », Mel Goyer avoue apprendre chaque jour de cette expérience. En effet, le Festivulve a attiré l’attention sur lui de par sa position informative et de divertissement, mais aussi de par son positionnement féministe. L’écologie des féminismes montréalais est aussi riche que la population qui habite la ville. C’est la raison pour laquelle le backlash est arrivé si vite. Si un point ou un autre du discours transmis pour faire la promotion de l’événement correspond à un point de lutte d’autres groupes activistes, le conflit est vite engagé. En ce sens, et à cause des retours de bâton liés à une méconnaissance de certains enjeux, la créatrice du Festivulve s’est vue obligée de rendre public son méa culpa sur la question de l’inclusion des femmes trans dans le sujet des vulves.

 

Le Festivulve sera alors un lieu d’apprentissage et d’échange pour tous. L’objectif est de renseigner, de lever le voile sur des acquis un peu trop ancrés concernant les vulves de naissance ou pas, de proposer aux femmes de toutes sortes de s’amuser avec, de prendre le pouvoir sur leurs corps. Mais pas seulement : les humains en général sont conviés à s’intéresser aux vulves pour mieux les aimer, mieux les comprendre, tâcher de prendre du recul sur les idées reçues sur le plan de la sexualité, de l’hygiène, de la santé sexuelle des femmes en général. Hommes de tous bords, joignez-vous à nous dans la découverte de nos corps et de nos sexes. Hommes de tous bords, venez nous soutenir dans cette démarche positive et annonciatrice d’un renouveau féministe : celui de l’agir, celui du faire pour avancer collectivement, citoyens et citoyennes, ensemble dans ce combat.

 

Parmi la programmation bien remplie du festival, quelques événements ont retenu mon attention (et celle de la créatrice) :

 

  • Conférence de Serena Québec : Une proposition de moyens contraceptifs naturels pour palier les difficultés vécues par un trop grand nombre de femmes en ce qui concerne les moyens de contraception. Basée sur des calculs de cycle et des prises de température quotidiennes, les femmes et leurs partenaires seraient capables de mesurer de manière exacte leur fertilité au cours du cycle menstruel.
  • La méditation orgasmique par Emmanuelle Duchesnne et Camille Bataille, qui abordera cette pratique comme une initiation au plaisir au travers du spectre d’une sexualité plus spirituelle, une forme de retour vers soi.
  • Mme L’Ovary nous parlera de menstruations positives (et je suis impatiente de l’écouter!).
  • Le regroupement de travailleuses du sexe Chez Stella sera là pour aborder les questions de légalisation, de discrimination et de non-reconnaissance de leur choix personnel et professionnel comme tel.
  • Catherine Gagné et Ariel Emilien Bherer aborderont la nécessaire question de la vulvodynie, trouble féminin provoquant des douleurs extrêmes chez certaines femmes lors des rapports sexuels. Rendant visible et sonore ce trouble trop méconnu, cette conférence représente un allié de choix pour la santé sexuelle des femmes en général.

 

Au-delà des conférences, les visiteurs du Festivulve seront amenés lors de ces deux journées à évoluer au milieu d’intervenants divers. Des performances artistiques (lecture des Monologues du vagin de Eve Ensler), en passant par des séances de tatouage d’inspiration vulvesque, au moulage et à la photographie de vulve (par des professionnels éthiquement vérifiés), jusqu’au dancefloor où des DJ motivés viendront nous faire danser pour célébrer les vulves et les femmes et la sexualité (Lady Mélodie, DJ Priss, OSKA, etc.), le festival saura satisfaire toutes sortes d’appétits.

 

Bref, il y autant de choses à faire au Festivulve qu’il y a de vulves différentes qui respirent tranquillement sous nos pantalons, nos jupes, nos shorts et nos culottes.

 

Pour vous procurer des billets, c’est ICI, et voici les liens pour suivre les actus du Vagin  Connaisseur et du Festivulve.

 

2 Comments

  • 1011
    30 janvier 2019

    Petit oubli sur le sujet…la vulve n’est pas que glamour. Contribution artistique à votre article : plasticienne engagée, j’ai réalisé des oeuvres sur le sujet des femmes et des violences. Notamment une série intitulée « Infibulation », que j’ai pu présenter à 400 lycéens français pour la Journée des Femmes 2018. Le dialogue fut incroyable avec des élèves qui découvraient cette pratique barbare.
    Quand l’art permet de parler directement des violences et d’ouvrir le débat.

    A découvrir : https://1011-art.blogspot.fr/p/blog-page.html

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