7 livres à offrir aux enfants pour déconstruire les stéréotypes de genre en 2019

Ayant passé quelques temps à L’Euguélionneà la veille de Noël, en quête de deux trésors ludiques et éducatifs pour mes cousines de 7 et 9 ans, je me retrouve aujourd’hui avec une sympathique petite liste de livres jeunesse affranchis des normes de genres. Je la publie en ce début d’année, en espérant donner un coup de pouce aux parent.e.s, cousin.e.s, froeurs, ami.e.s, bref, tou.te.s celleux qui ont dans leur entourage des enfants et qui veulent leur mettre des étoiles dans les yeux… Et un solide esprit critique dans la tête. Voici 7 livres qui parlent de genre, d’éducation différentielle, d’identité, d’expression, de famille, 7 livres qui parlent des enfants aux enfants.

 

Anatole qui ne séchait jamais

Stéphanie Boulay, Agathe Bray-Bourret

Tous âges

Coup de cœur des libraires en 2018, cet album aborde avec délicatesse la souffrance des enfants, les identités non-normatives, l’acceptation de soi et l’importance des allié.e.s.

Anatole pleure sans cesse. Quand on lui demande pourquoi, il répond toujours « Sais pas ». Tous les efforts de sa famille pour le faire sourire sont vains. Finalement, sa sœur Régine va choisir d’aller à la source du problème. Au lieu de chercher à effacer les larmes, elle va les étudier, pour comprendre la peine de son frère et mieux l’aider à s’en débarrasser.

Un album doux, touchant, drôle, qui ouvre la porte à de nombreuses discussions entre parents et enfants sur l’expression de genre, de soi, de sa peine.

 

 

 

Tu peux

Élise Gravel

Tous âges

Disponible sur le site Internet de l’auteure

Élise Gravel est un nom très connu de la littérature jeunesse, particulièrement lorsqu’il est question de déconstruire les stéréotypes de genre. Tu peux résume bien l’essence de son travail. De façon simple et ludique, elle s’adresse directement aux enfants pour leur affirmer la validité de leurs intérêts, leurs préférences, leurs sentiments. Une petite fille ne sera pas obligée de rester calme et distinguée, un petit garçon pourra faire du ballet plutôt que du hockey. Ces exemples qui peuvent apparaître simplistes sont toujours pertinents, car ils ne vont pas de soi pour les enfants, qui vivent, pratiquent ou sont témoins de l’intimidation liée à l’expression de genre. Leur dire qu’iels peuvent expérimenter à leur guise est important, pour créer des espaces sécuritaires et amorcer le combat contre l’intolérance systémique.

 

 

 

Les jolies filles

Stacy McAnulty, Joanne Lew-Vriethoff

3 ans et plus

Titre et couverture représentent bien cet album orbitant autour des critères de beauté imposés aux filles. La performance de genre exigée d’elles est abordée de façon amusante, à travers ces personnages aux expressions de soi non-normatives. On connaît et reconnaît ces enfants fascinées par les histoires de cape, d’épée, de pirates, par la nature, l’art, ou qui aiment simplement s’habiller d’une façon plutôt que d’une autre. Les auteures déconstruisent la définition rigide de la beauté infantile – tout en posant silencieusement la question : pourquoi poser un potentiel d’attraction sur une fille si jeune? Sans aller jusque-là, les parent.e.s pourront définitivement employer le livre comme outil pour parler avec leurs enfants, tous genres confondus.

 

 

 

 

Mes deux papas

Juliette Parachini-Deny, Marjorie Béal

À partir de 4 ans

Une histoire simple et douce qui parle d’homoparentalité en ses termes les plus essentiels. À l’école, la petite oisillonne Lilou se fait demander pourquoi elle a deux papas. Elle n’en sait rien, vraiment. Le « pourquoi » même devient l’élément étrange, un caillou dans l’eau calme d’une vie de famille pleine de tendresse. Ils s’aiment, ils l’aiment, elle les aime. Elle était un petit œuf abandonné et ils ont pris soin d’elle. Ils sont une famille. La question « pourquoi » n’a pas de raison d’être pour elle, alors qu’elle est la première concernée: pourquoi devrait-elle en avoir une pour les autres? Un excellent livre pour commencer à expliquer et déconstruire l’hétéronormativité.

 

 

 

Le crayon magique de Malala

Malala Yousafzai, Kerascoët

5 à 9 ans

Nous connaissons tou.te.s Malala. Porte-parole des droits des femmes dans son pays et à l’international, elle est l’une des figures les plus marquantes de notre temps. Faire découvrir son histoire et sa lutte aux plus petit.e.s devient dès lors un acte de transmission particulièrement important. Si son travail s’ancre dans une lutte pour les droits des filles, le rêve de son crayon magique, raconté en images enchanteresses, peut toucher tou.te.s les enfants. Nous ne sommes pas ici dans une démarche de déconstruction identitaire, mais plutôt dans la revendication d’une ouverture des possibilités d’actions pour les jeunes filles, une lutte qui peut inspirer les plus petites et sensibiliser leurs frères, cousins, amis, etc.

 

 

 

Le prince et la couturière

Jen Wang

À partir de 8 ans

Cet album destiné aux enfants plus âgé.e.s est impressionnant par son contenu très poussé aussi bien que par son esthétique. Au fil de près de 300 pages, le prince Sébastien poursuit une quête d’identité poignante et complexe, aidé par Francès, la couturière talentueuse qu’il a prise à son service. Alors que ses parents lui cherchent une épouse et le préparent à devenir roi, il arpente secrètement Paris dans les sublimes tenues de son alter-ego, Lady Cristallia, brisant tous les codes de son monde en y trouvant son bonheur. Ce mélange de lourdes responsabilités et de plaisirs esthétiques, qui n’est pas sans évoquer la plupart des « histoires de princes.ses » que nous connaissons, est ici prétexte à une réflexion fine sur l’identité, les rôles genrés, les rapports de pouvoir (même monétaires, puisque Francès dépend du salaire versé par Sébastien, au détriment de ses propres rêves) et les stéréotypes.

 

 

 

 

Le garçon sorcière

Molly Knox Ostertag

8-12 ans

Dans un monde enchanté où les filles sont élevées pour être sorcières pendant que les garçons sont appelés à devenir métamorphes, Aster ne rêve que d’apprendre des sorts et pratiquer des rituels. Il se sent mésadapté, confus et coupable. L’aide d’une grand-mère mystérieuse et d’une nouvelle amie lui sera précieuse dans son chemin de découverte de soi et de lutte contre le mal sous toutes ses formes.

Ce livre est très pertinent dans le portrait qu’il dresse de l’aspect arbitraire et oppressif des rôles genrés. La plume est efficace, facile à lire. Le dessin est aussi agréable à l’œil que judicieux et inclusif, en créant des personnages aux caractéristiques uniques. Aster brouille la binarité dans sa présentation, ce qui rappelle efficacement l’affranchissement des barrières de genre dont il rêve.

 

 

 

Images des couvertures de livres: Les libraires.ca

Image du haut de l’article: https://pxhere.com/

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